Des interfaces pleines de sens

Des interfaces pleines de sens

« À la simplicité d’usage s’ajoute un plaisir d’interagir. On invite l’usager à percevoir l’interaction avec l’interface comme une interaction entre partenaires. » Nicole Pignier, auteur de Le design et le vivant

À quoi ressembleront les interfaces du futur ? Une question à laquelle répond déjà le quotidien et où les usagers doivent faire appel à leurs sens. Une chose est sûre : elles ne ressembleront pas (ou plus) à une télécommande ni à une manette.

Il y a un tout petit plus d’un an, la société new-yorkaise Ray sortait sa Super Remote. Télévision, Xbox, lecteur DVD ou encore décodeur : tout se contrôlait depuis l’écran tactile de cette télécommande aux faux airs de smartphone. Seul hic : l’espérance de vie de la Ray Super Remote était déjà faible au moment de sa sortie. La faute à de nouvelles interfaces beaucoup plus efficaces. Oui, mais lesquelles ?

Œil, main, corps, doigt : anatomie de l’interface du futur

Certains considèrent le smartphone comme « la télécommande de nos vies », justifiant l’usage permanent du téléphone par la capacité qu’il nous offre de gérer une infinie possibilité de tâches. « Plutôt un point de passage afin de communiquer, travailler, chercher des informations », rectifie Nicole Pignier, professeur des universités, sémioticienne spécialiste du design, codirectrice de la revue Interfaces Numériques, et auteure de l’ouvrage Le design et le vivant à paraître aux éditions Connaissances et Savoirs. Un smartphone qui demeure donc avant tout une interface matérielle. Or, les innovations en la matière semblent s’éloigner du concret, du physique. C’est notamment le cas de la technologie eyeSight, qui propose des solutions sensorielles afin de contrôler ses appareils électroménagers, ses multiples objets connectés et même sa voiture d’un simple mouvement du doigt ou de l’œil.

Des innovations qui font d’ores et déjà partie du quotidien, sous différentes formes : contrôle par le mouvement des bras ou de la tête dans les jeux vidéo ; reconnaissance biométrique des données confidentielles, que ce soit par empreinte digitale pour activer son téléphone ou par identification de l’iris comme sur certains passeports, voire paiement sans contact avec sa carte de crédit.
« Quand on regarde l’historique du design, les évolutions des interfaces, on se rend compte de cette tendance croissante à faire appel à nos différents registres sensoriels, tant sur le plan ergonomique que synesthésique. Le design a sollicité une diversité de plus en plus importante de modalités gestuelles. On le voit aujourd’hui avec les interfaces tactiles, notamment, développe Nicole Pignier. Les futures interfaces sembleront plus naturelles, plus simples à gérer, on n’aura plus besoin de chercher sa télécommande, il y a un véritable aspect pratique potentiel. À la simplicité d’usage s’ajoutera un plaisir d’interagir. On invitera l’usager à percevoir l’interaction avec l’interface comme une interaction entre partenaires. »

Le cerveau connecté, une vraie question éthique

À tel point que certains scientifiques – voire certaines sociétés – parlent de l’apparition du « cerveau connecté » d’ici 2030, capable de fusionner l’usager à ses usages. De fabriquer l’homme augmenté, en quelque sorte. Au détail près que cette possibilité technologique pose « une vraie question éthique » selon Nicole Pignier. « La disparition des interfaces, au moins visuellement, amène à agir avec elles sans s’en rendre compte, à ne plus agir en connaissance de cause, à ne plus être conscient de ses actes et de leurs effets. » Cette dernière poursuit : « Penser que les interrelations en société doivent s’appuyer essentiellement sur des capacités de stockage, d’archivage, de réactivité, c’est réduire, voire nier, la complexité créative de la mémoire, de la conscience ainsi que le lien existentiel que chaque être humain entretient avec son milieu, avec autrui. Si on pense que les sociétés humaines se sont construites sur cette conscience d’exister, d’êtres vivants parmi les autres vivants, les cerveaux connectés sont hors-jeu. ».

Pour l’auteure de Le design et le vivant, un secteur en particulier pourrait cependant amplement bénéficier de l’apport d’une telle technologie : la santé. Une question évoquée par le CES (Consumer Electronics Show) de 2016, où l’on a pu voir des sociétés comme BrainCo ou OpenBCI présenter des serre-têtes connectés transformant les ondes cérébrales en signaux électriques afin de détecter des pathologies potentielles ou d’aider les personnes souffrant de la maladie de Charcot. Mais attention toutefois à respecter les limites. De nouvelles interfaces sensorielles, d’accord, mais, conclut Nicole Pignier, « celles qui vont laisser à l’usager la conscience de ce qu’il est en train de faire s’il doit activer une machine, une interface. Ce seuil-là est très important, car il garantit à l’usager la maîtrise de ses actes et décisions. ».

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