La 5G consacre l’ère du “technicien augmenté”. Cette expérience, explorée dans différents secteurs d’activité, consiste à doter un technicien d’une paire de lunettes de réalité augmentée destinée à soutenir l’exercice de ses missions, gagner en dimension et en profondeur avec la 5G. Les interventions des techniciens d’Engie, avec lequel un premier contrat de co-innovation a été signé, pourront bénéficier d’une assistance experte déportée.
Téléexpertise par lunettes interposées
Un technicien peut ainsi faire appel à un expert à distance pour le guider en cas d’intervention complexe. Il est équipé de lunettes connectées (avec caméra HD) et reliées à son smartphone 5G, à partir duquel il accède à une application dédiée, baptisée “Mon Intervention dans ma Poche”. Il peut y solliciter l’aide d’un expert, avec lequel il est mis en relation via un portail de conférence, et partager avec lui la vue de sa caméra – en temps réel et sans latence, grâce à la 5G. L’expert peut, quant à lui, accompagner son assistance et ses conseils d’indications visuelles, en effectuant des pointages qui se répercutent instantanément dans le champ de vision du technicien.
Le technicien augmenté est déjà une réalité, et l’expérience s’enrichit désormais d’une brique blockchain, avec de nouvelles fonctionnalités.
Cette solution valorise l’apport de la réalité augmentée dans le contexte professionnel ainsi que la force de la 5G. Orange la développe en partenariat avec AMA, spécialiste de la réalité assistée et de la collaboration interactive à distance. Orange intègre au service AMA, déjà déployé et opérationnel, de nouvelles briques technologiques blockchain et IoT destinées à enrichir l’expérience du technicien et de l’expert.
Des enregistrements stockés et tracés
Le premier cas d’usage exploré porte sur la “notarisation des interventions”, c’est-à-dire leur enregistrement et leur authentification à titre de preuve en cas de litige, précise Philippe Delbary, Directeur Innovation en charge du programme Future Of Work. Les fichiers vidéo sont hébergés sur le Cloud et associés à un hash – une signature ou une clé de sécurité unique – stocké sur la plateforme blockchain Archipels, nouvel adhérent à l’Alliance pour la Blockchain Française (ABF). Ce hash de référence, généré à la source, témoigne de l’authenticité et de l’intégrité du fichier et, par extension, de l’intervention. Dès lors qu’un seul pixel de la vidéo est changé, le hash est modifié et il est possible de savoir, par comparaison, si le fichier est corrompu. Le service a été développé et expérimenté dans un premier temps sur la blockchain privée Archipels dans le cadre d’un partenariat avec Engie. A terme, il est susceptible de s’interfacer avec d’autres plateformes, comme le futur socle de blockchain ouverte ABF, cocréée par Orange et Docapost.
D’autres usages à l’étude
La notarisation est une première illustration de l’apport de la technologie blockchain dans le contexte particulier des interventions. D’autres applications pourraient suivre. Les équipes de Recherche d’Orange travaillent à une déclinaison en matière de délégation de responsabilité. Il s’agirait de lever les restrictions auxquelles sont parfois confrontées les techniciens sous-traitants, les empêchant d’intervenir et conduisant à un arrêt anticipé de l’intervention, ou KO technique. “Dans ce cas, il serait possible de solliciter un expert délégant à distance, pour permettre à un technicien délégataire d’ouvrir une porte sécurisée en lui délivrant un pass sous la forme d’un token inscrit sur la blockchain et déposé dans un ‘wallet’ dans son smartphone, avant de notariser son intervention.”
Un autre usage potentiel consiste à associer les fichiers des captations, les photos et le compte-rendu de l’intervention au jumeau numérique de la machine concernée. Cela permet de conserver un historique des interventions en assurant que l’information n’est pas perdue. Cela peut aussi permettre à d’autres techniciens de s’entrainer sur des manœuvres complexes avant de réaliser l’intervention in situ.