● En France, l’association France Immersive Learning, cofondée notamment par Orange, valorise les solutions à destination des professionnels ou des organismes de formation.
● Dans des grands groupes comme Natixis, Vinci ou Alstom, la réalité virtuelle n’est plus un fantasme, mais une réalité dans les formations.
Perché au 25e étage du nouveau siège de Natixis à Paris, un nouvel espace de 300 m² a ouvert ses portes fin 2022 : un Lab VR, dédié exclusivement à la formation des employés en réalité virtuelle. Il s’agit d’un signal fort pour une technologie qui met du temps à gagner les foules, après la sortie des premiers casques Oculus, il y a déjà plus de dix ans. « Nous sommes au début d’une adoption massive de ces technologies », note Nicolas Dupain, le président de France Immersive Learning, un pôle de compétences qui rassemble les acteurs de la filière, fondé par le Cnam, Orange, Natixis, l’UPEC (Université Paris-Est Créteil), Défi métiers et l’Agefiph. « Si on exclut le jeu vidéo, les premiers marchés de la réalité virtuelle sont l’éducation et la formation, poursuit Nicolas Dupain. Il est aujourd’hui important pour les acteurs de penser en termes de stratégie de formation, car c’est tout un chemin que de se lancer dans ce type de formation, entre les équipements, l’ingénierie pédagogique et les contenus. Sinon, c’est de l’animation ponctuelle. »
Des formations plus attractives
Chez Natixis, d’ici cet été, 9.000 collaborateurs seront formés aux consignes d’évacuation de la tour dans ce Lab par groupes de huit, grâce à l’application Case (Casque Autonome En Situation d’Enseignement) dédiée au pilotage de sessions de formation en XR. « On se rend compte que dans les formations dites obligatoires, on a généralement 50% d’absentéisme. Avec cette solution, 100% des personnes sont présentes. Cela s’explique par l’attrait d’un nouveau médium, mais également par la densité du contenu et le bouche-à-oreille. D’ailleurs, 10% des salariés ont demandé à refaire la formation parce qu’ils ont apprécié cette expérience ». Onboarding, formation continue, entraînement à la prise de parole en public ou apprentissage des gestes métiers… la réalité virtuelle et la qualité des technologies d’immersion, offrent des perspectives pertinentes à la formation professionnelle. Chez Alstom, par exemple, de nouveaux Lab VR sont également prévus. France Immersive Learning accompagne les sociétés et initie les formateurs, pour permettre ensuite aux entreprises d’être totalement autonomes.
La réalité virtuelle est également un outil d’inclusion, puisque l’on peut former des personnes grâce à des casques, en reproduisant des environnements de travail.
Des usages dédiés à la sécurité au travail
Chez Omexom, la marque de Vinci Énergies dédiée à la transition énergétique, les équipes de Knowledge Management ont décidé d’internaliser le développement des applications en réalité virtuelle. « Notre groupe a une politique Sécurité “zéro accident”. La réalité virtuelle s’adapte particulièrement bien aux besoins de formation des techniciens qui travaillent sous haute tension ou en hauteur, nous explique Elena Getman, ingénieure pédagogique multimédia chez Omexom. Nous avons commencé par développer des modules pour les postes de transformation, car c’est là où les métiers sont le plus à risque. Nous en proposons désormais pour la maintenance des armoires électriques ou l’identification des risques sur les sites de construction des postes de transformation. » Pour les usagers, il s’agit d’un moyen supplémentaire de sensibilisation qui permet l’apprentissage par l’erreur.
Une quête d’inclusivité
« La réalité virtuelle est également un outil d’inclusion, puisqu’elle permet de former un plus grand nombre de collaborateurs par la pratique, y compris ceux qui ont un faible niveau scolaire, précise Elena Getman. Cela a été le cas récemment, pour nos équipes de monteurs au Brésil. On a souhaité les inclure différemment dans la formation, grâce à la réalité virtuelle déployée au plus près des chantiers. »
Pour que ce type d’application puisse fonctionner sans résistance de la part des utilisateurs – car certains ne sont pas habitués à ces technologies, la solution se trouve certainement dans des outils hybrides. On pense évidemment aux casques de réalité mixte, dont la maturité n’est pas encore au rendez-vous, mais devrait l’être dans les cinq prochaines années. « Tout le monde attend que la réalité mixte prenne son envol », assure Nicolas Dupain.