L’innovation au service d’une gestion intelligente des déchets

IoT, robotique, IA, blockchain : dans une optique d’économie circulaire, les nouvelles technologies permettent aux collectivités et entreprises du secteur d’optimiser le tri, la collecte et le traitement des déchets, et d’améliorer leur gestion des coûts.

“Ce type de solutions permet de réduire les coûts et les externalités de la collecte de déchets.”

Composante essentielle de la “smart city”, la gestion intelligente des déchets grâce aux innovations numériques et technologiques permet aux collectivités et aux entreprises spécialisées de trouver de nouvelles réponses aux enjeux de la transition écologique et de la compétitivité.

Optimiser la collecte des déchets grâce à l’IoT

S’appuyant sur le concept de “poubelle connectée” – des capteurs installés dans les bennes à ordures mesurent leur niveau de remplissage et/ou la composition des déchets –, plusieurs start-up ont développé des solutions pour aider les villes et les entreprises à optimiser la collecte de différents flux de matières.

Selon le cabinet d’études de marché spécialisé dans le machine to machine (M2M) et l’IoT Berg Insight, on dénombrerait 1,5 million de points de collecte connectés dans le monde en 2023.

La société française sigrenEa, rachetée par Suez en 2016, est devenue un des leaders dans ce secteur. Basée à Orléans, elle commercialise une solution clés en main de gestion intelligente de la collecte de déchets. Cette solution associe des capteurs à ultrasons, installés dans les conteneurs et recueillant des données de remplissage, avec un outil de visualisation et d’analyse de ces données.

Cela permet aux opérateurs chargés du ramassage des ordures, sur la base de données en temps réel et d’historiques, de mieux planifier les itinéraires.

Près de Lyon, Suez a inauguré un centre de pilotage visant à analyser et exploiter toutes les données générées par des capteurs connectés équipant ses installations, qu’il s’agisse de véhicules ou de conteneurs. Objectif : aider les entreprises des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur à améliorer la gestion et la valorisation de leurs déchets.

Ce type de solutions permet de réduire les coûts et les externalités de la collecte de déchets. La gestion intelligente des flottes de véhicules et des parcs de conteneurs entraîne en effet une diminution des trajets des camions et donc des coûts de maintenance, de la consommation de carburant et des émissions de CO2.

Des robots-trieurs chez Veolia

L’IoT n’est pas la seule technologie mobilisable pour améliorer la gestion des déchets. La combinaison de la robotique et de l’intelligence artificielle fait, elle, émerger des solutions inédites pour trier plus et mieux.

Dès 2018, Apple développait Daisy, son robot recycleur “capable de désassembler 15 modèles d’iPhone différents à la fréquence de 200 appareils par heure” afin de pouvoir récupérer les matériaux précieux en vue de leur réutilisation.

Dans la même veine, une équipe de chercheurs du MIT Computer Science and Artificial Intelligence Laboratory (CSAIL) a présenté un système robotique de tri capable de déterminer si un objet est en papier, en métal ou en plastique en associant vision par ordinateur et capteurs tactiles.

Ces innovations font naître une nouvelle génération de centres de tri. Depuis plusieurs années, Veolia, société de gestion et de valorisation des déchets, cherche ainsi à accroître les performances du tri avec le tri automatique des emballages en fonction de leur matière et de leur couleur (basé sur un algorithme et des séparateurs optiques), et le tri téléopéré (affinage du tri à l’aide d’écrans tactiles).

Pour compléter ces solutions, l’entreprise teste depuis 2018 un robot-trieur intelligent conçu par des ingénieurs américains. D’après la société, “Max-AI est l’association d’un ‘œil’, une simple caméra optique, et d’un ‘bras’, robot articulé, pilotée par un ‘cerveau’, réseau neuronal implanté dans un ordinateur”. Ce robot est opérationnel à Amiens, une première en France et en Europe.

Donner de la valeur aux déchets plastiques grâce à la blockchain

Si le principe de rémunération du ramassage des déchets n’est pas nouveau (consigne, récupération informelle), une poignée de start-up s’appuient sur la blockchain pour faire de cette activité une source de revenus plus importante et viable.

Dans les pays en développement, ces jeunes pousses espèrent à la fois endiguer la pollution et lutter contre la pauvreté, tout en contribuant à intégrer les récupérateurs de rue aux systèmes formels de gestion des déchets.

Dans les pays développés, elles cherchent à encourager l’effort collectif en matière de réduction des déchets (plusieurs initiatives reposant sur les nouvelles technologies, comme Cliiink, récompensent déjà les gestes de tri). L’idée ? Monétiser les déchets, le plus souvent plastiques, en distribuant des “tokens” (jetons numériques), les échanges s’effectuant de façon sécurisée et sans intermédiaire grâce à la blockchain.

C’est le cas de la start-up Empower qui, s’inspirant du système de consigne des bouteilles en plastique norvégien, “tokénise les déchets plastiques”. Elle a créé un fonds, alimenté par des sponsors (entreprises et particuliers) désireux de financer des opérations de nettoyage et utilisé pour rémunérer ceux qui y participent. Cette rémunération prend la forme de tokens, appelés Empower Coins, émis par l’entreprise et versés pour chaque lot de déchets déposé à un point de collecte.

Présente dans plus de quinze pays, Empower a organisé des dizaines d’opérations de nettoyage à travers le monde en coopération avec des ONG et les autorités locales qui récupèrent les déchets collectés et s’assurent qu’ils sont dûment recyclés.

Même principe chez Plastic Bank. Implantée en Haïti, en Indonésie et aux Philippines, cette entreprise rémunère des milliers de récupérateurs. Ces derniers apportent leur butin dans des centres de recyclage, véritables petits magasins communautaires, où les déchets plastiques peuvent être échangés contre des tokens, des biens ou des services. La matière collectée est ensuite recyclée, grâce à des partenariats noués avec de grandes entreprises, pour fabriquer de nouveaux produits comme des flacons de shampooing.

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