● Si l’on connaît déjà les applications pour récupérer les invendus dans la distribution et la restauration, des start-up s’attaquent au problème en amont de la chaîne.
● L’IA permet aux industriels de prendre des décisions plus avisées ou aux restaurateurs d’analyser leurs déchets pour optimiser leurs achats.
Récupérer toutes les informations possibles et imaginables sur la consommation alimentaire et la production agricole : c’est la mission folle de la start-up indienne Spoonshot. Réseaux sociaux, articles de recherche, avis de consommateurs, articles de presse, dépôts de brevet, données de distributeurs, etc., tout y passe ! Grâce à l’analyse de 28.000 sources et à son intelligence artificielle, la société espère fournir les données les plus précises possibles sur la manière dont les individus s’alimentent pour aider les grands groupes à réduire le gaspillage alimentaire. Dans un entretien à Food Business News, le cofondateur de cette start-up estimait que seuls 5% des lancements de produits alimentaires ou de boissons utilisaient l’IA dans leurs processus de décision. Et que si 20.000 produits sont lancés chaque année aux Etats-Unis, leur taux d’échec se situerait entre 50% et 85% dans les six premiers mois.
Baptisée Foodbrain, l’IA de Spoonshot doit permettre aux industriels de faire des choix plus avisés en matière d’achats de matières premières. C’est évidemment aussi un moyen de réduire leurs coûts et leur empreinte carbone. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 17% de la production agroalimentaire sur Terre est gaspillée selon l’ONU. Et selon WWF, 10% des émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine sont liées au gaspillage alimentaire.
Analyser les données des produits
C’est en éradiquant le gaspillage au plus haut dans la chaîne de production que son impact sera réduit. « Des sociétés comme Yoran Imaging spécialisées dans l’intelligence artificielle proposent désormais aux industriels des technologies qui permettent d’analyser les défauts des emballages sur la chaîne de production grâce à des caméras thermiques », note Matthieu Vincent, fondateur du DigitalFoodlLab, un cabinet qui accompagne les entreprises à appréhender les innovations du secteur. « On connaît déjà des applications comme Too Good To Go ou Phénix du côté des consommateurs, qui permettent de limiter les invendus. Il existe aussi en amont des innovations de produits pour améliorer l’exploitation de certains déchets, par exemple l’okara [la pulpe de soja] est jeté dans la production de soja et des sociétés cherchent aujourd’hui à l’exploiter pour produire de nouveaux aliments. »
En France, la référence pour les distributeurs reste SmartWay, une start-up qui revendique avoir mis au point le premier Food Waste Management System (FWMS) pour la distribution. Cette solution permet aux distributeurs de repérer les produits dont la date d’expiration est proche et de prendre certaines décisions les concernant. Cela va de l’application de réductions aux dons aux associations. « C’est une forme de appliqué à la distribution », précise Matthieu Vincent.
Le traitement des données issues de la poubelle intelligente permet au dispositif de conseiller une quantité précise de pommes de terre à acheter.
Dans la restauration, place aux poubelles intelligentes
Aux Pays-Bas, Orbisk cible tout type de restaurateur en leur proposant une poubelle intelligente qui analyse les déchets alimentaires pour aider les chefs à les réduire. Un dispositif qui, équipé d’une caméra et d’une balance, « s’intègre presque de manière transparente dans la cuisine », explique Johanna Schacht, data scientist et responsable de l’IA chez Orbisk. Ce système a pour but d’aider les restaurateurs à prendre des décisions d’achat plus avisées. Ainsi, le traitement des données issues de la poubelle intelligente permet au dispositif de conseiller une quantité précise de pommes de terre à acheter. Pour la start-up, le plus difficile est de faire entrer de nouvelles habitudes dans les cuisines, où tout va très vite. « La seule tâche supplémentaire qui incombe aux utilisateurs est de faire une pause d’une demi-seconde avant de jeter des aliments à la poubelle pour que la caméra puisse voir ce qui se trouve dans le contenant. » L’appareil prend alors une photo automatiquement grâce à des capteurs de profondeur et de mouvement et mesure la quantité de déchets jetés grâce à la balance.
Ces données sont envoyées dans le cloud, puis l’image est traitée par un système d’intelligence artificielle qui indique quel aliment se trouve sur l’image, dans quel récipient et, également, l’état de cet aliment. « Nous essayons d’améliorer l’expérience utilisateur, par exemple certains ont du mal à s’arrêter pour que la photo soit prise alors nous réfléchissons à un système vidéo », ajoute-t-elle. Orbisk travaille également sur un outil de prédiction des ventes en fonction des déchets analysés dans les poubelles. Un marché qui devient de plus en plus compétitif, puisque d’autres start-up comme Kitro et Winnow proposent des solutions similaires. Une bonne nouvelle pour le portefeuille des restaurateurs, et pour la planète.
Cette méthode consiste à faire varier les prix de certains produits ou services, comme les billets d’avion ou les réservations d’hôtels, en fonction des disponibilités de ces services et produits et du comportement des consommateurs.