Une serre connectée qui allie des techniques de permaculture et d’aquaponie pour obtenir le meilleur rendement
22 mètres carrés de verdure et de tranquillité à l’abri de la pollution et des bruits de la ville, où poissons et cultures végétales cohabitent harmonieusement dans un mini-écosystème riche, produisant tout au long de l’année salades, fruits, légumes ou herbes aromatiques. Le tout accessible au plus grand nombre qu’ils soient particuliers, collectivités locales ou entreprises qui souhaitent retrouver la maîtrise de leur alimentation, en produisant eux-mêmes une partie de leur nourriture, pour un minimum de temps et un maximum de facilité. Car la serre est connectée, et elle peut ainsi guider ses utilisateurs pas à pas pour obtenir le meilleur rendement…
Produire et consommer en pleine confiance, même en ville
Mais comment a germé cette idée, et comment en vient-on à rénover un concept – la serre – traditionnel en lui appliquant des techniques d’agroécologie et en y introduisant une dose de digital ? Il faut remonter quelques années en arrière pour le comprendre, au moment où les fondateurs de myfood, dont Johan Nazaraly, fraîchement sortis de l’école se retrouvent sur un constat. Johan explique : « ces dernières années, nous voyons progressivement s’éroder les circuits logistiques et les éléments de traçabilité dans notre consommation. Quand on parle de nourriture et d’alimentation, cela signifie que les gens ont de moins en moins confiance en ce qu’ils mangent. D’où l’idée et l’objectif de produire et consommer sans crainte et avec un sentiment de sécurité. Et cela partout, y compris au cœur des villes, quand on a peu de temps, peu d’espace et peu de connaissances. » Un défi en forme de gageure, que myfood relève en associant le meilleur des techniques agricoles aux avantages opérationnels que procurent l’internet des objets.
Permaculture, aquaponie… et capteurs
Car si la start-up capitalise sur une structure de serre existant depuis des dizaines d’années, elle optimise le rendement des plants en optant pour des techniques de permaculture et d’aquaponie, et en verticalisant les cultures pour gagner de la place. L’aquaponie se matérialise au centre de la serre, où des tours de cultures verticales s’élèvent au-dessus d’un bassin rempli de poissons. S’y joue le spectacle particulier de la symbiose entre ces organismes vivants, au sein duquel les déchets et déjections des poissons servent de nutriments aux cultures, irriguées par l’eau des bassins. Aucun engrais donc, l’écosystème subvient à ses propres besoins en circuit fermé. A côté du bassin, des bacs de permaculture complètent la capacité de production de la serre. Et myfood n’a pas lésiné sur la recherche pour aboutir au meilleur substrat – le support dans lequel les plants se fixent et se nourrissent. « Deux ans d’étude ont été nécessaires, précise Johan. Au final, le substrat se compose de terreau organique, de biochar, de lombricompost et d’un paillis en Bois Raméal Fragmenté (BRF) », pour un sol proche de ceux des forêts. En combinant le meilleur de l’agroécologie et la verticalité, la serre affiche des performances exceptionnelles : une production de plusieurs centaines de kilos de végétaux par an ce qui couvre les besoins d’une famille de 4 personnes une bonne partie de l’année. Et le tout nécessite un entretien minimal – 1h30 par semaine, pas plus.
L’autonomie joue aussi à plein, car myfood a prévu la possibilité d’installer des panneaux photovoltaïques semi-transparents pour subvenir aux besoins énergétiques du système d’irrigation et des capteurs notamment.
Orange et myfood se connectent
Car une autre spécificité de la serre connectée, c’est l’utilisation de l’internet des objets, qui fait toute la différence pour les utilisateurs. Laurent Chivot, Chef de projet anticipation chez Orange nous explique : « concrètement, plusieurs capteurs sont installés dans la serre. Connectés sur la meilleure infrastructure réseau possible et disponible – 2G, ou LoRa, ceux-ci mesurent et remontent des données sur la température de l’air, de l’eau ou encore le pH des bassins. Ces informations sont ensuite transmises vers un serveur où elles sont compilées et analysées par une intelligence artificielle. Avant d’être restituées aux utilisateurs via une application disponible sur smartphone, PC ou tablette, sous la forme de conseils et d’analyses afin de les guider pour obtenir le meilleur rendement, ou d’émettre des alertes quand les capteurs font état, par exemple, d’une température trop élevée dans la serre ».
Orange a rencontré myfood en 2017 lors du Salon de l’Agriculture. Un intérêt réciproque s’est développé, et chemin faisant, une serre connectée a pris ses quartiers sur le site d’Orange Gardens. Orange accompagne depuis la jeune start-up dans le choix du meilleur réseau et des solutions de plateforme de stockage de données.
Connectée et collaborative
Car c’est là encore un signe distinctif de l’expérience proposée par myfood, que de s’appuyer sur la matière grise et les retours de tous ses utilisateurs. Une plateforme collaborative réunit les utilisateurs ainsi que des agronomes experts. « Chaque propriétaire de serre a accès à la communauté, et chacun peut contribuer. Ils forment ce que nous appelons les citoyens pionniers, qui chacun peut contribuer à faire évoluer et à perfectionner notre la solution. » La collaboration et l’ouverture sont d’ailleurs largement privilégiées dans l’état d’esprit de myfood, puisque l’intégralité des plans de la serre sont en open source.
Connectée, intelligente, performante, autonome, écologique, collaborative : la serre de myfood, c’est tout cela à la fois…