Cinq métiers augmentés par l’innovation

Chirurgien, enseignant, architecte, logisticien, chargé de relation client… Dans ces cinq professions comme dans d’autres, les mutations technologiques bousculent les organisations et peuvent susciter de l’inquiétude. Mais elles n’abolissent pas l’humain. Et elles améliorent les conditions de travail, ouvrent des opportunités en termes d’emplois et augmentent la qualité du service.

L’innovation technologique ouvre des opportunités en termes d’emplois où la créativité et l’intervention humaine restent déterminantes.

Selon une récente étude du MIT et de la Boston University, l’introduction d’un robot pour 1 000 salariés détruit 5 à 6 emplois aux États-Unis. De quoi à nouveau alimenter l’idée que le progrès détruit les emplois. Une crainte aussi vieille que le progrès lui-même. Au même moment en France, le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) concluait dans un rapport que seuls 10 % des postes en France sont menacés par l’automatisation. Les chiffres se suivent et ne se ressemblent guère… Mais dans les faits, qu’en est-il ? Les mutations technologiques (robotisation, intelligence artificielle, automatisation) bousculent les habitudes et les organisations bien installées. Mais elles améliorent aussi considérablement les conditions de travail en réduisant, par exemple, les erreurs humaines et les tâches répétitives ou à risque. Elles ouvrent aussi de nouvelles opportunités en termes d’emplois où la créativité et l’intervention humaine notamment restent déterminantes. Et si elles peuvent parfois changer en profondeur une profession, c’est aussi souvent pour une meilleure qualité du service. La preuve en cinq métiers « augmentés » par l’innovation.

La main du chirurgien guidée par la réalité augmentée

Le 21 novembre 2017, l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis) réalisera la première intervention chirurgicale (la pose d’une prothèse d’épaule) avec les casques de réalité augmentée HoloLens de Microsoft. Les chirurgiens auront sous les yeux les nombreux écrans sur lesquels sont habituellement affichées radiographies, coupes de scanner et autres informations. Un procédé qui permet aussi de voir des détails invisibles à l’œil nu et d’éviter de sectionner, par exemple, un vaisseau important. Déjà depuis 2013, le service de chirurgie hépato-bilio-pancréatique du CHU de Strasbourg utilise la technique de la réalité augmentée qui, via des logiciels informatiques de reconstruction en 3D, permet de superposer des images scanner ou IRM du patient à des vidéos chirurgicales réelles. Avec une plus grande précision du geste chirurgical et donc une réduction de l’erreur humaine. Idem à l’hôpital européen Georges-Pompidou de Paris pour lequel Thales a développé un système de réalité augmentée permettant aux chirurgiens orthopédiques de voir le squelette à travers la peau en temps réel. Désormais, l’œil n’est plus seul à guider la main.

L’enseignant en immersion avec l’élève

Réalité virtuelle et réalité augmentée sont deux pistes d’avenir pour l’enseignement. La première a l’avantage d’être ludique et immersive. Les étudiants d’arts plastiques, d’architecture ou d’ingénierie peuvent ainsi visualiser leurs projets, tout comme les étudiants en histoire peuvent se plonger dans la Mythologie Egyptienne ou les guerres napoléoniennes. Avantage également non négligeable, la réalité virtuelle fixe l’attention et évite les distractions. La réalité augmentée, elle, apporte un complément à l’apprentissage et peut ainsi l’optimiser. En offrant des informations et des indications supplémentaires, elle guide l’élève ou l’étudiant dans ses gestes pour des formations manuelles ou techniques, par exemple. Une manière de le rendre acteur de son expérience de l’apprentissage. Plus qu’une simple transmission digitale, l’enseignement « augmenté » est un complément à la relation professeur-étudiant.

L’architecte en 3D

Bien loin du crayon mécanique à la main, des plans et des tables à dessin, les dernières évolutions technologiques ont sensiblement modifié le travail de l’architecte. Les logiciels AutoCAD, SketchUp et autres BIM (Building Information Modeling : maquette numérique tridimensionnelle) permettent de préparer des plans et devis, des images 3D et de rapides croquis afin de tester des idées en présence des clients. Entre autres innovations parties à l’assaut des cabinets d’architectes : l’application InViz de la société Miralupa, qui offre la possibilité de voir en 3D un plan en le balayant avec son smartphone. De nouveaux métiers devraient par ailleurs apparaître comme celui de designer d’habitats virtuels. Avec le développement de la réalité virtuelle, la demande d’une expertise associant les capacités de narration d’un designer de jeux vidéo et la maîtrise de l’espace d’un architecte devrait croître ces prochaines années. Toutes ces technologies, pour la plupart d’entre elles déjà présentes dans le quotidien des architectes, offrent enfin un gain de temps précieux, notamment pour la réflexion et la créativité.

Le logisticien à l’heure du big data

Dans la longue chaîne de l’e-commerce, qui va du fabricant au client en passant par la place de marché, le distributeur et le transporteur, l’information relative à une commande est généralement détenue par un seul acteur, souvent le distributeur. Au moindre incident de livraison, le client peut se trouver confronté à une quête kafkaïenne. De fait, l’optimisation de la « supply chain » reste encore un vœu pieux. Et pourtant, le big data ouvre la voie à de nouvelles interactions homme-machine : anticipation de la demande des clients, suivi des stocks en temps réel, analyse de la satisfaction client, réduction des coûts grâce à une démarche prédictive… Cette révolution digitale, dans laquelle l’Internet des Objets (IoT) occupe une place centrale, fait émerger de nouveaux métiers comme le responsable Sales & Operations Planning et de nouvelles pratiques, par exemple des préparateurs de commandes équipés de lunettes connectées les guidant dans les entrepôts, des assistants de drones d’intérieur utilisés pour optimiser les inventaires…

Le conseiller clientèle ubiquitaire

« On peut apprendre à un ordinateur à dire « Je t’aime », mais on ne peut pas lui apprendre à aimer », selon le généticien Albert Jacquard. Du moins, pas de sitôt ! Et ce n’estl d’ailleurs pas ce que l’on attend d’un chatbot, ces robots conversationnels dotés d’une intelligence artificielle, utilisés dans le domaine de la relation client. L’objectif, bien plus modeste, mais fort utile à l’heure d’Internet où les marques cherchent à être disponibles partout et à tout moment, est d’assurer ce don d’ubiquité, de canaliser le flux de messages et d’apporter un soutien aux équipes du service client. En « écoutant » une conversation avec un client, les chatbots peuvent par exemple fournir des éléments d’information supplémentaires et pertinents au conseiller. Ils peuvent également regrouper les clients en « clusters » thématiques, lui permettant d’apporter des réponses adaptées à plusieurs personnes en même temps. Au-delà des chatbots, la multitude de données récoltées via l’IoT permet au conseiller d’être plus autonome et d’apporter des solutions plus pertinentes au client. Servicielles, expérientielles, commerciales ou ludiques, les applications de l’IoT n’en sont qu’à leurs balbutiements.

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