• Les chercheurs travaillent au développement de robots mobiles capables d’analyser les plantes si finement qu’il serait possible de réduire de 95% le volume d’herbicide nécessaire, sans qu’aucune goutte n’atteigne le sol.
• Ils mènent des projets pour réduire le besoin en main-d’œuvre de la filière bois britannique, à participer à la sécurité alimentaire, à éviter la perte de biodiversité et à progresser en matière de séquestration du carbone.
Un robot agricole pourrait-il dispenser de l’herbicide de manière à ce qu’aucune goutte n’atteigne le sol ? C’est l’ambition d’un projet nommé Autonomous Smart Spot-Precision Application of Herbicide (ASPA) dont le développement, à l’Université de Warwick (à quelques kilomètres de Birmingham au Royaume-Uni), doit s’achever en mars 2025. « Avec l’intelligence artificielle, l’objectif est de réduire de 95% le volume d’herbicide utilisé grâce à une fine connaissance du dosage nécessaire, une connaissance précise de la plante, de sa position, de sa taille, etc. », explique Emilio Loo Monardez, l’ingénieur responsable de l’initiative baptisée Warwick Agri-Tech, lancée officiellement en décembre 2023. Grâce à l’expertise de sa School of Life Sciences (SLS) et de WMG, son département spécialisé dans l’industrie, l’Université travaille sur sept projets de recherche appliquée pour aider le secteur agricole. Elle cherche à tirer profits de transferts de technologies issus de la SLS et de WMG pour accélérer le développement d’innovations agricoles. Elle veut contribuer à l’avenir de l’agriculture grâce à l’automatisation, en s’attaquant à des problèmes tels que la pénurie de main-d’œuvre, l’insécurité alimentaire et la perte de biodiversité. « Tous nos projets doivent répondre à différents objectifs que sont contribuer à une agriculture résiliente, abordable et, évidemment, nutritive. » Agriculture durable, santé des sols, dépistage de maladies, phénotypage, protection des cultures, agriculture de précision… les intentions de l’initiative sont vastes : « On étudie de nombreuses opportunités en matière d’innovations, mais toutes doivent répondre à des objectifs environnementaux à fort impact. »
Les données recueillies permettent d’identifier les populations d’insectes
Des robots pour évaluer le niveau d’infestation des cultures
Un autre projet de Warwick Agri-Tech, baptisé Integrated Crops Scouting System (ICROSS), vise à protéger les cultures à l’aide de robots mobiles autonomes (AMR) : « En moyenne 20% des cultures sont perdues à cause des nuisibles, le plus souvent des tétranyques [des acariens]. Le robot, doté de caméra spectrale, de caméra infrarouge, de caméra thermique et de caméra haute définition, envoie des données à un système de machine learning capable d’évaluer le niveau d’infestation des cultures. Les données recueillies permettent d’identifier les populations d’insectes et sont croisées avec celles d’une plateforme dite « Integrated Pest Management (IPM) », à savoir un système qui permet de savoir comment lutter contre les nuisibles, de manière biologique, ou chimique. « On sait avec précision quand il faut envoyer d’autres insectes pour détruire les parasites, ou alors quand utiliser des pesticides et en quelle quantité. » Warwick Agri-Tech a développé un autre robot AMR baptisé CropMAP, utilisant aussi la computer vision, afin de collecter le phénotype des plantes, à savoir les traits observables de ces dernières : « Des informations comme la forme des feuilles ou d’une plante nous permettent de fournir des données aux agronomes, mais également de savoir si l’irrigation fonctionne bien et donc de détecter d’éventuelles fuites d’eau dans les systèmes. »
Répondre au manque de main-d’œuvre dans la filière bois
D’autres systèmes visent à faciliter la production de jeunes pousses d’arbres (dont la taille est de 20 à 80 cm). « Il faut en permanence classifier les arbres, d’où notre volonté de développer un système robotique capable de les classer, de séparer des lots, puis de reconstituer des lots sans abîmer les plants avant de les envoyer aux clients. » L’automatisation est poussée au point d’inclure une station de chargement. « Ce sont des systèmes très délicats puisque, parfois, dans un lot où différents plans sont présents, les racines sont emmêlées. Certains fournisseurs de plans pourraient doubler ou tripler leurs commandes, mais ils ne peuvent aujourd’hui pas y répondre faute de main d’œuvre. » Ces outils pourraient être déployés sur des projets de reforestation.
En savoir plus :
Warwick Agri-Tech ploughs the future of farming and forestry with robotics (en anglais)
Warwick University plans world class ‘Innovation Campus’ (en anglais)