Fake news, fake news, fake news… Ces deux mots sont répétés tant et tant de fois – dans les conversations, dans les colonnes des quotidiens, dans les JT télévisés, etc. – qu’ils ont intégré le vocabulaire courant, à l’égal d’une locution latine.
Une recette qui n’a rien de nouveau
La répétition touche même à l’usure voire à la saturation, et l’expression semble aujourd’hui galvaudée. « Cessons de parler de fake news et employons les mots qui désignent ce type d’agissement : désinformation, manipulation, intox, etc., propose Grégoire Lemarchand, adjoint au rédacteur en chef à l’AFP en charge de la cellule réseaux sociaux. Quel que soit le nom qu’on lui donne, le phénomène se reconnaît à certains marqueurs, actifs de façon séparée ou associée : un objectif de propagande, la culture du « lol« ou du « lulz« , ou/et l’agissement des usines à clics La falsification est un exercice ancien : rédigé en 1901, le Protocole des Sages de Sion veut se faire passer pour un ouvrage écrit par un simili-sanhédrin et exposant leur plan de domination du monde. Il aura une résonance considérable et pérenne dans le monde entier, qui aurait pu être démultiplié dans le monde 2.0, avec les réseaux sociaux et la désintermédiation rampante. « Avec le web, les canaux de diffusion de l’information alternatifs se sont démocratisés : les youtubeurs, les twittos, etc. tendent à devenir des média de fait. Sans le revendiquer pour autant, comme Mark Zuckerberg quand il déclare que Facebook ne veut pas être arbitre de la vérité. »
Pour les médias, un travail d’équilibriste
Dans cette équation, quel positionnement et quels choix doivent adopter les média traditionnels ? La critique est aisée, mais l’art est difficile… Pour Grégoire Lemarchand, les média ne peuvent se soustraire à un devoir de responsabilité et d’éducation. Seulement, le filtrage doit être rigoureux. « Il s’agit de sélectionner les fausses informations ayant le plus fort taux de propagation et de résonance afin de les déconstruire et de les analyser, dans une optique de sensibilisation et de démystification auprès du grand public. »
Selon lui, une autre absolue nécessité réside dans la collaboration entre médias pour renforcer l’efficacité d’un tel travail. Des initiatives lancées ces dernières années confirment ce constat.
La résistance s’organise
L’un des projets les plus significatifs dans ce domaine a abouti à la création en 2015 du réseau First Draft, consortium d’entreprises de médias, de réseaux sociaux, de chercheurs et d’ONG unis contre les fausses informations. First Draft a lancé en 2017 un dispositif collaboratif de vérification de contenus en ligne, CrossCheck. Partie prenante de cette initiative, l’AFP s’est par ailleurs alliée à Facebook dans la mise en place de son outil de fact-checking. L’agence s’associe enfin au projet d’innovation européen InVID, qui vise à la mise au point d’un système de contrôle des contenus vidéographiques circulant sur le web.
Plus que jamais, l’AFP se donne les moyens de tenir sa promesse : une information vérifiée à 100 %.
« Avec le web et l’explosion des plateformes numériques, tout le monde est un media qui se revendique comme tel ou non, et qui se démocratise. Et les contenus non vérifiés se diffusent à une vitesse sans précédent. »