• Des artistes comme Benoît Carré explorent l’IA comme un outil de surprise et de collaboration, tandis que des chercheurs comme Ada Ackerman analysent son impact sur le patrimoine culturel.
• Les enjeux de propriété intellectuelle, quant à eux, deviennent centraux, comme l’explique Xavier Pres, avocat spécialisé en droit de la propriété intellectuelle et droit du numérique.
Parlons Tech, épisode 22 avec :
- Ada Ackerman – Chercheuse au CNRS, commissaire de l’exposition Le Monde selon l’IA
- Benoît Carré – Musicien et pionnier de la création musicale avec l’IA (projet SKYGGE)
- Xavier Près – Avocat associé chez Valther, spécialiste de la propriété intellectuelle
Dans ce nouvel épisode de Parlons Tech, la chercheuse Ada Ackerman rappelle que l’art génératif n’est pas nouveau : dès les années 1950, certains artistes utilisaient les ordinateurs pour déléguer une partie du processus créatif. Aujourd’hui, les IA génératives, comme MidJourney ou Stable Diffusion, permettent de travailler différemment. Ces outils offrent aux artistes la possibilité de revisiter le patrimoine, comme des peintures préhistoriques ou encore les films inachevés d’Abel Gance, voire même de recréer les « images manquantes » de notre histoire. Elle rappelle que derrière les modèles d’IA se cachent une industrie polluante et des travailleurs du clic, souvent précaires, qui annotent les données pour améliorer les algorithmes. Autant de thématiques mises en exergue dans l’exposition Le Monde selon l’IA qui s’est tenue au Jeu de Paume à Paris.
L’arrivée des IA génératives pose toutefois une question cruciale : qui est l’auteur d’une œuvre créée avec l’IA ?
L’artiste Benoît Carré partage son projet, Chansons impossibles, où il utilise par exemple l’IA pour faire chanter des chansons modernes de PNL avec la voix de Dalida. Il estime que l’IA offre la possibilité à l’artiste de sortir de sa zone de confort. L’idée : créer un dialogue entre le présent, et le passé. En créant ses propres modèles. L’un de ses objectifs est de chercher à générer des surprises contrôlées, comme des mélodies ou des accords inattendus.
Création et dépossession : la question du droit d’auteur
L’arrivée des IA génératives pose toutefois une question cruciale : qui est l’auteur d’une œuvre créée avec l’IA ? Aux États-Unis et en Chine, la jurisprudence commence à reconnaître une protection du droit d’auteur, si l’humain exerce un contrôle créatif suffisant sur le processus. En France, le cadre juridique reste flou. Xavier Près souligne que, pour l’instant, seule une œuvre reflétant des choix libres et créatifs peut être protégée. Les artistes doivent donc documenter leur processus (prompts, itérations, modifications) pour prouver leur apport personnel. Enfin, le sujet de l’entraînement des modèles d’IA sur des œuvres protégées pose de nombreuses questions : aujourd’hui, la plupart des géants de l’IA utilisent des données sans autorisation ni rémunération des artistes. Xavier Près rappelle que, en principe, l’utilisation de contenus protégés nécessite l’accord des ayants droit, sauf exception.







