De l’intelligence dans la gestion des déchets grâce aux capteurs d’Heyliot

La start-up rennaise Heyliot innove dans le domaine de la gestion des déchets grâce à un capteur à la fois ultraléger, éco-responsable et performant. Son cofondateur, Loïc Coeurjoly, revient sur le parcours et la solution développée par la société, lauréate du Datavenue Challenge dans la catégorie Smart City.

“Un capteur capable de mesurer 24 à 48 points par jour, pour établir le pouls de la production de déchets au plus fin”

Pouvez-vous nous présenter Heyliot en quelques mots ?

Cyril Pradel et moi avons fondé Heyliot en 2017 dans le cadre d’un essaimage Orange, avec l’objectif  d’explorer le champ des possibles ouvert par les nouveaux réseaux IoT. Nous nous sommes penchés sur un premier cas d’usage lié au besoin d’un éditeur de presse souhaitant surveiller le niveau de vente de ses catalogues, afin d’analyser la prise en main des journaux et d’optimiser les réassorts. Les sondes par ultrasons alors proposées sur le marché n’étaient pas capables de transmettre suffisamment de mesures dans la journée pour permettre une analyse pertinente. En étudiant les technologies et composants susceptibles de répondre à cette problématique, nous nous sommes orientés vers un système laser baptisé “Time Of Flight” (mesurant le temps mis par une onde pour parcourir une distance à travers un milieu), auquel nous avons ajouté une connectivité LoRaWan pour aboutir au produit actuel. Les bénéfices de cette solution ont pu être éprouvés sur le terrain, notamment lors d’une étude menée avec le quotidien 20 Minutes sur l’Esplanade de la Défense. Nous avons constaté que les capteurs installés sur les présentoirs proposant le journal en libre-service pouvaient faire la différence et, depuis, il n’y a plus de présentoirs à la Défense mais des personnes qui distribuent les journaux aux points où la plus forte prise en main a été mesurée. Au passage, l’entreprise cliente a pu augmenter sa diffusion, tout en réduisant les coûts liés aux concessions des présentoirs occupant de l’espace public.

Comment avez-vous pivoté vers le domaine de la gestion des déchets ?

Dans le cadre de l’essaimage et au cours d’itérations au sein de la Digital Entrepreneur School, nous avons réfléchi aux potentialités de notre capteur. Nous avons regardé le marché des déchets, sur lequel le tri se développait, et avons jugé que notre technologie pouvait concurrencer les solutions ultrasons existantes. Celles-ci présentent plusieurs inconvénients et limites – onéreuses, énergivores, pour seulement 2 à 4 mesures par jour – que notre produit évite grâce à la technologie LoRaWan. Le capteur développé par Heyliot est léger (117 grammes), doté d’une autonomie de 4 à 7 ans, avec une seule pile, moins de composants électriques, pour 24 à 48 points mesurés quotidiennement. On parvient ainsi à établir le “pouls” de la production du déchet au plus fin, à travers plusieurs indicateurs clés – apports, collectes, jours les plus performants, etc. Les collectivités et les entreprises ont alors la possibilité de gérer précisément, de façon dynamique, plusieurs flux en simultané et d’avoir la pleine maîtrise sur leurs points de ressources.

Comment fonctionne le capteur développé par Heyliot ?

La technologie laser brevetée par Heyliot se comporte un peu comme le cône de lumière créé par une lampe-torche et qui s’élargit avec la distance. A l’intérieur de ce cercle, on dessine une matrice de points de mesure parmi lesquels le capteur vient piocher. Les mesures concernées ne pesant que quelques octets seulement, les réseaux LoRaWan ou “0G” prennent ici tout leur sens, avec leur capacité à n’envoyer qu’un SMS de temps en temps, pour une équation environnementale optimisée. D’ailleurs, la solution dans son ensemble est éco-responsable. Le produit a fait l’objet d’un effort d’écoconception, avec, comme je le disais, une seule pile facilement changeable et très peu de composants pour faciliter son démontage et son retraitement.

Les données passent ensuite par une plateforme dédiée que nous continuons d’optimiser. Les mesures y sont traitées par contexte – type de contenant, type de déchet, etc. – puis transmises vers le client selon une intensité et une fréquence personnalisées, en fonction de ses besoins. Nous avons aussi un système d’alertes qualifiées que nous pouvons envoyer au client via des API ou en push.

Un dernier mot sur votre distinction au Datavenue Challenge et sur les projets futurs d’Heyliot ?

Cette réussite lors du challenge rassure sur notre âge : nous avons dépassé le cap des trois ans d’existence, et nous commençons à avoir un produit vendable, certifié et éprouvé, avec de l’expérience. Le fait d’avoir cette reconnaissance d’un jury d’experts et  de pure players donne confiance !

La solution développée par Heyliot, c’est un peu la ligne de cuivre que nous mettons dans les contenants. A l’avenir, tout l’enjeu pour nous consistera à étoffer les services autour de cette ligne, et à valoriser encore davantage les données que nous collectons et analysons.

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