« Le LTE-M offre une couverture très large et ne consomme que peu d’énergie, ce qui est idéal pour les objets connectés. »
Qu’est-ce que l’« Open IoT Lab » ? Pourquoi avoir décidé, il y un an, de lancer cette initiative ?
Thibault de la Fresnaye : L’idée de l’Open IoT Lab est partie d’un constat : lorsqu’on se promène dans des endroits dédiés à l’innovation, comme des incubateurs ou des accélérateurs par exemple, on remarque que rien n’est véritablement proposé en ce qui concerne la connectivité.
Des structures vont offrir un accompagnement, fournir des services, des outils ou des technologies spécifiques. Mais il n’y a aucun lieu où vous pouvez travailler en avance de phase sur les réseaux télécoms du futur. Pour les objets connectés, cela est particulièrement problématique, car tous n’ont pas forcément besoin – ou ne peuvent pas – passer par le réseau « traditionnel ».
C’est pour cela que nous avons lancé l’Open IoT Lab en mai 2017, à Châtillon, dans les locaux d’Orange Gardens, le campus du groupe dédié à l’innovation. Les personnes qui viennent au Lab, que ce soit des start-up ou des partenaires, peuvent tester les objets connectés ou les softwares qu’ils développent sur le futur réseau LTE-M, qui est l’un des réseaux sur lesquels Orange travaille.
Nous mettons notre expertise à leur disposition et nous leur fournissons des outils techniques et de tests pour qu’ils puissent analyser la consommation d’énergie sur ce réseau, le niveau de connectivité ou encore pour comparer le réseau LTE-M à d’autres réseaux.
Le réseau LTE-M est donc particulièrement indiqué pour les objets connectés ?
Thibault de la Fresnaye : Le LTE-M est une technologie cellulaire intéressante car elle offre une couverture très large et ne consomme que peu d’énergie, ce qui est idéal pour les objets connectés. Cette faible consommation a un impact non négligeable sur la durée vie de la batterie si l’objet connecté n’a pas vocation à être relié au réseau électrique.
(Cependant), Le réseau LTE-M ne permet pas de véhiculer autant de flux de données que ce qui est possible en 4G ou 5G. Le débit est plus faible, de l’ordre de 250 kb/s. C’est ce qui en fait une technologie moins coûteuse financièrement que celles plus gourmandes en bande passante. Tout cela est à prendre en compte lorsqu’on lance un nouvel objet ou un service sur le marché !
Enfin, le réseau LTE-M est une évolution des réseaux traditionnels. Il utilise les mêmes protocoles. Cela signifie que la sécurité des données est équivalente à celle des réseaux 4G actuels, et son déploiement ne nécessite pas de mise en place d’antennes dédiées.
Un an après le lancement de l’Open Iot Lab, quels premiers enseignements en tirez-vous ?
Thibault de la Fresnaye : Avant tout, qu’il y a une véritable demande à ce sujet ! Certains cas d’usages se précisent aussi, tant d’un point de vue industriel que plus individuel. Nous échangeons beaucoup avec des constructeurs de trackers, qui travaillent sur des objets qui permettraient par exemple de suivre une flotte de véhicules, mais aussi des objets individuels permettant d’assurer la sécurité d’individus isolés ou encore avec des acteurs de l’énergie, pour lesquels le réseau LTE-M paraît parfaitement adapté pour les relevés automatiques de compteurs. Le secteur de la sécurité est intéressé également par les atouts du réseau. Sans oublier le sujet des smart cities. Il y a aussi des projets plus prospectifs, que ce soit sur la maison intelligente, la santé connectée ou sur des wearables.
Je remarque par ailleurs que les personnes qui viennent au Lab adorent échanger, sur leur projet, leurs contraintes, leurs découvertes. Des start-up aux partenaires industriels, c’est un véritable écosystème qui n’aime rien de moins que tester de nouvelles fonctionnalités, confronter ses impressions et idées… Ce qu’ils ne peuvent pas forcément faire ailleurs !
Le LTE-M sera certainement déployé cette année. L’Open IoT Lab perd-il sa raison d’être ?
Thibault de la Fresnaye : Le Lab accompagnera l’évolution du LTE-M, qui supportera à terme un débit de 1 mb/s contre 250kb/s aujourd’hui et va encore travailler sur les modes d’économie d’énergie (écoute partielle, veille profondeur..). Là encore, nous allons proposer cela en avance de phase.
Nous avons la chance d’être dans un environnement qui évolue très vite. Et nous innovons constamment sur les réseaux de télécommunications. L’Open IoT Lab a encore de beaux jours devant lui, d’autant que le nombre d’objets connectés va continuer à s’accroître dans les années à venir.