• Expérimenté en environnement de laboratoire ou sur le terrain, ce nouveau modèle du réseau d’accès mobile fait déjà la preuve de sa pertinence et de son efficacité.
L’ est une logique architecturale nouvelle pour les réseaux d’accès mobile (RAN), fondée sur leur désagrégation, c’est-à-dire que les fonctions virtualisées du RAN peuvent être déployées sur différents matériels (séparation du logiciel d’avec le matériel) ce qui permet une plus grande flexibilité, scalabilité et rentabilité. Ce modèle favorise plutôt une conception et une implémentation multi-vendeurs, où les composants clés du RAN peuvent provenir de différents fournisseurs. Une diversification de l’écosystème des vendeurs RAN doit apporter un regain de compétition. Les opérateurs télécom prônent l’Open RAN pour éviter la dépendance à un équipementier unique et pour ses autres atouts.
- Utiliser des serveurs IT plutôt que le matériel dédié actuel pour y déployer également l’application RAN permettra de bénéficier d’économies d’échelle et des innovations incessantes dans ce domaine.
- L’approche multi-vendeurs autorise également de changer un des constituants de la solution déployée sans devoir changer tout le matériel en même temps.
- La virtualisation permet d’automatiser aisément des tâches opérationnelles lourdes et/ou répétitives à date.
- Le contrôleur du RAN permet d’adapter et d’optimiser la configuration du réseau en fonction du trafic qui s’y écoule en s’appuyant sur l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique…
L’Open RAN prêt pour le grand saut commercial : une première expérimentation en environnement rural en Roumanie bientôt suivie d’autres en zone urbaine, dans d’autres filiales du Groupe Orange.
L’Open RAN gagne du terrain
Orange compte parmi les promoteurs et acteurs les plus engagés de cette nouvelle approche. Membre fondateur de l’alliance O-RAN, au sein de laquelle opérateurs et fournisseurs élaborent des spécifications Open RAN, le Groupe lance dès 2011 en France son centre d’intégration Open RAN, premier du genre dans le pays. Les travaux qui y sont menés visent à garantir la fiabilité et la maturité de cette nouvelle approche et accompagner de nouveaux entrants dans l’écosystème vendeurs de technologies RAN tels que Mavenir, notamment au sein de son OTIC (Open Testing and Integration Centre) ou dans le cadre du projet Pikeo.
Orange coopère aussi avec les équipementiers traditionnels du RAN. Nokia, Ericsson et Samsung travaillent de manière synchronisée avec les fournisseurs de serveurs et de chipsets afin d’augmenter la capacité et optimiser la consommation d’énergie de leurs solutions Open RAN. Orange constate ce progrès dans son laboratoire et accompagne l’évolution du software Open RAN et du matériel sous-jacent.
Dans l’écosystème telco global, l’Open RAN se matérialise et s’apprête à passer les caps de la fiabilisation et de l’industrialisation. Fin 2023, AT&T annonce ainsi un accord commercial avec Ericsson, Dell, Fujitsu et Intel ouvrant la voie à un déploiement à grande échelle aux États-Unis. La position favorable des acteurs traditionnels du RAN envers le cloud et l’open RAN garantit, pour les opérateurs, des solutions désormais fiables et aussi complètes en termes de fonctionnalités que le RAN traditionnel.
Un RAN ouvert… et virtualisé
Les soutiennent également de plus en plus l’implémentation et le développement d’écosystème Open RAN, notamment pour les cas d’usage entreprise B2B. « Le cœur du réseau, le gestionnaire du réseau d’accès ainsi que la fonction Centralized Unit (CU), dont le rôle est de gérer les couches hautes, c.à.d. les ressources radio, la mobilité, la qualité de service, les données utilisateurs…, sont des fonctions réseaux déployables sur n’importe quel type d’infrastructure, et naturellement compatibles avec le cloud public d’un hyperscaler » expliquent Christian Gallard, directeur de l’Open RAN Integration Center, et Miloud Abdi, chef de projet Architecture RAN chez Orange. La communication par voie radio nécessite un traitement conséquent, en temps réel, qui s’effectue au niveau de la partie intelligente du RAN – le Distributed Unit (DU) dans le modèle Open RAN –, laquelle nécessite un hardware adapté aux besoins du RAN. » Les hyperscalers offrent des solutions taillées pour le contexte des réseaux mobiles, et plus particulièrement pour le DU, comme le service Amazon Elastic Kubernetes Service (Amazon EKS) d’Amazon Web Services (AWS) et sa déclinaison on-premises Amazon EKS Anywhere (EKS-A). En 2023, Orange l’inclut au cœur du réseau 5G SA expérimental, virtualisé et automatisé, construit avec AWS, Mavenir et Dell. L’opérateur en tire des enseignements prometteurs. « Le réseau cœur, le CU et le gestionnaire du RAN sont déployés sur le cloud public d’AWS, et le DU sur l’infrastructure EKS-A hébergée sur un serveur Dell dans les locaux d’Orange. L’expérimentation valorise la grande flexibilité de cette solution, qui peut être déployée à la demande auprès d’un client en moins de deux heures. La brique Open RAN fournie par Mavenir se démarque également par sa souplesse et sa flexibilité en termes de portabilité sur différents types d’infrastructures ainsi testés. »
Un modèle opérationnel à réinventer
Actuellement, Orange teste en laboratoire la solution cloud RAN de Nokia, après avoir évalué celles de Samsung et Ericsson l’an dernier. Chaque solution repose sur une configuration différente (appelée « blueprint »). Il s’agit à chaque fois d’une implémentation logicielle s’exécutant sur un serveur IT banalisé, et donc déployable sur n’importe quel autre type de serveur : par exemple, Samsung a déjà déployé ce modèle en utilisant des serveurs Dell et une infrastructure Windriver, tandis qu’Ericsson, parmi les solutions mises à disposition de ses clients, a opté, lors des tests avec Orange, pour des plateformes HPE (Racks) afin que sa solution Cloud RAN puisse prendre en charge les fonctionnalités de RedHat Openshift. La définition de blueprints de référence évite la complexité des options rendues possibles par la multiplicité des intervenants et des configurations propre à l’approche ouverte. « Nous nous retrouvons avec un partenaire software implémentant le RAN, un pour les serveurs, un pour les cartes d’accélération dédiées aux fonctions RAN les plus gourmandes en termes de calculs, un autre pour les modules radio, etc. Cette diversité complexifie l’intégration des composants. La question du modèle opérationnel se pose : comment gérer tous ces fournisseurs ? Dans un premier temps, Orange devrait déployer des solutions déjà pré-intégrées par les vendeurs RAN ; puis, avec une plus grande maturité des produits, l’intégration pourrait être prise en charge soit par un acteur tiers, généralement appelé intégrateur système, soit, pour partie, par l’opérateur lui-même. » La mise en place d’expérimentations sur le terrain permet de clarifier et d’affiner ce nouveau modèle.
Pilote en Roumanie
Depuis 2023, Orange tire parti de l’expérience d’un pilote en Roumanie en partenariat avec Vodafone, basée sur une solution Open RAN de Samsung et déployée sur un périmètre limité (10 sites radio 2G et 4G en zone rurale, en configuration RAN Sharing). Ce déploiement fondateur permet d’assurer la montée en compétence des équipes et de vérifier le niveau de maturité de performance (débit, capacité, latence, etc.) et de consommation énergétique d’Open RAN par rapport au RAN classique.
Résultat : les indicateurs monitorés confirment des performances et une stabilité équivalentes au RAN traditionnel. Les radios Open RAN ont déjà une consommation énergétique équivalente à celle du RAN traditionnel. Les serveurs, eux, voient leur efficacité énergétique bénéficier de constantes améliorations grâce aux progrès des matériaux et logiciels.
Retour d’expérience :
L’Open RAN figure au programme de l’édition 2024 du salon Orange OpenTech. Une démo met en valeur les niveaux de performance atteints par l’Open RAN vs. le RAN classique ainsi que les dernières avancées en termes d’automatisation. Un premier retour d’expérience sur l’expérimentation Open RAN Sharing menée en Roumanie y est par ailleurs partagé.