• Il en enrichit les fonctionnalités et ouvre la voie à une messagerie mobile de nouvelle génération.
• Le RCS permettra l’interopérabilité, en particulier entre l’environnement Android de Google et le monde iOS d’Apple.
Du SMS au RCS, deux lettres seulement changent mais un bond technologique significatif est accompli dans le domaine de la messagerie mobile. Le SMS (Short Message Service) a vu le jour dans les années 1990 dans les canaux de signalisation GSM et occupe depuis une place de choix dans les usages quotidiens. Son succès est persistant : 12,8 milliards de SMS A2P (Application to Person, d’une application à un utilisateur) en 2022. Avec ses évolutions telles que le MMS (Multimedia Messaging Service) ce protocole coexiste désormais avec des solutions alternatives propriétaires, WhatsApp et iMessage en tête, et leurs fonctionnalités enrichies.
Avec le RCS, rendre la bulle verte – emblématique des messages texte de smartphones Android – mieux disante, plus attrayante et avec une interopérabilité garantie
Aligné sur les standards OTT
Il était donc tout naturel qu’un SMS 2.0 soit mis au point, et la réponse est arrivée avec le , qui adopte un format et des fonctionnalités proches de ceux proposés par les services « » (OTT) : messagerie de groupe, notifications d’écriture ou de disponibilité, transfert de fichiers, etc. La normalisation de ce nouveau protocole a débuté à la fin des années 2000 au sein de la GSMA, pour aboutir en 2016 à la publication du standard Universal Profile. Impulsée par les opérateurs, l’initiative RCS a par la suite rallié à sa cause le géant Google, et vise à fluidifier l’implémentation de la technologie sur l’environnement Android. Philippe Lucas, Directeur Terminaux & Partenariats chez Orange, détaille l’objectif : « Rendre la bulle verte – emblématique des messages texte de smartphones Android – mieux disante, plus attrayante et avec une interopérabilité garantie, via une solution de confiance opérateur. Et cela, en apportant plus de richesse et de valeur aux clients, s’agissant de relations interpersonnelles et de communication en groupe, mais aussi en termes d’échange de personne à service, pour élargir le champ des possibles dans le domaine de la relation client. »
Pour une entreprise, une opération de communication fondée sur le RCS est en effet l’occasion d’étoffer les interactions (avec des carrousels, des photos, vidéos, etc.) avec les consommateurs. Là où une campagne publicitaire SMS présente des taux de retour de l’ordre de 2 à 5%, ceux-ci peuvent atteindre 15% à 20% si cette même campagne est déployée en configuration RCS.
Un déploiement en accélération
Grâce à l’engagement des opérateurs télécoms et de Google, le chantier d’implémentation du RCS a déjà franchi plusieurs jalons majeurs, jusqu’à rendre l’intégralité des terminaux Android compatibles, sur la base d’une solution native unique : Android Messages. La grande majorité des utilisateurs évoluant dans le monde Android, quel que soit son opérateur ou le fabricant de son smartphone, peuvent bénéficier des avantages du RCS via sa messagerie standard, sans avoir à télécharger d’application. En France, cela représente 45% du parc de smartphones actifs, soit 25 millions d’appareils environ.
Jusqu’à récemment, Apple préférait capitaliser exclusivement sur sa technologie propriétaire. Sur un iPhone, la distinction entre les bulles bleues réservées aux interactions iMessage et les bulles vertes destinées aux échanges SMS avec des terminaux Android a longtemps été la norme. Cependant, la firme de Cupertino a révélé en novembre 2023 sa volonté de déployer le protocole RCS sur iOS.
Apple rejoint le mouvement
Une annonce que Google et de nombreux opérateurs, dont Orange, appelaient de leurs vœux et qui a donc été accueillie très favorablement. Pour Philippe Lucas, cette décision révèle « une prise de conscience quant à l’ampleur prise par les alternatives aux SMS/MMS et à iMessage. En Europe notamment, où des solutions comme WhatsApp sont largement adoptées et atteignent des taux de pénétration très élevés – 100 % en Espagne par exemple. Mais aussi aux Etats-Unis, où les utilisateurs iPhone tendent à se détourner d’iMessage pour des usages de group messaging ou de communication avec des personnes hors du territoire domestique. »
L’évolution de la réglementation européenne a aussi influé sur l’arbitrage d’Apple. La mise en application prochaine du Digital Markets Act, qui pose une obligation d’ouverture et d’interopérabilité pour certains services dits « gatekeepers » (contrôleurs d’accès), pesait comme une épée de Damoclès au-dessus du géant californien et de sa solution iMessage, potentiellement concernée.
Plus de portée, plus d’innovation ?
Que change l’adhésion d’Apple ? De façon mécanique, elle accroîtra considérablement le rayonnement du RCS. En y ajoutant l’iPhone, la proportion des terminaux compatibles pourrait représenter dès 2025 80 % du parc de terminaux global. Le RCS en lui-même constitue une disruption, mais n’était pas perçu jusqu’ici comme un véritable matériau d’innovation, faute de portée suffisante. Son adoption par Apple pourrait changer cette donne. Mais le portage du RCS sur l’environnement iOS marque avant tout une évolution d’usages : « Le plus important », conclut Philippe Lucas, « réside dans la possibilité d’avoir, enfin, une bulle verte augmentée et interopérable. Demain, les possesseurs d’iPhone n’auront plus à sortir de Messages pour pouvoir engager une communication enrichie, y compris en groupe, avec le monde Android, et vice-versa. »
Rich Communication Services. Protocole de messagerie développé au sein du GSMA, offrant des services enrichis (chat privé, chat de groupe, transfert de fichiers, appels vidéo, etc.), accessibles via Wi-Fi ou connexion mobile.
Se dit d’un service déployé par un éditeur ou un fournisseur de contenus via les réseaux existants des opérateurs, sans contrepartie financière.