Les banques sont engagées dans des processus de transformation numérique, pour rester compétitives et mieux répondre aux attentes des consommateurs. De nouveaux modèles, comme l’Open Banking – banque ouverte – leur sont disponibles. Il permet aux particuliers et aux petites entreprises de partager leurs données bancaires avec des prestataires de services tiers dans l’optique de se voir offrir des solutions innovantes et personnalisées. Dans un tel système, par exemple, un couple peut utiliser une application qui analyse ses finances pour établir un budget mensuel ; un auto-entrepreneur peut connecter un logiciel de comptabilité à son compte bancaire pour remplir ses obligations comptables.
L’une des promesses intéressantes de l’Open Banking est de faciliter l’accès au financement bancaire à des personnes qui en étaient auparavant exclues.
L’adjectif “ouvert” ne signifie pas que ce modèle n’est pas soumis à des standards de sécurité stricts. L’Open Banking est réglementé par les autorités financières des pays où il est institué : seuls des prestataires autorisés par une autorité de contrôle peuvent accéder aux comptes des clients, lesquels ne partagent pas leurs identifiants et leurs mots de passe et choisissent les modalités du partage de leurs informations. Il utilise par ailleurs des logiciels et des systèmes de protection avancés.
Les API au cœur du modèle de banque ouverte
La banque ouverte est à l’œuvre au Royaume-Uni, au Brésil et dans d’autres pays à travers le monde. Dans l’Union européenne, la 2e Directive Européenne sur les Services de Paiement (DSP2) impose aux banques de partager les données des comptes de leurs clients – avec leur accord exprès – à des acteurs tiers. Cela doit se faire par le biais d’une méthode de communication sécurisée, les interfaces de programmation d’applications (API), mises en place par les banques elles-mêmes en respectant un certain nombre de normes techniques.
Virements instantanés et autres services pour les clients
La banque ouverte introduit une palette variée de produits et services bancaires et financiers aux consommateurs, qui peuvent y piocher en fonction de leurs besoins. Ces solutions comprennent :
- Des plateformes de paiement, permettant par exemple des virements instantanés entre personnes.
- Des agrégateurs de comptes bancaires, comme Bankin ou Linxo, qui regroupent sur une seule interface tous les comptes détenus par un individu dans une ou plusieurs banques. Ces applications permettent au client de visualiser l’état de ses finances en un clin d’œil et d’accéder à plusieurs fonctionnalités pratiques comme la catégorisation des transactions.
- Des applications dédiées à la gestion des finances personnelles, qui offrent un suivi fin des dépenses et aident les particuliers à établir un budget et à construire une stratégie d’épargne.
- Des offres de “cashback”, c’est-à-dire la remise sur le compte du consommateur d’un pourcentage d’une somme d’argent dépensée dans une enseigne. Orange Bank propose par exemple à ses clients un remboursement de 5 % de leurs factures Internet et mobile Orange ainsi que de leurs achats en boutique ou en ligne.
Données clients affinées pour les prestataires
L’une des promesses intéressantes de l’Open Banking est de faciliter l’accès au financement bancaire à des personnes qui en étaient auparavant exclues. Combiné à des nouvelles technologies comme le machine learning, il donne à des prestataires tiers accès à des sources de données plus larges (comprenant notamment des historiques de relevés de compte) permettant de mieux rendre compte des comportements et de la situation financière réels du consommateur. Cela doit permettre d’aller au-delà des critères normalement évalués par les modèles traditionnels de scoring (qui calculent le risque crédit) et de prendre des décisions plus facilement et plus rapidement.
De nouvelles opportunités pour les banques
Si l’Open Banking a introduit de nouvelles obligations pour les banques et les institutions financières, elle leur offre également de nouvelles opportunités.
Dans un contexte de forte concurrence, avec l’arrivée d’une multitude de nouveaux acteurs, il est primordial pour les banques traditionnelles de rester innovantes et d’apporter une réponse appropriée aux besoins changeants de leurs clients. Ayant adopté une démarche centrée utilisateur, les entreprises technologiques, les fintechs et les “néo-banques” ont apporté de nouvelles idées et modifié les usages des consommateurs.
Cet écosystème, et le recours croissant aux API, pourraient aider les banques à enrichir leur offre et à accélérer le développement et la mise sur le marché de nouveaux produits et services. En résultent une amélioration des relations entre la banque et ses clients historiques et potentiellement de nouvelles sources de revenus.
L’Open Banking est aussi considéré comme un levier d’innovation en interne pour les banques. Elles peuvent utiliser des API pour moderniser – sans le refondre totalement – leur système d’information et transformer les processus d’entreprise existants. Cela peut contribuer à leur conférer plus d’agilité et de flexibilité et à réduire leurs coûts (en connectant par exemple les données et les ressources allouées aux différents canaux, Web et mobile).
Dans plusieurs endroits du monde, une réglementation favorable favorise l’adoption progressive de l’Open Banking par les banques, qui avancent prudemment. Certains pays sont en pointe sur le sujet, comme l’Angleterre, le premier à avoir déployé un véritable système bancaire ouvert, avec un rythme d’adoption rapide par toutes les parties prenantes (banques, fournisseurs tiers, clients). D’autres ne sont encore qu’aux prémices de ce nouveau modèle qui, avec l’aide de nouveaux acteurs, tire parti des possibilités offertes par les API pour entretenir la concurrence et l’innovation dans le secteur bancaire.