Comment le numérique peut rendre les villes plus résilientes ?

À l’heure où de nombreuses régions du monde subissent les conséquences du dérèglement climatique, les villes, qui concentrent plus de la moitié de la population, sont sous pression : elles doivent non seulement devenir plus intelligentes mais aussi plus “résilientes”.

Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, les villes concentrent plus de 50 % de la population. En Europe, ce chiffre atteint même 77 %. En outre, 140 métropoles concentrent 44 % du PIB européen. La plupart des villes sont confrontées à d’importants défis liés à l’environnement, au trafic, à la pollution ou à l’insécurité.

Les villes, où se concentrent les ressources et les compétences, sont aussi les meilleurs laboratoires des solutions intelligentes de demain. La technologie devient un phénomène central de ces métropoles : le nombre d’appareils connectés dans le monde ne cesse de croître à un rythme exponentiel, passant de 15 à 75 milliards entre 2015 et 2025 selon Statista.

En la matière, les experts sont unanimes : rendre une ville réellement intelligente, ce n’est pas juste installer des capteurs et des logiciels, c’est utiliser la technologie et la donnée au service d’une meilleure qualité de vie, au moment où le changement climatique impose de nouveaux défis.

La fabrique urbaine résiliente exige une approche systémique de la ville, laquelle doit être considérée comme un système complexe avec sa personnalité, ses spécificités propres.

La technologie, face au changement climatique, pourrait contribuer à rendre les villes résilientes. C’est-à-dire des villes pensées en fonction des perturbations qu’elles sont susceptibles de subir, des villes qui sauront s’adapter et résister aux crises climatiques.

Davantage d’agilité et de robustesse

Auteur d’un rapport remarqué sur le sujet, le McKinsey Global Institute dénombre ainsi trois couches essentielles à l’intelligence d’une ville : la couche technique bien sûr, qui inclut des réseaux d’appareils et de capteurs interconnectés ; la couche logicielle composée d’applications d’analyse de données ; la couche humaine, c’est la façon dont les citoyens s’emparent de ces outils pour prendre de meilleures décisions et changer leurs comportements.

Les potentialités sont importantes. Le McKinsey Global Institute explique par exemple comment les dizaines de solutions numériques actuellement disponibles pour les villes peuvent rendre les systèmes d’infrastructures plus agiles et plus robustes et apporter des solutions en matière d’énergie, ou encore dans la gestion des interventions en cas de catastrophe naturelle.

Santé, énergie, déchets et mobilité

Dans le domaine de la santé, la télémédecine offre les plus belles promesses ; mais on trouve aussi la surveillance de la qualité de l’air ou des maladies infectieuses.

Dans l’énergie sont évoqués des lampadaires intelligents, mais aussi des systèmes de suivi de la consommation d’énergie à l’échelle d’un quartier qui permettent une tarification dynamique de l’électricité, à même d’influencer les comportements vertueux. Dans ce domaine, on parle d’Énernet, ou Internet de l’énergie, tant les données offrent la promesse d’améliorer l’efficacité énergétique des réseaux.

On pourrait poursuivre encore longtemps cette liste, en regardant par exemple du côté de la consommation d’eau, où des systèmes de détection et de contrôle des fuites permettent de limiter le gaspillage. La gestion des déchets peut aussi être améliorée grâce à des outils d’optimisation des itinéraires de collecte, tandis que des feux de signalisation intelligents, des informations en temps réel sur les transports en commun et la maintenance prédictive des infrastructures de transport désengorgeront la ville.

En matière de mobilité également, les systèmes numériques permettront de modéliser les comportements : en connaissant l’offre et la demande à chaque instant, on peut moduler les offres de transports en encourageant l’autopartage, en taxant l’utilisation de véhicules personnels ou en facilitant l’accès aux parkings de la ville.

Approche systémique

Ces systèmes impliquent l’ensemble des parties prenantes de la fabrique de la ville, à commencer par ses habitants, avec une transmission et une réception d’informations en temps réel qui participent à l’autorégulation de la ville. L’important n’est pas le nombre d’applications ni leur variété, mais leur interconnexion au service des habitants.

Pour Isabelle Thomas, professeure d’urbanisme à l’université de Montréal, “la fabrique urbaine résiliente exige une approche systémique de la ville, laquelle doit être considérée comme un système complexe avec sa personnalité, ses spécificités propres”.

Et avec ses composantes principales, ajoute-t-elle, que sont un leadership fort et une gouvernance intégrée, autrement dit une implication de l’ensemble des acteurs et des parties prenantes.

Cela ne fait pas de doute, la résilience est une valeur d’avenir en urbanisme. Le onzième des Objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU en 2015 rappelle d’ailleurs le besoin impératif de “faire en sorte que les villes soient ouvertes à tous, sûres, résilientes et durables”.

Rotterdam championne de la résilience

S’il fallait dresser un palmarès des villes les plus résilientes, Rotterdam tiendrait sans doute le haut du podium. La deuxième ville des Pays-Bas est en effet la première métropole à s’être dotée d’une stratégie de résilience.

Parmi les 68 initiatives qui concourent à préparer la ville aux aléas du xxie siècle, on trouve une compagnie citoyenne de production d’énergie verte, des fermes urbaines sur les toits des immeubles ou encore des “water squares”, ces espaces de promenade et de jeux qui ne révèlent leur résilience qu’en cas d’inondation, en absorbant le trop-plein de précipitations.

Mais Rotterdam étant un port industriel de toute première importance, sa stratégie s’articule en priorité sur le développement et la sécurisation des réseaux numériques dédiés au fonctionnement des activités portuaires, comme celui permettant de contrôler l’énergie nécessaire au pompage de l’eau.

Au vu de l’importance d’offrir une connexion Internet robuste aux acteurs de la ville résiliente, la fondation Rotterdam Internet Exchange (R_iX) finance des projets d’infrastructures réseaux ultrarapides et de services Internet innovants dans la région.

Elle travaille aussi à mutualiser les capacités des fournisseurs d’accès locaux grâce à la technologie du “peering” : cette méthode qui facilite l’échange de trafic Internet permet de garantir l’approvisionnement et la continuité des services et des systèmes numériques, même dans des conditions difficiles.

 

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