L’art numérique, art vivant

Depuis les années 1950, les créateurs se sont emparés des innovations technologiques pour inventer de nouvelles formes et de nouvelles méthodes de création.

Sans que vous vous en rendiez nécessairement compte, l’art numérique fait partie de votre quotidien. L’art numérique ? Les définitions sont variées, mais convergent autour de l’idée de création artistique « réalisée à l’aide de dispositifs numériques – ordinateurs, interfaces, réseaux ». Quant au périmètre de l’art numérique, il s’est élargi au cours des décennies, depuis la musique et les arts visuels à partir de la fin des années 1950 jusqu’à pénétrer aujourd’hui toutes les formes de création artistique : cinéma, vidéo, télévision, littérature, spectacle vivant…

Les sculptures que vous croisez dans les rues ou dans les musées sont parfois sorties d’imprimantes 3D. Les infographies que vous consultez sur Internet pour vous informer ou vous divertir sont une forme d’art dérivée du data art. Quant au cinéma, qu’il s’agisse des effets spéciaux ou de la motion capture, des technologies 3D ou Imax, ou même de la petite révolution du cinéma d’animation opérée en 1995 par les studios Pixar avec Toy Story, le numérique a bouleversé le septième art.

Net.art et pixel art

Si l’art numérique est aussi répandu de nos jours, c’est bien sûr grâce à l’innovation des machines qui permettent de créer ces œuvres. La démocratisation des ordinateurs et des logiciels dans les années 1990, puis d’Internet durant la décennie suivante a mis à disposition des artistes un abondant matériau. Cela a donné naissance à deux courants notables : le Net.art, qui consiste à réaliser des créations interactives conçues avec et pour Internet, et le pixel art, technique de dessin numérique héritée des débuts de l’informatique. Les amateurs se souviennent peut-être du collectif eBoy, des Berlinois nostalgiques du retro gaming, dont les œuvres aux faux airs de SimCity et Duck Hunt se sont retrouvées jusque dans les musées, où elles furent tirées sur des fresques géantes.

1919, année zéro ?

Mais résumer l’art numérique à l’avènement d’Internet et des micro-ordinateurs est peut-être une erreur. Certains remontent à… 1919, quand Léon Theremin, un chercheur militaire soviétique, mélomane à ses heures perdues, invente un outil capable de produire un son similaire à celui d’une scie musicale par le mouvement des mains entre deux antennes fonctionnant par ondes électromagnétiques. L’ancêtre du synthétiseur était né…

Plus tard, les Oscillons de l’Américain Ben Laposky, des formes géométriques d’art abstrait créées à l’aide d’un oscilloscope et d’un calculateur analogique, feront l’objet d’une publication dans le prestigieux magazine Fortune, publication saluée par le Club des directeurs artistiques de New York en 1956. Quant à la première manifestation d’art numérique, elle est signalée en 1968 à Londres au sein de l’Institute of Contemporary Arts : c’est la Cybernetic Serendipity.

Réveil français à partir des années 1980

En France, il faut attendre les années 1980 pour voir des œuvres digitales s’emparer des musées, d’abord avec l’exposition Electra au musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1983, avec notamment La plissure du texte, premier exemple d’œuvre collaborative en réseau, puis au Centre Georges Pompidou en 1985 avec l’exposition Les Immatériaux.

Trois ans plus tard, les artistes Jean-Robert Sedano et Solveig de Ory installeront dans les parcs de Paris leurs Pavillons chromatiques, des kiosques à musique réagissant aux gestes des badauds grâce à un Apple II caché sous le kiosque relié à des caméras fixées au toit.

2011 marque une étape importante en matière d’art numérique à Paris, avec l’ouverture de la Gaîté lyrique, espace de création et de diffusion dédié aux arts numériques et aux musiques nouvelles. C’est l’un des premiers du genre dans le monde et sans doute pas l’un des derniers, les avancées technologiques en matière de numérique offrant encore et toujours plus de possibilités créatrices.

Enfin, l’introduction du code au sein des écoles françaises pourrait faire naître des vocations chez les plus jeunes et, qui sait, produire les futurs prodiges de l’art numérique…

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