“Les équipements réseaux constituent une source de réduction potentielle majeure des émissions de GES et de limitation des déchets, via le recours au reconditionné.”
En tant qu’opérateur cherchant à proposer la meilleure qualité de service à ses clients, Orange investit massivement dans les équipements réseaux, dans ce qui s’apparente à une course continue à la technologie. Jusqu’ici, les équipementiers des réseaux ont, comme les particuliers qui veulent remplacer leur smartphone, davantage tendance à se tourner vers le marché du neuf. Mais un changement de culture peut toujours intervenir, y compris sur le cœur de métier du Groupe, alors que l’économie circulaire est déjà une réalité sur certaines lignes d’activité, via la collecte des mobiles en boutique notamment.
Le reconditionné a de la valeur
C’est le sens d’Oscar, vaste programme de transformation visant à atténuer l’empreinte environnementale des équipements réseaux. Plutôt que d’opter pour de l’achat neuf de façon systématique, il s’agit ici de favoriser, dès que cela est possible, le recours à des matériels reconditionnés. “Il faut savoir que ces équipements sont un contributeur majeur du scope 3 (1) d’un bilan GES (gaz à effets de serre), souligne Thierry Barba, Directeur Développement Ecosystèmes chez Orange Innovation. Le réseau représente 30 % des émissions du scope 3, et notre objectif consiste à réduire celles-ci de 14 % d’ici 2025 par rapport à 2018. Les équipements réseaux constituent une source de réduction potentielle de premier ordre, sachant qu’un équipement reconditionné a moins d’impact qu’un neuf.”
Empreinte allégée, coûts optimisés
Durant une prise de parole au Mobile World Congress 2022, Orange illustre cette affirmation de façon concrète en présentant les résultats d’une étude menée par des experts internes. L’hypothèse est celle d’une carte d’un équipement réseau, fabriquée en Asie puis transportée en bateau pour être utilisée en France. Si l’on fixe une base 100 (2) à ce matériel de référence, le même matériel reconditionné présentera une base de 90 en matière d’efficacité énergétique. Le gain est encore plus significatif s’agissant de son empreinte matière, puisque le reconditionné affichera un impact de 55 (contre 100 pour le neuf). La différence peut sembler minime, en particulier sur le plan énergétique, mais elle doit s’appréhender selon un effet d’échelle, avec des répercussions qui se jaugent sur plusieurs dizaines de milliers de matériels. Depuis le lancement du programme en interne, outre la valeur environnementale de la démarche, l’intérêt est aussi financier, avec une économie constatée de 67 % en moyenne entre le reconditionné et le neuf.
La preuve de la fiabilité
Au sein du Groupe, une organisation dédiée s’est mise en place pour soutenir cette mini-révolution et favoriser l’évolution des consciences. “Nous nous sommes dotés d’une marketplace pour rendre visible la disponibilité et les demandes d’équipements auprès des 26 pays Orange, explique Bernardo Scammaca, Directeur du suivi des performances fournisseurs. Mais il faut aussi agir sur l’état d’esprit des premiers concernés – acheteurs, techniciens, ingénieurs – afin d’amener de la confiance vis-à-vis de l’utilisation de matériels reconditionnés. L’expérience démontre que la fiabilité du reconditionné est excellente.”
Dans la ronde de l’économie circulaire
Cette nécessité d’acculturation dépasse les seules frontières de l’entreprise, pour s’étendre aux fournisseurs et aux autres acteurs de l’écosystème telco. En octobre 2021, Orange a signé un premier accord fondateur avec Nokia, en vertu duquel l’industriel s’engage à accroître la part des matériels reconditionnés – pour des produits liés au RAN – dans son offre. Au sein de la GSMA, le Groupe a par ailleurs fédéré une vingtaine d’opérateurs autour du sujet. A l’occasion du MWC, ils publient ensemble un White Paper décliné autour de 9 recommandations destinées à favoriser l’implémentation des principes de l’économie circulaire dans les réseaux d’infrastructures.
(1) Le scope 1 et 2 incluent les gaz à effet de serre émis directement ou via dépense d’énergie par l’entreprise, le scope 3 désigne les émissions indirectes (achats de prestations et de produits, etc.).
(2) 100 correspond à l’impact maximal généré