Au cœur du CES 2020

Quoi de neuf au Consumer Electronic Show qui se tenait à Las Vegas du 6 au 9 janvier ? 5G, IA, objets connectés, résilience, transports… Tour d’horizon en cinq mots-clés, avec le concours d’Olivier Ezratty, consultant et auteur, qui publie chaque année un rapport sur le CES.

On sent le besoin de créer une offre numérique plus responsable et même de gérer une forme de trop-plein de numérique.

5G

Ce n’est pas au CES de Las Vegas que les innovations dans le domaine des smartphones sont les plus importantes. Les constructeurs et les opérateurs les réservent pour le MWC de Barcelone, qui aura lieu fin février. Mais quelques nouveautés sont à signaler tout de même dans le sillage de la 5G dont les premiers cas d’applications ont été présentés, “notamment pour la diffusion de vidéo 8K, à l’instar de l’expérimentation de France Télévisions à Roland-Garros en mai 2019”, note Olivier Ezratty.

Les applications ne seront-elles pas “d’abord b2b”, selon l’avis général ? “C’est possible, répond-il, mais il ne faut pas sous-estimer la créativité humaine qui est capable de tirer rapidement parti de toute nouvelle capacité technologique. Les applications à base de réalité virtuelle et augmentée pourraient jouer ce rôle.”

Intelligence Artificielle

Encore plus que l’an dernier, l’IA a tenu le haut du pavé cette année au CES. Tous les grands exposants ont fait des démonstrations et délivré leurs messages clés dans ce domaine, à commencer par Google et Apple, dont la bataille commerciale dans la commande vocale ne cesse pas, bien au contraire, dans les allées du salon.

Autre bataille qui fait rage, celle des composants de l’IA, observe Olivier Ezratty, “aussi bien pour équiper les data centers que pour l’edge computing et les objets connectés”. Parmi les exposants de ce domaine repérés par le consultant : Nvidia, Intel, Horizon Robotics, et chez les Français, STMicroelectronics, Cartesiam (hébergé chez ce dernier), Kalray (hébergé chez NXP) et GrAI Matter Labs. Et puis bien évidemment, les Qualcomm, HiSilicon et autres MediaTek qui équipent les smartphones et “set-top boxes”.

Qui dit IA dit vie privée, ou plutôt respect de la vie privée, et ce thème n’était pas absent du CES cette année. “L’IA intégrée dans les objets connectés permet aussi de mieux préserver la vie privée, écrit Olivier Ezratty. Après les Snips et Linagora (présent sur le stand de Business France d’Eureka Park), d’autres proposent des moyens de gérer en local la commande vocale.”

L’IA se développe aussi dans le domaine de la santé et Olivier Ezratty souligne la grande variété des outils de diagnostics, “certains se proposant de faire un bilan de santé juste en examinant notre visage avec une webcam”.

Objets connectés

Comme chaque année à Las Vegas, le CES, c’est un peu le salon des objets connectés. Maison, famille, santé, sport… sont des domaines d’application habituels, mais on peut y ajouter désormais le sommeil où, note Olivier Ezratty, “la créativité des start-up est assez développée”, ainsi que “tout ce qui permet de surveiller ses bébés ou animaux domestiques”.

Qu’il s’agisse de mieux dormir, de faire de la méditation ou encore de capter nos émotions, les solutions reposent pour une large part sur des casques de captation d’ondes cérébrales (EEG). Pour Olivier Ezratty, “le plus étonnant est celui du Français NextMind qui analyse les ondes cérébrales du cortex visuel récupérées avec neuf capteurs EEG, et en déduit ce que l’on regarde grâce à un peu d’IA. C’est utilisable notamment pour des jeux vidéo.”

Le consultant s’étonne du manque d’innovation dans le secteur de la robotique, un secteur qui, déplore-t-il, “avance toujours à la vitesse de l’escargot ralenti par la tortue”.

“On voit toujours les mêmes robots de téléprésence, les robots de service, c’est-à-dire des tablettes roulantes qui n’entendent pas ce que l’on dit dans le bruit, et des petits robots programmables à vocation pédagogique. Certes, certains robots essayent de capter les émotions humaines et de s’y adapter, mais c’est, fort heureusement, très rudimentaire.”

Résilience

Mise en exergue lors de l’édition 2019, la notion de résilience n’a pas disparu cette année. Au-delà des questions environnementales, “on sent le besoin de créer une offre numérique plus responsable et même de gérer une forme de trop-plein de numérique”, observe Olivier Ezratty. Le respect de la vie privée a ainsi fait l’objet d’un débat faisant intervenir une représentante d’Apple. Une première au CES et même “probablement dans un grand salon dans le monde”.

La résilience sous l’angle environnemental a été au cœur du palmarès CES Eureka Park Climate Change Innovators.

Olivier Ezratty en retient un système de climatisation faisant évaporer de l’eau (ST Engineering Innosparks Airbitat Compact Cooler), un système de partage d’énergie solaire français (Sunleavs), des panneaux solaires photovoltaïques dotés d’un verre ultratransmissif améliorant de 15 % le rendement (Edgehog), une application de carpooling (RideSVP – The green carpool network), une technologie de fabrication de circuits électroniques souples (Mekal d’Omniply Technologies), et une solution de réduction de la consommation d’énergie fossile en utilisant du carburant à base d’éthanol dans les deux-roues classiques (Green Systems Automotives).

Il cite aussi Odd.Bot (Pays-Bas) et son Project.BB, un petit robot à quatre roues censé parcourir les plages et les débarrasser des saletés, notamment en plastique, ainsi que Zero Mass Water (États-Unis) et Watergen (Israël), deux sociétés qui proposent une solution permettant de récupérer de l’eau dans l’air, pour peu qu’une source d’énergie soit disponible, solaire ou autre.

Transports

Depuis quelques années, le CES occupe une place de tout premier rang dans le secteur des technologies de transports. “La propulsion électrique et l’autonomie sont toujours au programme, […] (mais) c’est du côté technologique des véhicules à conduite assistée ou autonome que l’innovation est la plus visible” cette année.

Qui dit véhicules autonomes dit LiDAR, et on a pu observer dans les allées du CES la concurrence “entre les versions traditionnelles sauce Velodyne avec leur laser tournant coûtant cher et les nouvelles versions dites ʻsolid-stateʼ sans pièces mobiles comme chez Innoviz, LeddarTech ou Quanergy, sans compter les radars haute résolution qui commencent à concurrencer les LiDAR comme chez Vayyar”.

En matière de LiDAR, et plus généralement de véhicules autonomes, l’IA n’est jamais loin, bien entendu, car il s’agit de collecter et d’interpréter en temps réel des volumes considérables de données. Olivier Ezratty signale la société française Outsight, “qui est un ʻbest-in-classʼ dans ce domaine avec un LiDAR multifréquence et une IA d’interprétation de haut vol”. Outsight a gagné un CES Innovation Award et a annoncé des partenariats avec Faurecia, Safran et ADP.

Les drones ont été mis en vedette cette année au CES, qui “consacre leurs usages professionnels et les solutions logicielles qui les accompagnent, notamment pour le guidage automatique”, souligne le consultant, ajoutant : “à noter un grand sujet d’intérêt croisant les drones, l’imagerie aérienne et l’agriculture : l’imagerie hyperspectrale qui permet d’analyser avec une grande finesse la composition des sols et récoltes”.

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