Ces dernières années, les projets de développement en télémédecine se multiplient. La robotique apporte une valeur ajoutée clé autant aux patients qu’aux personnels de santé. Toutefois, son intégration et, par extension, sa démocratisation se heurtent encore à la barrière majeure de la connectivité. Ses applications souvent critiques requièrent des performances de très haut niveau en bande passante et en latence.
Inscrire la robotique dans le quotidien
A l’hôpital privé Saint-Martin de Caen, Orange expérimente autour de cette problématique avec Conscience Robotics. Cette start-up normande a créé une IA spécialisée pour les applications robotiques de tous genres. “Nous avons développé un OS, Conscience OS, permettant d’exploiter à plein les capacités physiques des robots – déplacement, détection et interaction – explique Iliès Zaoui, son fondateur et directeur. Celui-ci sert à animer différents robots, dont Median, spécialisé dans la téléconsultation. Notre objectif est de démocratiser la robotique et de l’inscrire au quotidien, en répondant à deux défis : optimiser l’autonomie des machines et réduire les coûts associés. Pour y parvenir, la puissance de calcul est déportée vers des serveurs distants, d’où le besoin de réseaux très performants.”
Les opportunités d’applications robotiques sont nombreuses, à condition de passer l’écueil du réseau et la problématique de la couverture indoor.
Un robot Conscience Robotics tel que Median fonctionne en sollicitant quatre facettes de la technologie :
- L’interface utilisateur, en l’occurrence une application depuis laquelle l’usager se connecte et peut accéder à la liste des robots disponibles ainsi qu’à leurs compétences activables (et d’autres hébergées sur un Conscience Store).
- La puissance de calcul, externalisée sur les Conscience Engines, des serveurs physiques distants. La notion d’expérience joue ici un rôle clé : quand une action complexe est demandée au robot, la réponse de ce dernier constitue de l’expérience. Si la même demande, dans le même contexte, est formulée à nouveau, le robot se fonde sur sa bibliothèque d’expériences pour réitérer son action, sans avoir à solliciter de calculs.
- Le software embarqué à bord du robot est conçu pour être aussi minimaliste et sobre que possible – sans carte graphique, CPU, ni RAM – afin de gagner aux niveaux de l’autonomie et des coûts.
- Enfin, un environnement de développement ad hoc permet aux développeurs de simuler et tester les trois briques précédentes.
Télémédecine robotique
Consultations, suivi de plaie, surveillance post-opératoire, etc. : le robot Median peut être appliqué à de nombreux cas d’usage en théorie. “La télémédecine via robot a longtemps été limitée à un échange facial statique, indique le Dr Francis Faroy, Chirurgien vasculaire à l’Hôpital Privé Saint-Martin de Caen, là où le prototype de Conscience Robotics nous permet de centrer la caméra sur les zones à examiner. A l’avenir, on pourrait imaginer d’équiper le robot de nombreux utilitaires, tels qu’un stéthoscope, un abaisse-langue… Les possibilités sont étendues, à condition de passer l’écueil du réseau et la problématique de la couverture indoor : aujourd’hui, on fabrique des Ferrari que l’on fait rouler sur des chemins de terre.”
Une 5G taillée pour la robotique
En effet, si le réseau 5G en 3,5GHz d’Orange est déployé à Caen depuis juin 2021, il reste encore à amener la connectivité à l’intérieur d’un bâtiment tel que l’Hôpital Privé Saint-Martin, avec une qualité de service garantie. Le Groupe a rejoint l’expérimentation il y a quelques mois : “Nous étudions ce que la 5G peut apporter en termes de performances et de fonctionnalités, explique Hubert Segond, Chef de projet 5G chez Orange. La technologie 5G doit répondre aux nouvelles exigences des réseaux privés : performance, résilience et SLA, sécurité et confidentialité. Si les réseaux mobiles privés sont déjà une réalité avec la 5G, des solutions industrielles nouvelles de type opéré, hybride, pourront arriver avec la 5G Stand Alone. L’architecture réseau en résultant permettra notamment de garantir la conservation des données au sein de l’hôpital via l’User Plane Function (UPF), en établissant un point d’interconnexion entre l’infrastructure mobile indoor et le réseau opérateur.”
La solution expérimentée répondrait ainsi à un très haut niveau d’exigence en termes de sécurisation et de souveraineté, des enjeux qui résonnent avec toujours plus de vigueur au vu des récentes cyberattaques contre des établissements hospitaliers.