C’est un drôle d’objet développé par la société Somnox : un coussin qui se prend dans les bras, qui se gonfle et se dégonfle au rythme de la respiration afin d’aider ses propriétaires à s’endormir. « On s’intéresse à la robotique molle car, dans le cas de contacts avec l’homme, la mécanique traditionnelle présente des dangers », nous explique Julian Jagtenberg, le dirigeant de la société néerlandaise à l’origine de ce produit. Si son objet connecté intègre un gyroscope, un accéléromètre et un capteur de CO2, il reste encore loin d’incarner ce que peut réellement promettre la robotique molle dans les produits de consommation courante. Il s’agit en réalité d’un système mécanique intelligent, enveloppé par des couches de tissu. Pour voir de réelles applications de la robotique molle, il faut s’orienter vers l’industrie ou la réalité virtuelle.
Bientôt des muscles artificiels ?
Les applications en robotique molle n’en sont qu’à leurs premières heures. « À court terme, je mise sur des robotiques souples. Par exemple, dans la réalité virtuelle, des actionneurs organiques et flexibles sur des vêtements peuvent produire des expériences de toucher plus agréables et plus réalistes », souligne Timothy Morrissey, cofondateur de la société américaine Artimus Robotics, qui a fait son apparition au CES de Las Vegas cette année. Sa société conçoit des actionneurs souples intelligents, dont l’utilisation dans l’industrie médicale ou automobile, est prometteuse. Pour lui, « la robotique molle trouve sa place dès qu’il y a une interaction avec l’homme : cela peut être dans un lit comme dans l’automatisation industrielle où il n’a pas encore été possible d’automatiser une tâche manuelle ». Son rêve : révolutionner le mouvement artificiel. « Nous souhaitons créer un composant de base qui sera comme un muscle artificiel, dans lequel un actionneur robotique souple fournit un mouvement de type musculaire pour accomplir un large éventail de tâches physiques. »
Si l’on regarde l’évolution de la technologie depuis les années 60, on est aujourd’hui plus doués pour l’utiliser afin d’accomplir des tâches intellectuelles que des tâches laborieuses.
L’industrie est déjà prête
Couplés à l’apprentissage profond et à l’IA, ces nouveaux dispositifs permettront de libérer les hommes des tâches pénibles et fastidieuses. En Allemagne, la société SoftGripping a développé des pinces souples pour l’industrie. Elle fournit cet outil en premier lieu à l’industrie alimentaire, où une pince mécanique traditionnelle ne pourrait pas saisir certains produits sans les endommager. Pour le représentant de cette entreprise, Adrian Ernst, « la robotique molle permet de manipuler des objets sensibles et de s’adapter à toutes les formes d’objet. La pression de l’air envoyée dans la pince permet à ses doigts de se fermer ou de s’ouvrir. C’est idéal pour réaliser des tâches que des opérateurs ne souhaitent pas faire, comme prendre des cuisses de poulet ou du pain et les déplacer d’un endroit à un autre ». Cet outil permet également d’attraper plusieurs objets en même temps. Pour SoftGripping, son innovation vise également à aider les industriels à répondre à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur. « Jusqu’à présent, cette pince pouvait soulever jusqu’à 1 kg. Notre nouvelle version permettra d’atteindre 4,5 kg, l’idéal pour manipuler des ananas, des filets de carottes ou de pommes de terre », ajoute Adrian Ernst.
Nouvelles perspectives pour les dispositifs médicaux
Si les fans de science-fiction ont déjà compris que la robotique molle permettra aux robots de disposer de fonctionnalités proches de celles des humains ou d’autres animaux, leur entrée dans les biens de consommation n’est pas imminente. Les propriétés physiques des dispositifs issus de la robotique molle étant éloignées de ce que la mécanique actuelle propose, c’est tout un champ d’ingénierie qui doit se réinventer. Cette discipline offre toutefois de nombreuses possibilités en matière de conception de dispositifs médicaux, par exemple pour développer des vêtements de compression intelligents. Reste qu’entre le temps de développement et celui nécessaire aux approbations des institutions réglementaires, les patients devront faire preuve d’un peu de… patience.
En savoir plus :
Comment les muscles artificiels d’Artimus Robotics fonctionnent-ils ? – Artimus 101: How HASEL actuators work | Artimus Robotics Introduction to HASEL actuators