RGPD : derrière la réglementation, une opportunité pour les entreprises

Le règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD, ou GDPR en anglais) entre en application en mai 2018. Ce texte permet aux individus de reprendre le contrôle sur leurs données personnelles. Pour les entreprises, il nécessite un effort de mise en conformité. Certains le considèrent donc avant tout comme une contrainte. Et si ces nouvelles obligations étaient plutôt une chance ?

Ce nouveau texte constituera un véritable socle de confiance.

Pour les citoyens, l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) est synonyme de nouveaux droits. Il renforce le contrôle que chacun exerce sur les données qu’il partage avec les entreprises. Pour ces dernières, ce règlement impose une mise en conformité. « C’est une réalité : le RGPD nécessitera des investissements importants. Il est non seulement nécessaire d’opérer des transformations sur le plan des processus et de l’IT, mais un effort d’acculturation de tous nos collaborateurs est aussi indispensable », analyse Ludovic Lévy, Directeur de la Stratégie et de la Gouvernance des données chez Orange. Pour certains groupes, comme Orange, ces opérations se chiffrent en dizaines de millions d’euros. Mais pour Ludovic Lévy, qui voit dans le RGPD une réforme « non seulement utile, mais surtout indispensable », ces investissements représentent avant tout une opportunité qui sera source de valeur. Il voit quatre raisons pour lesquelles ce texte peut se révéler bénéfique pour les entreprises.

Restaurer la confiance

Selon la 18e édition du baromètre annuel publié par Edelman, seuls 43 % des Français accordent leur confiance aux entreprises en 2018, contre 50 % l’année précédente. « Cette étude n’est pas la seule à indiquer une crise de défiance généralisée, notamment sur la question de la capacité des entreprises à faire un usage responsable des données personnelles de leurs clients », souligne Ludovic Lévy. Selon lui, en redonnant aux citoyens de nouveaux droits qui leur permettront de mieux comprendre et de mieux contrôler l’usage qui est fait de leurs données, le RGPD permettra de contrer cette vague de défiance. « De fait, ce nouveau texte réglementaire constituera un véritable socle de confiance. C’est extrêmement bénéfique pour les entreprises : la confiance des clients est indispensable pour développer toutes les innovations permises par le big data, l’intelligence artificielle, la robotique, ou l’internet des objets. »

Vers une meilleure connaissance des clients

Parmi les différentes directives du texte réglementaire, le RGPD impose aux entreprises d’améliorer la documentation des données dont elles disposent. Une contrainte ? Au contraire : pour Ludovic Lévy, instaurer une véritable gouvernance des données est l’occasion pour les entreprises de mieux connaître leurs clients : « cette mesure permettra à tout salarié de connaître précisément les sources de données dont il dispose, d’y accéder plus facilement, plus rapidement et de s’appuyer sur une véritable documentation les concernant», explique-t-il. Cette gouvernance des données sera donc un formidable accélérateur pour favoriser l’innovation, améliorer la personnalisation des services et créer de la valeur.

Miser sur la portabilité des données

Parmi les nouveaux droits des consommateurs, le RGPD introduit le droit à la portabilité. Celui-ci offre à chacun la possibilité d’obtenir une partie de ses données dans un format ouvert et lisible . Chacun peut alors les stocker ou les transmettre d’un système d’information à un autre. « Une fois récupérées, tout utilisateur peut décider de les transmettre à un acteur pour que celui-ci enrichisse les services qu’il lui propose. Prenons l’exemple de Djingo, l’assistant personnel d’Orange. Dans sa première version il offrira des fonctionnalités relativement basiques en matière de recherches ou de pilotage de devices. Demain, grâce à la portabilité des données, Djingo pourra proposer des recommandations plus fines, plus intelligentes », analyse Ludovic Lévy. Celui-ci anticipe l’émergence d’une multitude de jeunes acteurs qui pourront capitaliser sur ce nouveau droit en proposant de nouveaux services basés sur la gestion et l’exploitation de données personnelles.

Les vertus du « level playing field »

Enfin, la réforme du RGPD a pour objectif de placer au même niveau de concurrence les acteurs européens et internationaux. La réglementation s’appliquera en effet de la même façon à toute entreprise, quel que soit le pays où se situe son siège social, dès lors que celle-ci traite de données de citoyens européens. Pour Ludovic Lévy, « ce texte apporte un véritable « level playing field », c’est-à-dire un terrain d’égalité. Que l’entreprise opère depuis les Etats-Unis, la France ou la Chine, elle sera désormais soumise aux mêmes obligations et aux mêmes punitions. Cette équité face à la loi est une avancée majeure ».

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