C’est l’un des sujets attendus de ce Mobile World Congress 2023, dans le vaste champ de l’ouverture des réseaux. Les API réseaux, en donnant accès à de toutes nouvelles fonctionnalités, ouvrent un domaine inexploré aux développeurs de services. Orange fait ses démos au salon des technologies.
C’était immanquable : à mesure que les fonctions réseau pénètrent l’univers du logiciel et du cloud, il devient possible d’imaginer de nouvelles interfaces faisant le pont entre opérateurs et fournisseurs de services. La technologie des est largement répandue dans le monde de l’IT. Le Groupe Orange en emploie dans son fonctionnement interne et en expose à l’extérieur, notamment via sa plateforme Orange Developer. Cette fois, il est question de se rapprocher du réseau pour exposer des fonctionnalités inédites. En septembre 2022, une vingtaine d’opérateurs, dont Orange, signaient un mémorandum d’entente, s’engageant à utiliser des API réseaux pour leurs opérations dès 2023.
Comme le roaming il y a 25 ans, ces nouvelles API sont une étape supplémentaire dans l’ouverture de nos réseaux.
Qualité de service à la demande
Au MWC, Claire Chauvin, Directrice Strategy Architecture & Standardisation chez Orange, est porte-parole du Groupe sur le sujet. Elle raconte : « Une des fonctionnalités phares offerte par les API réseaux est la qualité de service à la demande. Dans une démonstration en live sur le réseau mobile de Barcelone, nous montrons à quoi ressemble une même session de gaming avec, et sans qualité différenciée. Ce POC (proof of concept) développé en partenariat avec Telefónica, Vodafone Spain et Ericsson permet d’offrir chez chaque opérateur le même niveau de qualité que le développeur de jeu peut obtenir pour son client, via une API identique. Une telle API peut intéresser les acteurs d’offres de service spécialisées, dans le secteur du jeu vidéo par exemple, mais aussi celui de la télémédecine, qui réclame une qualité d’image élevée. »
Hologrammes et prévention des fraudes
Sur son stand, Orange fait aussi la présentation d’une communication holographique entre son réseau et celui de Deutsche Telekom, avec le partenaire Matsuko. L’utilisation d’une API dans ce contexte répond à des problématiques de qualité de service, mais aussi de stockage des données au plus proche de l’endroit où est consommée l’image (edge), pour un meilleur rendu d’expérience. Les API réseaux ouvriront de nouvelles fonctionnalités techniques à de nombreux secteurs. Dans la sécurité bancaire, l’API Verify Location pourra par exemple confirmer un retrait à l’étranger en utilisant les données du réseau mobile pour vérifier qu’un client est bien là où il prétend être.
Un recroisement d’initiatives
Une dizaine d’API réseaux comme celles-ci ont été identifiées comme prioritaires par le projet Camara. Cette initiative open source, dont Orange est membre fondateur et contributeur régulier, a été lancée il y a un an au sein de la Linux Foundation. Son but est d’accélérer le développement de ces API basées sur les données nativement présentes dans les réseaux. Plusieurs initiatives se rejoignent pour développer le domaine. La GSMA, association des opérateurs télécom, travaille notamment depuis quelques années sur la notion de plateforme opérateur, afin d’ouvrir davantage le monde telco aux développeurs de services de tous horizons.
Standardisation et simplification
« Depuis plusieurs décennies, nous, opérateurs télécom, élaborons et nous conformons à des standards grâce auxquels nous sommes capables d’interopérer nos services. Comme le roaming il y a 25 ans, ces nouvelles API sont une étape supplémentaire dans l’ouverture de nos réseaux. Le même code, la même API doivent donner accès aux mêmes fonctionnalités chez tous les opérateurs. Nous cherchons aussi à leur appliquer le haut niveau de sécurité de nos protocoles. Les réseaux sont des architectures complexes et, pour donner accès à tout le potentiel de leurs fonctions, c’est à nous de développer des API simples d’utilisation. Nous avons l’expérience : Orange offre aujourd’hui déjà une riche marketplace d’API avec sa plateforme Orange Developer. Nous la mettons en avant lors de ce MWC, en montrant tout ce qu’elle pourrait offrir de plus avec ces nouvelles API réseaux. Le MWC est l’opportunité de rencontrer les développeurs pour sonder leur intérêt, récolter leurs questionnements, et nous projeter ensemble dans le futur des usages et services. »
CAMARA :
CAMARA est un projet open source au sein de la Fondation Linux, dont le but est de définir, développer et tester des API réseaux. Il est structuré en sous-projets et groupes de travail auxquels prennent part de multiples acteurs : opérateurs télécom (Orange, AT&T, Vodafone, etc.), constructeurs (Ericsson, Microsoft, Intel, etc.), fournisseurs de services (Google Cloud, etc.). CAMARA travaille en étroite collaboration avec le GSMA.
Une API (Application Programming Interface) est une interface entre un acteur qui a des fonctionnalités ou des données à offrir, et un autre qui va les consommer pour créer des services. L’API la plus utilisée sur la plateforme Orange Developer est l’API carrier billing : elle permet d’ajouter le coût d’un service externe (achat d’applications/jeux, streaming de musique, etc.) directement sur la facture de l’opérateur mobile.
Matsuko est une entreprise technologique qui développe des hologrammes 3D pour la communication à distance, afin d’effectuer des appels vidéo avec un hologramme sur mobiles. Deutsche Telekom, Orange, Telefónica and Vodafone travaillent en collaboration avec Matsuko.
La Linux Foundation est un consortium à but non lucratif crée en 2007 qui réunit de nombreux industriels et opérateurs et qui permet à ces organisations de travailler ensemble pour développer des projets en open source.