• Circuits imprimés biodégradables, smartphones modulaires, composants à faible impact : des solutions émergent, portées autant par des start-up que par de grandes entreprises.
• Chez Orange, l’écoconception s’intègre dans la stratégie d’économie circulaire et devient un axe structurant de transformation, de la conception des box à la sensibilisation des équipes internes.
Et si l’avenir de l’électronique s’écrivait avec du papier et de l’eau ? À l’université de Chicago, des chercheurs ont inventé une méthode de microfabrication écologique qui remplace les procédés chimiques agressifs par… du papier et de l’eau. En imitant l’adhérence du gecko, ils peuvent transférer des circuits électroniques à base de carbone sur des matériaux biodégradables. Cette avancée pourrait transformer la fabrication de capteurs médicaux jetables ou d’autres dispositifs portables.
La microfabrication, qui permet de créer de minuscules motifs à l’échelle microscopique à l’aide d’un procédé appelé photolithographie, pour la fabrication des circuits intégrés, repose traditionnellement sur l’utilisation de produits chimiques nocifs que l’on trouve dans la plupart des appareils électroniques. Les industriels attendent donc l’avènement d’une électronique durable pour réduire leur empreinte carbone. Depuis quelques années, des initiatives d’écoconception exploitent différentes stratégies pour réduire l’impact environnemental d’un appareil : utilisation de composants écoénergétiques dans les appareils, minimisation de la consommation d’énergie et optimisation des circuits.
L’écoconception ne concerne pas que les appareils électroniques, mais aussi les services et les offres marketing
Accélérer les démarches d’écoconception
Selon une enquête de PwC de 2024, près de la moitié des consommateurs déclarent préférer des produits durables. Du côté industriel, des start-up comme la société britannique Jiva Materials misent sur des circuits imprimés biodégradables pendant que d’autres, comme Fairphone, conçoivent des smartphones avec des pièces détachables pour allonger leur durée de vie. « L’écoconception ne concerne pas que les appareils électroniques, mais aussi les services et les offres marketing », explique Yves Boillot, CSR Programme & Strategic Marketing Manager chez Orange. De fait, l’écoconception ne se limite pas qu’aux matériaux : il s’agit d’une volonté de transformation en profondeur du cycle de vie des produits. En 2020, Orange s’est fixé via son plan stratégique « Engage 2025 » des objectifs ambitieux, dont le souhait de généraliser les démarches d’écoconception sur les produits vendus sous sa marque, de promouvoir les services de réparation attractifs et d’augmenter les ventes de mobiles reconditionnés. « Être en démarche d’écoconception, c’est un objectif de moyens », précise Yves Boillot. Pour lui, il est encore difficile de définir strictement un produit éco-conçu.
Sortir de la logique d’une « économie linéaire »
Dans chaque pays où Orange est présent, les équipes locales sont encouragées à innover. « On challenge les pays sur l’écoconception, par exemple pour développer des box « basse consommation » ou conçues avec des matières recyclées. » Ces leviers permettent de réduire les émissions carbone et la dépendance aux métaux critiques. Orange ne fabrique pas directement ses équipements, mais agit en tant que prescripteur, distributeur et collecteur : « On reste encore dans une économie très linéaire, avec des injonctions contradictoires, par exemple entre vendre plus de neuf pour répondre à une logique marketing et encourager les clients à garder leur mobile plus longtemps pour allonger les durées d’usage. »
Dans un grand groupe, la sensibilisation des équipes en interne, notamment des acheteurs et des marketeurs, est primordiale. Chez Orange, des formations sont proposées via Orange Campus et certaines initiatives sont présentées en comité de direction. « Il y a cinq ans, les gens pensaient que l’économie circulaire c’était le recyclage. Aujourd’hui, on pourrait dire que recycler, c’est ce qu’on fait quand on a tout raté. L’écoconception, en amont du cycle de vie, est au cœur de la démarche d’économie circulaire. » La mise en œuvre de la circularité doit se faire à travers des évolutions des modèles économiques, explique Yves Boillot : « Par exemple, le leasing généralisé, au-delà des box, permettrait d’augmenter la durée d’usage des équipements clients. » L’économie circulaire, conclut-il, est un modèle de résilience face aux enjeux d’approvisionnement et de souveraineté géopolitique : « C’est une condition de durabilité économique. »
