● Complété par de la vision assistée par ordinateur, ce dispositif permet de repérer les espaces où il est possible de se déplacer sans risque de percuter des obstacles, ou des signalisations comme les passages piétons.
● Dreamwaves a également signé un partenariat avec une société de gestion de signalisation routière pour aider les personnes en situation de handicap à bénéficier d’une priorité de circulation.
« Voir le monde à travers vos oreilles », c’est la promesse étonnante d’un entrepreneur portugais installé à Vienne, Hugo Furtado. Titulaire d’un doctorat en réalité augmentée pour la chirurgie cardiaque mini-invasive, le fondateur de Dreamwaves, à l’origine de l’application waveOut, entend simplifier drastiquement la vie des malvoyants et des non-voyants. Son expérience dans l’industrie du son lui a donné l’idée de créer une technologie de réalité augmentée audio, pour aider ces personnes à se déplacer plus facilement : « On utilise tous le son pour s’orienter », explique-t-il. Présente au salon ChangeNow, la start-up propose un système de navigation grâce au son. « On calcule l’itinéraire désiré et on place des points virtuels sonores à différents endroits. Grâce à une technologie de son 3D, l’utilisateur est guidé par un signal sonore et peut entendre exactement où se trouvent ces points virtuels, pour se repérer correctement tout au long de son itinéraire. » L’avantage : ce type de réalité virtuelle ne demande pas de garder son téléphone en main pour utiliser la caméra. « On perd en précision, mais on gagne en expérience. »
Nous avons créé des filtres logiciels pour dupliquer la sensation auditive de l’oreille liée à sa forme, qui nous permet de nous repérer dans l’espace.
Reproduire le son tel que le cerveau le perçoit
Bien entendu, il est possible de voir ces points sur l’écran de son téléphone, ce qui permet par exemple à des enfants qui ne savent pas lire une carte de suivre un itinéraire, mais également aux malvoyants de pouvoir encore utiliser leur vision. Si l’utilisateur prend la mauvaise direction, le signal sonore s’arrête, pour reprendre à la prochaine intersection et ainsi lui permettre de retrouver son itinéraire. Pour développer cette technologie, les équipes de Dreamwaves ont réalisé des simulations afin de comprendre comment les humains perçoivent le son en « 3D », c’est-à-dire comment nous sommes capables de le repérer dans l’espace. « Nous avons donc créé des filtres logiciels pour dupliquer la sensation auditive de l’oreille liée à sa forme, qui nous permet de nous repérer dans l’espace, car le son est filtré par la forme de l’oreille et de la tête », note Hugo Furtado.
Vision assistée par ordinateur
L’approche de Dreamwaves est pensée de A à Z pour les personnes qui ont du mal à se déplacer, et l’application intègre également des systèmes de vision par ordinateur. Dans ce cas, l’utilisateur doit tenir son smartphone ou le porter autour du cou. « Au lieu de détecter des obstacles et de dire à l’utilisateur où il ne doit pas aller, notre technologie se concentre sur le repérage des espaces où il peut marcher en toute sécurité », précise l’entrepreneur. L’utilisation de la caméra ne peut d’ailleurs être que temporaire : « Si on est dans un square, qu’on loupe son virage sans s’en rendre compte et que l’on n’a plus de point de référence, alors on peut se servir de son téléphone pour sortir du square et utiliser la caméra, puis le remettre dans sa poche. » Dreamwaves explique être capable de faire de la segmentation en machine learning directement sur le smartphone pour offrir une expérience fluide de vision par ordinateur, en entraînant ses modèles à reconnaître des données spécifiques, comme les panneaux de signalisation ou les passages piétons.
Une connexion au système de gestion de la circulation
Dreamwaves souhaite cependant aller plus loin : aux Pays-Bas, la société est partenaire de Yunex Traffic (l’entité de Siemens dédiée notamment à la gestion du contrôle adaptatif du trafic routier, NDLR). « Cela nous permet d’être connectés au système de gestion des feux et, donc, de permettre aux utilisateurs de demander la priorité pour passer. Pour des livreurs à vélo, cette fonctionnalité offre la possibilité de savoir s’ils doivent se dépêcher ou non en fonction du prochain feu, et ainsi de rouler de manière plus fluide, sans s’arrêter. » Car si Dreamwaves compte fournir son application gratuitement aux utilisateurs particuliers, la start-up espère monétiser sa technologie via des partenariats comme avec Yunex Traffic, mais également avec des sociétés de livraison par vélo. « Pour ces dernières, chaque minute où les cyclistes ont le pied à terre, représente un manque à gagner », souligne Hugo Furtado. Il ambitionne également que son dispositif soit utilisé par de grandes enseignes comme IKEA, pour aider les malvoyants et non-voyants à se déplacer à l’intérieur du magasin.