• L’adoption croissante des robots dans la viticulture et les cultures biologiques répond à la pénurie de main-d’œuvre et certaines exigences environnementales.
• La gestion des cultures profite de l’analyse IA de données, permettant de détecter les maladies des plantes et d’optimiser l’utilisation des engrais pour des rendements accrus.
Les agriculteurs font face à la pénurie de main-d’œuvre, à la complexité de la gestion des ressources et aux impératifs environnementaux. Ils peuvent potentiellement gérer leurs terres et leurs ressources en se tournant vers l’automatisation et la robotique agricoles. Lors du CES 2025, des leaders de l’industrie des machines agricoles tels que John Deere et Kubota ont présenté des solutions de machines autonomes qui promettent d’accroître la productivité et la durabilité des exploitations agricoles. Comment la vision d’une ferme du futur utopique que laissent entrevoir ces outils fondés sur l’intelligence artificielle se traduit-elle actuellement dans les faits ?
L’IA permet d’analyser les données des capteurs pour fournir des recommandations précises aux agriculteurs, améliorant ainsi la gestion des cultures et la prise de décision
Les robots au travail ?
Les robots agricoles gagnent du terrain, prenant en charge des tâches allant du désherbage mécanique à la surveillance des cultures. Selon l’infographie de l’Observatoire des usages numériques, environ 600 robots agricoles étaient actifs en France en 2023, contre seulement 100 en 2018. Victoria Ruiz, la responsable de cet Observatoire, précise que « les robots ne sont pas encore partout, mais leur adoption progresse, surtout dans des filières à forte valeur ajoutée comme la viticulture ». En France, la société Pellenc propose à ce titre le robot RX 20 utilisé pour le broyage et le désherbage mécanique sur et entre les rangs, permettant aux viticulteurs de gérer leurs parcelles de manière plus efficace et durable. De son côté la société Vitibot propose un robot enjambeur de vigne baptisé Bakus, qui peut être doté de différents outils comme des intercepts électriques, une tondeuse, etc.
Les robots de désherbage, par exemple, sont particulièrement utiles dans les cultures biologiques où l’utilisation de produits chimiques est limitée. Stéphane Volant, chargé de mission de technologies de l’innovation de la CUMA Ouest, explique que « ces robots permettent de réaliser des tâches répétitives et fastidieuses, libérant ainsi les agriculteurs pour des activités à plus forte valeur ajoutée. Cependant, leur adoption reste freinée par des facteurs tels que le coût élevé et les incertitudes réglementaires ». En France, l’un des robots les plus connus se nomme Oz. Développé par Naïo Technologies, il est conçu pour le désherbage mécanique et est particulièrement utile dans les cultures biologiques. Il permet notamment de réduire l’utilisation de produits chimiques.
Comment l’IA change la donne
L’intelligence artificielle joue un rôle clé dans cette transformation. Brett McMickell, CTO de Kubota North America, explique que « l’IA permet d’analyser les données des capteurs pour fournir des recommandations précises aux agriculteurs, améliorant ainsi la gestion des cultures et la prise de décision ». Cette technologie permet de détecter les maladies des plantes, d’optimiser l’utilisation des engrais et de prédire les rendements, offrant ainsi des avantages économiques et environnementaux significatifs. Les systèmes d’IA intégrés dans les équipements agricoles peuvent permettre une surveillance continue des cultures, identifiant les problèmes potentiels avant qu’ils ne deviennent critiques. Cela permet aux agriculteurs de réagir rapidement et de manière ciblée, réduisant ainsi les pertes et améliorant la qualité des récoltes.
Collaboration et Innovation Ouverte
À la différence d’autres fabricants, le géant japonais Kubota adopte une approche d’innovation ouverte, collaborant avec divers partenaires pour développer des solutions technologiques adaptées aux besoins des agriculteurs. Brett McMickell précise que « nous travaillons avec des universités et des start-up pour intégrer les dernières avancées technologiques dans nos produits, tout en rendant ces innovations abordables et faciles à utiliser pour les agriculteurs ». Cette stratégie vise à créer un écosystème technologique qui soutient les agriculteurs dans leur transition technologique. Les coûts d’accès à ce type d’innovation restent cependant élevés et, pour surmonter les obstacles financiers, certains agriculteurs explorent des modèles de mutualisation des équipements. Les coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA) jouent un rôle crucial dans cette dynamique. Stéphane Volant explique que « les CUMA permettent aux agriculteurs de partager les coûts et les risques associés à l’achat de technologies avancées, rendant ainsi ces innovations plus accessibles ». Il ajoute que « les incertitudes réglementaires freinent encore leur adoption généralisée ». Victoria Ruiz précise par exemple que « actuellement, les robots ne peuvent pas circuler librement sur les routes, ce qui complique leur utilisation sur des parcelles éloignées ». Une collaboration étroite entre les législateurs, les fabricants de technologies et les agriculteurs est nécessaire pour trouver des solutions viables.
Croissance rapide des robots agricoles en France. :
L’adoption des robots agricoles en France a connu une croissance significative, passant de 100 en 2018 à 600 en 2023, reflétant une tendance vers l’automatisation dans le secteur agricole.