● La blockchain peut notamment être utilisée comme preuve d’identité pour le milliard d’individus qui en est dépourvu, et comme preuve d’authenticité pour les innombrables contrats, photos ou autres actes juridiques.
● De nombreuses initiatives référencées par Blockchain for Good, comme Ethic Hub, Sun Exchange, CarbonABLE et Connecting Food, utilisent ces technologies pour fluidifier et sécuriser les projets dans le développement durable.
« Nous vivons dans un immense paradoxe : un milliard de personnes ne peuvent pas prouver leur identité et les autres ne peuvent pas avoir de vie numérique privée », explique Jacques-André Fines-Schlumberger, le directeur des opérations de l’association Blockchain for Good. Cette dernière contribue activement à l’annuaire Open Data PositiveBlockchain.io, avec qui plus de 1500 initiatives à impact positif ont déjà été listées depuis 2018. Dans le dernier rapport publié par cette organisation, « Blockchains & Développement durable », qui répertorie l’ensemble des projets à impact positif, le premier chapitre traite de l’identité décentralisée, la blockchain pouvant offrir une solution administrative à des milliards de personnes, y compris dans les pays développés. L’idée : créer des portefeuilles numériques pour chaque citoyen, renfermant des preuves de leurs diplômes et d’autres attestations. La blockchain permet en effet de prouver l’authenticité et l’existence de contrats, de photos ou d’autres actes juridiques. Quant aux cryptomonnaies, « dans les pays non bancarisés, on s’y intéresse pour ce qu’elles sont, c’est-à-dire des monnaies de pair à pair, et ces usages prennent de l’ampleur en Afrique et en Amérique du Sud. Elles constituent, entre autres, des outils anti-inflation ».
Intervenant à la Paris Blockchain Week sur les sujets d’éthique de la blockchain, Jacques-André Fines-Schlumberger a listé plus de 1500 initiatives à impact positif. « Il se passe des choses incroyables dans tous les domaines, comme dans l’Internet des objets avec des projets de VPN décentralisés. C’est un sujet majeur, car beaucoup de fournisseurs de VPN revendent les données, ce qui pose des questions de sécurité pour les citoyens dans les États policiers. » Il précise que le « for good » du nom de son association correspond aux 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies.
En Afrique du Sud, si une école n’a pas les ressources pour investir dans des panneaux solaires, des particuliers ou des entreprises peuvent l’aider
La blockchain au secours du climat
En Afrique du Sud, un projet baptisé Sun Exchange a développé une place de marché selon un modèle de crowdfunding pour financer des projets d’énergies renouvelables en zone rurale. « Si une école n’a pas les ressources pour investir dans des panneaux solaires, des particuliers ou des entreprises peuvent l’aider », avec la promesse d’un rendement de 10% sur un contrat de 20 ans. Sun Exchange utilise la blockchain Bitcoin pour les paiements transfrontaliers, ce qui permet d’éliminer tous les intermédiaires entre les bénéficiaires et les investisseurs. « Au final, les infrastructures arrivent à payer leur énergie 20% à 30% moins chère que ce qu’elles payaient par le passé », souligne Jacques-André Fines-Schlumberger.
Rémunérer les agriculteurs à leur juste valeur
En Espagne, la société Ethic Hub met en relation des investisseurs avec des petits agriculteurs pour les aider à mener leurs récoltes à bien, par exemple dans la culture du café au Mexique. « Les agriculteurs reçoivent ainsi 50% des profits et l’utilisation de la blockchain finance des activités agricoles avec l’assurance que l’argent arrive effectivement dans les mains de l’agriculteur, qui est payé avec un jeton stable afin d’éviter la dévaluation de sa propre monnaie. » Grâce à cette plateforme, plus de 7000 micro-investissements distribués à 240 agriculteurs répartis dans 17 communautés ont été réalisés. Outre ce type de plateformes de financement participatives, l’association Blockchain for Good référence dans son rapport de nombreuses initiatives dans l’agriculture, par exemple pour améliorer la traçabilité alimentaire. La société française Connecting Food, ainsi, procède à des audits en temps réel sur la qualité des produits.