La blockchain améliore la traçabilité alimentaire, de la fourche à la fourchette

Au-delà du bitcoin, la blockchain offre de nombreuses opportunités. Sécurisée, transparente et immuable, elle apparaît comme un outil prometteur de modernisation des chaînes d’approvisionnement agroalimentaires.

Basée sur des indices météorologiques, l’assurance indicielle est un cas d’usage intéressant.

De plus en plus de biens de consommation alimentaire sont produits, transformés et distribués par un nombre de plus en plus important d’acteurs, répartis aux quatre coins de la planète. Cette complexité du système alimentaire mondial opacifie et fragilise les chaînes d’approvisionnement.

Dans ce contexte, les acteurs du secteur agroalimentaire et de la grande distribution partagent la nécessité de moderniser leur chaîne logistique (supply chain). Justement, “la blockchain peut constituer, demain, l’infrastructure dominante des chaînes logistiques numériques”, affirment les auteurs de l’étude “Supply chain, Traçabilité & Blockchain”, réalisée par Blockchain Partner.

Pour Frank Yiannas, vice-président de la sécurité alimentaire chez Walmart, géant américain de la grande distribution, elle pourrait même représenter “le Graal” de la supply chain. De fait, des projets de blockchains alimentaires se développent partout dans le monde. Partout, le bénéfice visé est le même : la blockchain permet de stocker les informations relatives aux aliments tout au long de leur production, transformation et distribution – de la fourche à la fourchette.

Concrètement, il s’agit pour les différentes parties prenantes de la chaîne d’approvisionnement d’inscrire sur la blockchain (manuellement ou automatiquement, à l’aide de capteurs connectés) des informations relatives à un produit alimentaire à chaque étape de sa fabrication. Toute la chaîne de valeur est concernée : le cultivateur ou l’éleveur, le vétérinaire le cas échéant, le grossiste, le transporteur, le distributeur.

Chaque inscription génère un nouveau bloc qui, une fois validé, est horodaté et ajouté à la chaîne de blocs. Dès lors, il ne peut plus être modifié ou supprimé, et les transactions qu’il contient sont visibles par tous les utilisateurs ayant reçu l’autorisation d’accéder à la blockchain.

Robustesse de la supply chain

La promesse de la blockchain alimentaire est de rendre les chaînes d’approvisionnement plus sûres, transparentes et efficientes pour améliorer la traçabilité des produits. Pour l’industrie agroalimentaire, l’enjeu est important.

Il s’agit d’une part de lutter contre la fraude, et d’autre part d’accroître la sécurité alimentaire (identification plus rapide de la source d’éventuelles contaminations) et restaurer la confiance des consommateurs, ébranlée par les scandales alimentaires. Comme en témoigne le succès d’applications comme Yuka, le consommateur désire plus de visibilité sur l’origine, le parcours et la composition des aliments qui se retrouvent dans son assiette.

Un autre enjeu est celui de la digitalisation de la supply chain agroalimentaire. Avec la blockchain, on passe des documents papier et des fichiers Excel à des systèmes ERP (Enterprise Resource Planning) sophistiqués et cohérents.

Suivi en quasi-temps réel avec la possibilité de remonter facilement à l’origine des produits, meilleure gestion des données, plus grande efficacité de la chaîne d’approvisionnement, renforcement de la confiance, etc. L’utilisation de la technologie blockchain dans le cadre de la modernisation de la supply chain offre de nombreux bénéfices.

Et ce n’est qu’un début ! La blockchain permet de mettre en œuvre des contrats intelligents (“smart contracts”), des programmes qui s’exécutent automatiquement une fois les conditions préalablement définies remplies. Grâce à eux, les fournisseurs pourraient bénéficier d’un paiement instantané à la livraison, ce qui réduirait les problèmes de flux de trésorerie.

Smart farm

Associés à l’Internet des objets, la blockchain et les smart contracts entraînent une petite révolution dans l’industrie agroalimentaire et le secteur agricole. Basée sur des indices météorologiques, l’assurance indicielle est un cas d’usage intéressant.

Ainsi, un smart contract conclu dans une blockchain entre un agriculteur et un assureur stipulant qu’une indemnisation aura lieu en fonction de tel ou tel événement météorologique sur la base de données fournies par des capteurs permet un paiement immédiat, sans l’intervention d’un expert, dans le cas d’une sécheresse ou d’une inondation par exemple.

Se dessine ici un écosystème cohérent, au service de la chaîne d’approvisionnement connectée et de la “smart farm” de demain.

Vers un standard mondial ?

Conscients du potentiel de cette technologie, plusieurs grands groupes ont décidé de contribuer à l’initiative IBM Food Trust. Créé en 2016, IBM Food Trust est une plateforme collaborative de traçabilité alimentaire basée sur la blockchain reposant sur le protocole Hyperledger, un framework open source de développement de blockchains initié par la Fondation Linux.

Elle permet aux différents participants – agriculteurs et éleveurs, fabricants, distributeurs, etc. – de partager des détails sur un produit dans le cadre d’un type de blockchain “permissioned”, c’est-à-dire où l’accès et l’échange d’informations nécessitent une autorisation préalable.

Coconstruite avec les acteurs de l’industrie agroalimentaire parmi lesquels Walmart, Carrefour et Nestlé, la plateforme IBM Food Trust repose sur la définition commune des règles de gouvernance. L’enjeu de cette alliance est de mutualiser les outils de traçabilité alimentaire sur la blockchain et de mettre en place un standard mondial.

Le projet bénéficie en outre du réseau de partenaires d’IBM, qui collabore avec de nombreux fournisseurs de services et de technologies susceptibles de développer des outils – logiciels et matériels – pouvant être ajoutés à l’écosystème pour faciliter et améliorer la collecte, l’inscription et l’analyse des données.

IBM n’est pas le seul à imaginer le futur de la blockchain alimentaire. De nombreuses start-up spécialisées se sont lancées. Citons la plateforme Provenance, qui propose aux entreprises de construire des blockchains alimentaires permettant à leurs clients finaux de retracer l’historique d’un produit et de vérifier qu’il répond à certaines exigences comme le bien-être animal.

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