• Charco Neurotech, une start-up britannique spécialisée dans les neurotechnologies, a développé le CUE1, un dispositif non invasif, placé sur le sternum des patients atteints de la maladie de Parkinson, qui vibre à haute fréquence pour réduire les symptômes.
• Parallèlement, les avancées en neuroprothèses et en vêtements robotisés souples offrent de nouvelles perspectives pour aider les patients à retrouver une meilleure mobilité. D’autres innovations facilitent le contrôle à distance et le diagnostic grâce à l’IA.
Et si un simple objet connecté simplifiait la vie des malades atteints de la maladie de Parkinson ? C’est le rôle du CUE1, un disque qui se place sur le sternum et qui vibre à haute fréquence pour réduire les symptômes de la maladie de Parkinson. « C’est un dispositif de neurotechnologies non invasif, ce qui permet de minimiser les risques liés à l’usage des dispositifs médicaux invasifs pour les patients » explique Lucy Jung, qui a fondé Charco Neurotech à Cambridge. Au Royaume-Uni, 3.300 patients sont déjà équipés de ce dispositif. « Nous faisons une pause dans son déploiement puisque nous allons lancer prochainement une version plus aboutie, le CUE1 Plus. » Le nom du terminal n’est pas hasardeux : CUE fait référence au « cueing » (guidage), une technique qui permet aux patients atteints de la maladie de Parkinson de gagner en mobilité grâce à une stimulation par signaux. « On a commencé à échanger avec des patients, et certains nous expliquaient par exemple que l’utilisation d’un fauteuil de massage leur permettait de voir leurs symptômes réduits. » L’entrepreneuse en a conçu l’idée de réaliser des recherches dans le domaine des stimulations.
Des stimulations auditives, visuelles ou physiques rythmées peuvent aider les patients à marcher
Le neurologue français Jean-Martin Charcot avait justement remarqué que les symptômes de la maladie de Parkinson s’atténuent après des trajets en transport. Plus tard, des chercheurs ont prouvé que des stimulations auditives, visuelles ou physiques rythmées aidaient les patients à marcher. Cette technique de guidage améliore l’équilibre pendant la marche. Pour Lucy Jung, il est urgent de trouver des solutions : « Le nombre de personnes affectées par la maladie de Parkinson n’a cessé de croître au cours des dernières années. C’est l’une des maladies qui a connu l’une des plus fortes croissances, dépassant les prévisions. » Les derniers chiffres publiés par l’OMS indiquent que le nombre de personnes atteintes a doublé au cours des 25 dernières années, pour atteindre 8,5 millions de personnes sur Terre.
Des progrès en neuroprothèses et robotique molle
Les traitements de la maladie de Parkinson et des maladies neurodégénératives sont plus prometteurs que jamais. En novembre 2023, des neuroscientifiques de l’Inserm, du CNRS et de l’université de Bordeaux en France et des chercheurs et neurochirurgiens suisses annoncent le test réussi d’une neuroprothèse capable de corriger les troubles de la marche associés à la maladie Parkinson. Cette neuroprothèse permet de « pallier les chutes et le phénomène de freezing – quand les pieds restent collés au sol pendant la marche », note l’Inserm. Aux États-Unis, une équipe de recherche incluant le Wyss Institute de l’Université d’Harvard a conçu une forme de combinaison souple devant permettre aux personnes atteintes de la maladie de Parkinson de pouvoir marcher à nouveau sans subir de freezing. Ce vêtement robotisé souple, porté autour des hanches et des cuisses, exerce sur les hanches une pression légère destinée à aider le patient à allonger sa foulée. « La recherche démontre le potentiel de la robotique molle pour traiter ce symptôme », note le Wyss Institute.
Des suivis de patients facilités grâce à l’IA
Les neurotechnologies sont également prometteuses en matière de diagnostic et de suivi des patients. PD Neurotechnology, société britannique créée en 2015, exploite l’apprentissage automatique dans une montre connectée de suivi portable pour les patients. Les évaluations des symptômes des patients par ce « PD Monitor » sont comparables à une évaluation médicale dans plus de 95% des cas, indique une étude clinique réalisée par l’entreprise. Un taux important au regard de la complexité de ce type de diagnostics et de suivi. Ce type de progrès scientifique a, selon le Docteur K Ray Chaudhuri, directeur du centre d’excellence de la Fondation Parkinson à l’hôpital de King’s College, un impact significatif sur l’amélioration de qualité de vie et le bien-être des patients, qui dépendent principalement de la surveillance constante de la maladie.