On the correct use of formal and informal communication in the analysis of informal economic activities

For their transactions, they favour voice and photos so as to identify parts or cars and to prove ownership.

Summary

The informal economy is predominant in the least developed countries, particularly in Africa. The study of the operative mechanisms in the informal sector and of the relationships between stakeholders makes it possible to evaluate the role that digital tools could play, either in the formalisation of these relationships or in the growth of the informal economy.

Orange and the University of Paris-Sud studied the question with the car spare parts sector in Ivory Coast. It turns out that many transactions within the sector are in actual fact formal: payment of municipal taxes, creation of receipts for part payment, for credit, for customs, etc. And not only with institutional players. In fact, garages turn to formal interactions with customers and sellers so as to facilitate and guarantee transactions. They regulate their activity themselves, which builds trust.

Their first working tool is the telephone. They are not keen on texting as they aren’t at ease with the written language. For their transactions, they favour voice and photo so as to identify parts or cars and to prove ownership. The use of mobile payment solutions could be developed.

The sector has a very pragmatic approach. Transactions are formalised when necessary; their repetition contributes to the establishment of trust. Thus, innovative solutions are of interest to stakeholders if they are simple, adaptable, and quick to set up.


Full Article

L’économie informelle est prépondérante dans les pays les moins développés, notamment en Afrique. L’étude des mécanismes en vigueur dans le secteur informel et des relations qu’entretiennent les acteurs permet d’évaluer le rôle que les outils numériques pourraient jouer, soit dans la formalisation de ces relations soit dans la croissance de l’économie informelle.

Orange et l’université Paris-Sud ont étudié la question avec la filière des pièces détachées automobiles en Côte d’Ivoire. Il s’avère que nombre d’échanges menés au sein de la filière sont tout à fait formels : paiement des taxes municipales, établissement de reçus pour les règlements partiels, les crédits ou les douanes… Et pas seulement avec les acteurs institutionnels. En fait, les garages recourent au formel dans leurs interactions avec les clients ou les vendeurs pour faciliter et garantir les échanges. Ils régulent eux-mêmes leur activité, ce qui permet de bâtir la confiance.

Leur premier outil de travail est le téléphone. Ils sont peu friands des SMS, car pas très à l’aise avec l’écrit. Pour leurs échanges, ils privilégient la voix et les photos afin d’identifier les pièces ou les voitures et d’en attester la propriété. L’usage des solutions de paiement mobile pourrait être développé.

La filière a une approche très pragmatique. Les échanges sont formalisés lorsque cela est nécessaire ; leur répétition contribue à établir la confiance. De fait, les solutions innovantes intéressent les acteurs si elles sont simples, adaptables et rapides à mettre en œuvre.


Article complet

Le secteur dit informel est prépondérant dans les économies des pays moins développés. Les pays africains n’y font pas exception, la Côte d’Ivoire encore moins avec les conséquences économiques des évènements politiques récents. Mais qu’est-ce que l’économie informelle ? Est-elle entièrement informelle ? Dans le cas contraire, comment s’articulent les aspects formels et informels des mécanismes de l’économie informelle ? Ces questions sont importantes pour traiter de l’usage des outils numériques dans les relations entre les acteurs de l’économie informelle. Vont-ils ou doivent-ils servir à formaliser les relations informelles dans la perspective d’une modernisation de l’économie ? Ou, au contraire, seront-ils les instruments d’une efficacité plus grande des interactions informelles et les vecteurs ainsi d’une croissance par l’économie informelle ?

(casse automobile d’Abobo-Anador)

Une étude qualitative : données d’observations

La filière choisie pour l’étude menée par Orange et l’Université Paris-Sud est celle de la vente des pièces détachées automobiles, qui représente une activité très dynamique de l’économie ivoirienne. Plus des 2/3 du parc automobile ivoirien est en effet constitué de véhicules d’occasion donnant lieu à des réparations fréquentes (CNMCI, 2013, UEMOA, 2003).

Les pièces vendues dans les casses sont neuves, d’occasion ou recyclées, avec une forte domination des pièces d’occasion, ce qui s’explique par leur prix plus abordable ; les pièces d’occasion les plus appréciées sont appelées “France au revoir”, en provenance d’Europe et majoritairement de France. Les magasins de pièces détachées automobiles à Abidjan se trouvent pour la plupart regroupés dans des “casses”. 6 garagistes ainsi que 42 vendeurs, installés dans les quatre casses les plus importantes de Côte d’Ivoire (Abobo-Anador, Abobo-N’dotré, Adjamé Mirador et Yopougon), ont été interrogés et observés.

Une formalisation pragmatique des échanges

On aurait pu s’attendre, de par la nature de la filière (pièces d’occasion) et du contexte (secteur informel), à ce que la problématique des échanges au sein de la filière soit de type informelle. Or on relève que nombre d’échanges ont un support formel : des taxes sont payées par les vendeurs des casses aux municipalités, des reçus sont utilisés dans les circuits de paiement (douane, paiement d’avance, règlement partiel, crédit privé ou bancaire). La formalisation de l’échange ne concerne pas que les relations avec les acteurs de l’économie formelle (institutions, importateurs, commerçants, banques) mais aussi les relations entre clients, garagistes, vendeurs des casses. La formalisation acceptée relève toujours d’une raison pratique : les acteurs acceptent d’autant plus la formalisation (trace écrite) qu’elle leur sert à faciliter ou garantir les échanges.

Une formalisation centrée sur les relations horizontales

Les acteurs déploient leurs activités dans un environnement où la confiance est loin de régner. Il leur est difficile en particulier de s’appuyer sur des normes juridiques au-dessus de tout soupçon (relations avec les administrations, règlements des litiges…).

C’est pourquoi une grande partie de la nécessaire régulation de l’activité de la filière est de provenance endogène : les acteurs génèrent leurs propres normes régulatrices. Restreintes à la communauté des acteurs de la filière, les normes auto-générées par la répétition des transactions créent la confiance nécessaire entre les acteurs. La confiance est ainsi générée non seulement par l’encastrement social (famille, ethnie..) mais aussi et surtout par l’établissement de règles communes déduites de la pragmatique des échanges.

(casse automobile d’Abobo-Anador)

Usages des technologies de communication

Les usages relevés ont comme caractéristiques d’être : (i) non systématiques, (ii) avec peu d’investissement préalable et (iii) substituables. Ils utilisent généralement (en les détournant parfois) les solutions techniques les plus simples, rapides à mettre en œuvre, et les moins chères.

Constatons d’abord que, comme le confirment avec force la plupart des personnes, le téléphone est l’outil de travail par excellence (“si tu n’as pas ton téléphone, rentre chez toi). Bon nombre de conversations vont s’effectuer entre personnes qui se connaissent, ce qui a amené la contractualisation de solutions flottes qui bénéficient d’une tarification adaptée.

Qu’avons-nous relevé comme autres usages du téléphone ? Les personnes interrogées avouent ne pas utiliser les modes textes (SMS, messageries…) soit parce qu’ils n’ont pas fait d’études, soit parce que c’est le cas de leurs correspondants, ce qui les amènent par contagion à privilégier les modes vocaux et visuels (photos).

En effet, la prise et l’échanges de photos est un usage fortement développé. Ces photos recouvrent en fait plusieurs fonctions : (i) identification des voitures et des pièces, (ii) preuve de la possession de celles-ci et enfin (iii) substituts aux messages écrits.

En dehors des téléphones mobiles, nous n’avons noté que très peu d’équipements connectés : Même si certains besoins applicatifs sont évoqués, comme la prise de commande, la facturation, ou la gestion de stock, l’ordinateur est singulièrement absent des terrains observés.

Qu’en est-il des réseaux sociaux numériques ? La présence d’une communauté de vendeurs est indéniable, mais sans apparaitre comme une structure supérieure qui encastrerait tout le reste (confiance, règles d’échanges, de financement…). Comme pour les autres points, on n’y fait référence que quand elle fait sens. Ceci semble exclure les réseaux sociaux numériques structurés (Facebook, LinkedIn…) qui nécessitent tous un investissement préalable, et un coût non négligeable de fonctionnement dû en particulier aux externalités sociales générées.

En ce qui concerne les solutions de paiement, la dématérialisation des échanges monétaires ne semble pas gêner les personnes interrogées qui en font souvent déjà une utilisation limitée, et au contraire pourrait répondre à plusieurs besoins : financements collaboratifs, crédits, paiements d’avance, séquestres (à la Paypal), paiements groupés…

(casse automobile d’Abobo-Anador)

Finalement, l’approche qualitative retenue pour cette étude, basée sur de l’observation et des entretiens semi structurés, a permis de constater que la distinction classique entre économie formelle ou informelle était peu adaptée à la compréhension du réseau d’échange de la filière des pièces détachées à Abidjan. Ce réseau fonctionne selon des principes pragmatiques et variés que seule une approche basée sur les usages permet de découvrir précisément. On peut citer par exemple le caractère endogène de la formalisation des échanges et l’établissement de rapports de confiance construits sur la répétition des ventes. Enfin, l’appétence constatée chez les acteurs de cette filière pour les nouvelles solutions, laisse supposer une rapide adoption des innovations, à la condition qu’elles répondent aux critères plusieurs fois soulignés : simplicité, adaptabilité et rapidité de mise en œuvre.

Bibliographie :

 

Benjamin, N. et A. A. Mbaye (2012), « Les entreprises informelles de l’Afrique de l’ouest francophone : taille, productivité et institutions », Banque mondiale, collection l’Afrique en développement, Pearson.

Berrou J.P., Combarnous F., Eekhout T., 2017, Les TIC : une réponse au défi du développement des micro et petites entreprises informelles, Blog recherche Orange, https://recherche.orange.com/wp-content/uploads/2017/02/2017_01_LAM_ORANGE_TICInformel_EtatDeLArt.pdf

Chambre Nationale des Métiers de Côte d’Ivoire (2013), Etude nationale : « la formation professionnelle et le secteur informel en Côte d’Ivoire ».

Lewis, W. A., 1954. “Economic Development with Unlimited Supplies of Labour,” Manchester School, 22, 39-191.

Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (2003), « Le secteur informel dans les principales agglomérations de sept Etats membres de l’UEMOA : Performances, insertion, perspectives ».

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