Que fait un conducteur quand il pilote son véhicule ? Il arbitre en permanence en fonction de ce qu’il voit, mais aussi de ce qu’il perçoit et même déduit. Et il s’appuie aussi sur son expérience de la conduite, qui augmente son expertise. C’est bien cela que doit savoir réaliser la voiture autonome : en étant plus sûre et – si possible – encore plus rationnelle, écologique et économique…
Donc l’on imagine bien que la voiture autonome, qui se profile à l’horizon, devra être bardée de technologie : capteurs, radars, webcams, etc., mais elle devra aussi inclure des logiciels d’intelligence artificielle pour effectuer les meilleurs arbitrages de conduite.
Peut-être, d’ailleurs, est-ce beaucoup demander à une « machine » de penser exactement comme un être humain. Mais la question ne se pose pas tout à fait en ces termes. En effet, la voiture autonome dialoguera, par l’intermédiaire de ses équipements, avec les autres véhicules en circulation, mais aussi avec les panneaux de signalisation, les feux, les radars etc. Quant aux routes elles-mêmes, elles seront équipées pour communiquer sans latence avec les véhicules.
En réalité, la voiture autonome s’inscrit dans un projet plus général de « smart city » : la ville écologique, fluide, grâce à l’innovation, mais aussi de « smart territory » au-delà des frontières urbaines…
Plus vraiment un rêve, pas encore une réalité
Mais alors la voiture autonome, arrive-t-elle bientôt ? « Ce n’est plus vraiment un rêve mais ce n’est pas encore non plus la réalité pour tout de suite, explique Lyse Brillouet, directrice de recherche Société numérique au sein de Orange Labs Recherche). Ni les technologies, ni les infrastructures, ni la législation ne sont prêtes pour son déploiement massif et rapide. » « Nous prévoyons une phase de transition assez longue entre l’automobile actuelle, les voitures connectées ou semi-connectées, puis la voiture autonome », ajoute-t-elle.
Quand elle sera réalité, « la voiture autonome transformera indubitablement le secteur de l’automobile, poursuit Lyse Brillouet. Un enjeu non négligeable à prendre en compte, lorsque l’on sait qu’en Europe, ce secteur d’activité représente 4 % de la production économique aujourd’hui ». Donc, avec la voiture autonome, demain, des modèles de coopération économique vont devoir être mis en place entre industriels et spécialistes des hautes technologies.
La voiture autonome invite aussi à repenser la question de l’assurance. Qui sera assuré ? Le « conducteur » ou le constructeur automobile ? Comment définir les responsabilités ? Concrètement, qui paiera quoi en cas d’incident ? L’approche sera non plus basée sur la mutualisation des risques, mais sur une sorte d’autodiscipline des individus, monitorés à l’aide d’un écosystème numérique. Un modèle qui est loin de séduire toutes les parties concernées.
Confiance et data
Une étude mondiale de l’observatoire Cetelem montre que, suivant les pays, nous ne sommes pas tous enclins dans les mêmes proportions à faire confiance à l’intelligence artificielle dans la voiture. Ainsi, 91 % des Chinois interrogés se disent très ou plutôt « intéressés par l’utilisation d’une voiture autonome », alors que la proportion tombe à 41 % chez les Français et à 32 % chez les Américains.
Pourtant, comme à la maison, les passagers d’une voiture autonome pourront profiter des nouveaux services qui seront embarqués dans leur véhicule : imaginons le bureau dans la voiture, la vidéo sur demande, les jeux vidéo, etc.
La question de la confiance est intimement liée à celle des données produites dans la nouvelle économie numérique. Or, souligne Lyse Brillouet, « les voitures autonomes vont produire une quantité phénoménale de données et il y aura toute une orchestration à opérer pour le management raisonné de ces données, afin de respecter la vie privée des automobilistes ». Et il faudra également adopter des garde-fous contre le risque de piratage informatique des voitures, qu’il soit ciblé contre un véhicule en particulier, ou contre toute une flotte simultanément.
Les chercheurs ont encore de beaux défis devant eux…