“Le but du Padus Lab est de fournir à tous les pays du Groupe Orange un environnement technique optimisé pour les réseaux du futur.”
Avec la virtualisation des réseaux, les bâtiments hébergeant traditionnellement les équipements télécom accueilleront aussi les serveurs nécessaires au fonctionnement de ces nouvelles infrastructures. Ces nouveaux locaux devront notamment répondre au défi de l’efficacité énergétique, à l’heure où Orange s’investit toujours davantage dans la réduction de son empreinte carbone. Le but du Padus Lab est de fournir à tous les pays du Groupe Orange un environnement technique optimisé pour les réseaux du futur. Il s’agit d’un bâtiment modulaire, capable de répondre aux besoins précis de chaque territoire, tout en tirant parti des conditions climatiques extérieures pour limiter son impact environnemental.
Un concentré d’innovations
Que se passe-t-il à l’intérieur du Padus Lab ? “Notre objectif est d’y associer les différentes technologies pour étudier leur pertinence, explique le chef du projet, Dominique Bodéré. Un des premiers enjeux est le refroidissement des équipements, en particulier les serveurs. Au-delà du freecooling, qui utilise l’air frais de l’extérieur, nous testons par exemple l’immersion, qui consiste à plonger les serveurs dans un bain d’huile plutôt que de passer par des ventilateurs, ou bien encore le refroidissement liquide, qui se concentre sur les composants chauffant le plus, comme le processeur. Nous explorons aussi des solutions d’alimentation de 400VDC couplée à un dispositif photovoltaïque en complément de nouvelles solutions de stockage d’énergie. Nous voulons explorer les technologies les plus innovantes. Les résultats serviront à tous les pays du Groupe dans leurs déploiements.”
Dernièrement, les économies d’énergie réalisées au Padus Lab ont démontré de nouveau qu’il est plus intéressant de laisser dériver la température des salles techniques dans des plages climatiques conformes aux normes, plutôt que de la centrer autour d’un point fixe avec des plages restreintes. “Nous n’intervenons plus, par exemple, pour réguler l’hygrométrie, ce qui nous évite une consommation d’énergie inutile”, note Simon Ricordeau, en charge d’études climatiques et thermiques chez Orange.
Après l’été caniculaire de 2022, le système désormais retenu en partenariat avec Aveltec associe le freecooling à une alimentation exclusivement en 400V Courant Continu et sécurisée même en cas de coupure d’énergie. Utilisée jusqu’à présent comme simple système de secours, cette solution est beaucoup plus efficace d’un point de vue énergétique que la climatisation classique. Selon Aveltec, elle permet aussi de réduire les coûts des câbles nécessaires pour relier les équipements. Ces économies ne sont pas négligeables au regard du prix du cuivre.
“D’autres évolutions et optimisations sont en cours ; c’est bien l’intérêt du Padus Lab”, confirme Simon Ricordeau.
Surveillance étroite de l’environnement technique/IT et systèmes ouverts
Afin de mettre à profit cette multitude de tests, le Padus Lab est truffé de capteurs, tels que des sondes thermiques et d’énergie. L’équipe collecte les données des serveurs à distance, comme la température et la consommation d’énergie. L’ouverture des API (interfaces de communication) est un critère indispensable pour lui permettre de collecter toutes ces données sur son logiciel maison. Se soumettre aux liens propriétaires encore présents dans de nombreux systèmes de gestion des données de consommation est impossible. On veut pouvoir surveiller de manière centralisée un ensemble d’équipements multi-constructeurs. À terme, une solution d’intelligence artificielle permettra d’optimiser la consommation. En attendant, la modélisation du bâtiment doit servir de base pour simuler toutes les conditions environnementales possibles et limiter le nombre de tests réels dans les différents pays.
La co-innovation comme principe de base
“Nous partageons le Padus Lab avec différents acteurs industriels, tels que notre partenaire initial Vertiv et des fournisseurs de solutions comme Submer, Dell, Aveltec et Enersys. La dimension académique n’est pas en reste : nous soutenons en commun deux thèses dans les domaines de l’optimisation thermique et de l’énergie. Ces relations de partenariat favorisent les échanges entre des équipes d’experts des mêmes domaines et elles profitent à toutes les parties : les industriels mettent leur matériel à l’épreuve en conditions réelles et nous, en tant qu’experts et intégrateurs, sommes en mesure de rédiger en amont des spécifications techniques adaptées à notre besoin.” Innovation et anticipation sont les clés d’Orange pour déployer dans ses pays des solutions plus performantes et moins énergivores.