● Des sociétés comme Verdant Robotics aux États-Unis ou Dilepix en France développent des technologies d’IA pour rendre l’agriculture de précision accessible au plus grand nombre de professionnels.
● De plus en plus visibles, les start-up dites de l’agritech gagnent en crédibilité pour répondre aux besoins des agriculteurs. Représentées en France par La Ferme Digitale, elles auront un stand de 800 m² au Salon de l’Agriculture, qui se tiendra du 25 février au 5 mars 2023.
Cibler les mauvaises herbes et des plants dans les champs à une vitesse de 20 unités par seconde, puis les pulvériser avec un désherbant ou un engrais avec une précision d’un millimètre : telle est la promesse étonnante de Verdant Robotics, une société californienne qui prétend avoir conçu l’outil agricole le plus avancé du marché. Baptisé SprayBox, ce robot qu’on fixe à l’arrière des tracteurs est doté de systèmes d’intelligence artificielle (IA) capables d’identifier et de cartographier les plantes, centimètre par centimètre, grâce à des algorithmes de reconnaissance visuelle. Les agriculteurs y gagnent en productivité : le robot permet de traiter quelque 500.000 plantes par heure, en ne consommant que le vingtième de la quantité de produits chimiques requise par les méthodes habituelles. L’optimisation des ressources modère la dégradation environnementale associée à l’agriculture industrielle. Par ailleurs, Verdant Robotics compte exploiter les données récoltées en utilisant le machine learning pour conseiller les exploitants quant aux risques sur leurs cultures, année après année.
La reconnaissance visuelle est bien plus puissante que l’internet des objets. Elle permet de se rapprocher de l’observation humaine
Le deep learning au secours des agriculteurs
Les start-up françaises sont aussi à la pointe de la technologie. À Rennes, la société Dilepix, née d’un spin-off de l’Inria, développe des outils d’intelligence artificielle dédiés à la surveillance des animaux, des insectes ou encore des machines agricoles. « Nos outils de computer vision permettent par exemple de surveiller la pousse des plantes, de compter les boutons des fleurs, d’observer la présence de maladies ou d’insectes, ou les carences en eaux et nutriments qu’elles peuvent développer, précise Alban Pobla, cofondateur de cette start-up. Dans l’élevage, nos technologies permettent d’observer le comportement des animaux, de savoir s’ils dorment, mangent, boivent ou encore s’ils ruminent suffisamment.» Pour l’entrepreneur, qui commercialise ces solutions à des laboratoires pharmaceutiques, des instituts de recherche publique ou des fournisseurs de machines agricoles, la reconnaissance visuelle est bien plus puissante que l’internet des objets. « Elle permet de se rapprocher de l’observation humaine. Notre métier est donc de créer des outils capables d’analyser tous les phénomènes et les signaux faibles que savent déjà reconnaître des agronomes ou des vétérinaires. »
L’essor de ce type de technologie résulte en partie du manque d’attractivité de la profession agricole et de la pénurie de main-d’œuvre. « C’est le bon moment pour le marché, car l’agriculture de précision devient rentable. Si on ne rénove pas la manière de produire, on perdra encore des agriculteurs, et les jeunes générations ont besoin de trouver dans les tracteurs le même niveau technologique que celui présent dans les voitures », note Alban Pobla. Pour lui, la révolution du métier agricole reste lente. « L’intelligence artificielle, par exemple avec la combinaison de données météorologiques en temps réel avec les données terrain, peut changer plein de choses. Aujourd’hui, les agriculteurs sont pointés du doigt et subissent une forte pression sociétale. C’est une bonne nouvelle qu’ils apprécient les innovations technologiques. »
Des start-up de plus en plus visibles
L’utilisation de l’IA doit permettre d’observer et mesurer les besoins des exploitations et de réduire, entre autres, leur impact environnemental. Sans elle, l’agriculture de précision à grande échelle ne peut se développer. Mais résumer l’innovation agricole à l’IA et à la robotique serait réducteur : de nombreuses sociétés développent des biotechnologies, des outils de certification qui s’appuient sur la blockchain ou encore des innovations dites woodtech, dédiées à la filière bois. Au Salon de l’Agriculture, La Ferme Digitale met ces pépites françaises à l’honneur. Cette association rassemble les start-up technologiques qui fournissent des services aux agriculteurs. Cette année, ce sont 60 exposants qui se rejoindront sous sa bannière dans un stand de 800 m² dans le Hall 4. « Nous souhaitons apporter une crédibilité aux start-up françaises », note Karine Breton-Cailleaux, responsable Communication & Projets chez La Ferme Digitale. « Dans l’innovation agricole, les start-up françaises ont levé plus de 200 millions d’euros en 2022. », preuve de la confiance et de l’appétence des investisseurs. Le secteur désire convaincre les pouvoirs publics de développer davantage de projets faisant appel aux innovations de ces start-up.