Humaniser les interfaces et les robots passe par la personnalisation poussée et l’apprentissage permanent des algorithmes.
D’une année sur l’autre, le Consumer Electronic Show vous donne le sentiment palpable, physique, des tendances technologiques à l’œuvre au niveau mondial ainsi que la magnitude des investissements consentis par une multitude d’acteurs pour tenter de transformer une tendance en industrie, tout en captant l’avantage compétitif du « first mover » ou premier entrant.
Nous avons tous pu ressentir cela sur l’impression 3D, les drones, la TV 4K, les smartphones et leurs différentes caractéristiques, et plus récemment sur le big data, l’intelligence artificielle, l’Internet des objets et la robotique. L’édition 2018 du CES semble annoncer une intégration massive aux objets de la reconnaissance facile, de la gestion réactive et de la simulation d’émotions, du comptage vidéo, le tout en mode « low cost ».
L’ultra-personnalisation en marche
Humaniser ses interfaces, ses robots, ses dialogues passe inévitablement par la personnalisation poussée, le développement d’un sentiment d’adaptation et l’apprentissage permanent des algorithmes qui se proposent à notre service. Les miroirs connectés que j’avais eu l’occasion de voir pour la première fois il y a quelques années au Japon dans le showroom de Panasonic diagnostiquaient avec précision les besoins particuliers de votre peau en fonction de votre état physique, de la météo du jour et de la pollution prévue.
Les Français de Romy – déjà présents à Las Vegas l’an dernier – pourraient désormais interfacer leur dispositif à de tels terminaux interactifs pour adapter à la demande la bonne formule de crème de jour ou de nuit du moment. Et pour rester au meilleur de soi-même tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, Lifefuels vous permet quant à lui de personnaliser votre eau à boire au cours de la journée, via des capsules dosées en conséquence et qui mettent à votre disposition une large palette de combinaisons.
Des technos industrielles accessibles au plus grand nombre
Personnaliser les biens de grande consommation peut sembler utile et l’on n’imagine pas en la matière de colossale barrière à l’entrée. Il en est différemment de certaines technologies pointues et coûteuses de l’industrie. Il y a vingt ans, le marché business (B2B) imprimait le monde de sa modernité et promettait à moyen terme une répercussion sur le marché grand public.
L’irruption de l’informatique personnelle via les ordinateurs personnels puis les smartphones a repositionné le moteur de l’innovation du côté B2C. Plus besoin d’attendre que les parents parlent d’innovation à leurs enfants. C’est bien ces derniers qui expliquent, encore aujourd’hui, l’apport usage et techno des nouvelles vagues d’innovation.
Pourtant, certains domaines onéreux et jusqu’alors considérés comme de « niche », ont résisté à ce tsunami B2C pour rester l’apanage des industriels. Et si ces derniers bastions étaient amenés à tomber à leur tour ? Après tout, Elon Musk n’a-t-il pas ringardisé l’industrie de la conquête spatiale avec ses lanceurs low cost ?
Sélection de pépites
Voici donc une sélection des pépites du CES 2018 qui vont nous aider à démocratiser des technologies et usages jusqu’alors réservés aux industriels.
Récompensés par un « Award CES », les Marseillais de Lavie, qui comptent faire appel à une campagne de financement participatif, souhaitent démocratiser la purification d’eau du robinet par traitement UV. A raison de 20 minutes pour le traitement d’un litre d’eau, leur simulation de consommation électrique donne 1 euro pour 500 litres d’eau purifiée et une durée de vie des LED du système de l’ordre de 10 ans. De quoi voir venir…
Dans un domaine également applicable à la nourriture – analyse, traçabilité – mais pas seulement – art, santé, biologie, investigations criminelles –, Specim propose un spectromètre de masse ultra précis dans le facteur de forme d’un appareil photo. C’est dans la poche !
Toujours dans l’analyse, mais de l’infiniment loin cette fois, le passionné d’astronomie que je suis n’en peut plus d’attendre le test du système d’amplification « intelligent » de la lumière pour télescope développé par UniStellarOptics. Déjà 2 millions de dollars levés sur Kickstarter pour cette belle technologie et son application mobile pour comprendre les étoiles. Le plaisir d’une astronomie plus accessible à portée d’algorithme…
Et pour terminer cette sélection de pépites, ma préférence va sans doute aux écouteurs avec traduction instantanée Mars, fruit de la collaboration des sociétés Nave et Line. Le système est pour l’instant destiné au marché sud-coréen et s’appuie sur Clova, l’IA de Line. Chaque locuteur n’a besoin que d’une oreillette et le système traduit déjà à la volée les conversations d’une oreillette à l’autre en dix langues ! Parmi la vague des nouveaux assistants vocaux de salon et de leurs « smart speakers », Line a dernièrement lancé son service et son terminal au Japon sous le nom de Clova Wave.