● En France, la start-up Lucine sensibilise les entreprises et les particuliers aux douleurs chroniques pelvi-périnéales et propose de les traiter grâce à des expériences en réalité virtuelle qui intègrent des fréquences sonores et lumineuses spécifiques.
● Pour aider les seniors en Ehpad à s’évader, stimuler leur mémoire ou encore atténuer leurs troubles du comportement, la start-up lyonnaise Lumeen propose, quant à elle, des expériences d’évasion et de relaxation inédites.
Libérer la médecine des approches pharmacologiques grâce à la technologie ? Une hypothèse de plus en plus probable : une équipe de l’université du Colorado a récemment mené une étude clinique démontrant que l’usage de la réalité virtuelle (RV) dans des environnements naturels relaxants lors d’opérations de la main a permis de réduire la quantité d’agents anesthésiques et la durée des séjours en unité postopératoire. Ces immersions sont une aubaine pour faciliter certaines procédures pour les enfants souffrant d’anxiété. « La réalité virtuelle agit comme un analgésique comportemental et offre une distraction qui peut s’adapter de manière harmonieuse aux interventions comme les procédures avec les aiguilles, le retrait de broches ou encore le changement des pansements pour les grands brûlés », nous explique Jean-Simon Fortin, un ancien médecin urgentiste qui, à Montréal, a créé Paperplane Therapeutics. Cette start-up a développé des jeux en réalité virtuelle pour les enfants dans lesquels ces derniers doivent interagir avec leur environnement.
L’entrepreneur est convaincu qu’une diffusion naturelle de ces pratiques aura lieu. Pour répondre à des besoins variés, Paperplane Therapeutics a également développé des expériences qui préparent les enfants à passer des IRM dans lesquelles ils peuvent voir ce qu’ils vont vivre et appréhender les consignes, afin de réduire peur et anxiété en amont de l’examen. « Pour les adolescents et les adultes, nous avons développé d’autres usages en réalité virtuelle avec des outils qui permettent de capter la respiration des patients pour leur proposer des exercices de respiration. Nous espérons aller plus loin dans la gestion du stress chez les adultes avec des thérapies comportementales et cognitives basées sur la réalité virtuelle, pour les aider à traverser des traitements lourds, comme les chimiothérapies, les hémodialyses ou les soins palliatifs », explique-t-il. La réalité virtuelle dispose, par ailleurs, de vertus dans le traitement des pathologies plus longues, comme les douleurs chroniques.
Ces traitements en réalité virtuelle se basent sur des stimulations conçues avec des fréquences visuelles et sonores spécifiques
Traiter les douleurs pelvi-périnéales
Après avoir changé plusieurs fois de positionnement et de modèle économique, la start-up bordelaise Lucine, spécialisée dans les thérapies digitales (DTx) a pris le parti de développer des outils de réalité virtuelle destinés à traiter les douleurs chroniques et plus précisément les douleurs pelvi-périnéales. Elle a développé un environnement numérique dans lequel l’attention de l’utilisateur est détournée de la douleur et cette dernière est apaisée grâce à des stimulations basées sur des fréquences visuelles et sonores spécifiques. Maryne Cotty-Eslous, la dirigeante et fondatrice de la société, explique cependant, après des années de développement : « Nous nous sommes rendu compte que la vraie valeur de notre offre n’est pas dans le fonctionnement du dispositif, mais dans le service que l’on apporte. » Le pari de Lucine est le suivant : le produit, qui prend la forme d’un casque de réalité virtuelle ou d’une tablette, arrive à la fin de la chaîne de valeur. Outre une stratégie de démarchage à domicile type « réunion Tupperware » où les femmes sont sensibilisées et où les produits sont présentés, la start-up propose une expérience pédagogique singulière : « Nous allons dans les entreprises pour réaliser des ateliers avec un simulateur de douleurs de règle, ce qui permet de briser la glace et de partager des informations aux participantes et participants. Dans un second temps, nous proposons des outils, par exemple pour aider les hommes à aborder le sujet avec des femmes qui souffrent de ce type de douleurs, et enfin, nous organisons des ateliers uniquement avec les femmes. Nos prochains travaux visent à développer des expériences qui ciblent toutes les douleurs chroniques. »
Des programmes adaptés aux seniors
Il y a un mois, la start-up lyonnaise Lumeen a racheté les actifs de Cayceo, autre acteur de la réalité virtuelle spécialisé dans l’hypnose médicale. Une manière pour Lumeen de développer une offre plus large car, à l’origine, la société dirigée par Corentin Metgy s’adresse à un public bien particulier : « Nous offrons la possibilité aux Ehpad de proposer à leurs résidents des expériences d’évasion grâce à la réalité virtuelle, car nous avons constaté que cela a un effet de bien-être immédiat sur les personnes âgées et les équipes de soignants nous ont fait part de vertus de ces technologies en matière d’atténuation des troubles du comportement, de stimulation de la mémoire ou encore sur la diminution de l’apathie. » Pour ce faire, Lumeen dispose d’un catalogue de vidéos qui permet aux utilisateurs de visiter des monuments, d’assister à des concerts ou spectacles ou encore de visiter des lieux que les utilisateurs ont connus. « Nous avons développé un logiciel de pilotage qui permet de diffuser le même contenu dans plusieurs casques, ce qui permet aux Ehpad de proposer des immersions similaires à des petits groupes qui peuvent ensuite partager leur expérience. »