Pour la première fois dans l’histoire des télécommunications, plus de 500 citoyens, acteurs du monde économique et collaborateurs internes ont été invités à s’exprimer sur l’avenir des réseaux mobiles et du numérique.
Concevoir les réseaux durables de demain : une démarche inscrite dans l’écosystème européen
Un dialogue inédit a été initié pour repenser nos réseaux au niveau européen dans le cadre du projet Hexa-X-II, financé par la Commission européenne pour la conception d’une 6G durable.
Ce projet, mené entre 2023 et 2025 avec 44 partenaires de l’écosystème de télécommunication européen (opérateurs, industries, PME et universitaires) avait pour objectif de définir les exigences et les objectifs de conception relatifs à une 6G conciliant développement durable, inclusion et fiabilité.
Les réflexions sur l’évolution des réseaux se poursuivent avec le projet Sustain 6G, de 2025 à 2027. Le consortium élabore des solutions dans trois domaines spécifiques : les réseaux énergétiques intelligents, l’e-santé et la télémédecine, et l’agriculture, toujours avec l’enjeu de mettre en place un système 6G plus durable.
Le ratio entre impacts positifs et négatifs générés par les innovations technologiques devrait être évalué et ainsi arbitrer de leur implémentation.
Une approche en partenariat avec les acteurs des territoires
Cette consultation territoriale unique révèle une société française consciente des enjeux numériques et désireuse de reprendre le contrôle sur l’évolution technologique.
Comme l’exprime un participant de Grenoble consulté lors de ces travaux : « Avec le numérique, c’est toute la société qui est embarquée et qui change de visage, de quotidien, d’environnement, d’usages… c’est primordial que cette évolution soit choisie en connaissance de cause et non subie. »
Les participants expriment une vision claire : le numérique doit servir l’humain et la planète, non l’inverse. Leurs témoignages dessinent les contours d’un futur numérique plus responsable, sobre et démocratique.
De Lannion à Lyon, de Strasbourg à Grenoble, en passant par Paris, cette consultation a été menée à travers toute la France pour recueillir une diversité de points de vue. Citoyens, entrepreneurs, étudiants, agents territoriaux, collaborateurs : tous ont contribué à cette réflexion collective sur notre avenir numérique commun.
Une approche qualitative a été choisie pour permettre l’expression spontanée et comprendre en profondeur les représentations, les valeurs et les attentes.
Des partenariats ont été établis avec des acteurs des territoires : collectivités locales, universités, CCSTI, associations du monde économique.
Perception du numérique aujourd’hui – entre nécessité et inquiétudes
Les participants reconnaissent unanimement l’importance du numérique dans leur quotidien. Les réseaux de télécommunication ont transformé nos modes de vie, facilitant les communications avec les proches, permettant le travail à distance et ouvrant l’accès à la connaissance. Cette révolution technologique a apporté des gains de temps considérables, réduit les déplacements et favorisé l’inclusion sociale pour de nombreuses personnes, par exemple en facilitant l’accès à l’information et à la connaissance.
Comme le fait ressortir l’enquête au sein de la communauté Hexa-X-II, « Le numérique est un mécanisme pour s’exprimer et voir les autres s’exprimer ».
Cependant, cette place grandissante du numérique entraîne une croissance de la dépendance au numérique, ce qui génère des inquiétudes profondes. Les participants expriment des craintes majeures concernant l’isolement social croissant, particulièrement visible chez les jeunes générations. La virtualisation excessive des relations humaines et la diminution des interactions en présentiel constituent une préoccupation centrale pour toutes les catégories de participants rencontrées.
Comme le souligne une directrice de service à la mairie de Lannion : « Je m’interroge sur notre rapport au monde, aux autres, à la nature. Et les générations futures, comment développeront-elles ces relations avec les autres, avec le monde, avec la nature ? Je suis complètement paniquée. »
Le numérique aujourd’hui est donc un outil devenu indispensable mais source de tensions.
La résilience de notre société en question
L’hyperconnexion de nos sociétés soulève des questions cruciales de résilience. Les participants s’inquiètent de la vulnérabilité croissante face aux cyberattaques, de la fragilité des systèmes automatisés et de la perte progressive de compétences traditionnelles. Cette dépendance technologique, initialement source de commodité, devient un risque lorsque les alternatives disparaissent et que la société entière repose sur ces infrastructures numériques.
Comme le formule un participant lors d’un atelier avec le monde économique sur Lyon : « Que se passe-t-il en termes de résilience lorsqu’une société entière est devenue dépendante de sa technologie… et que nous n’aurons plus notre propre savoir-faire ? »
Un rythme d’évolution trop soutenu
L’accélération constante des innovations technologiques génère une « charge mentale » importante chez les utilisateurs. Les participants décrivent un sentiment de submersion face au renouvellement perpétuel des outils et à la complexité croissante des usages. Cette course à l’innovation, qu’ils considèrent guidée principalement par la recherche de profit plutôt que par les besoins réels, contribue à creuser la fracture numérique et à déshumaniser progressivement nos interactions sociales.
Visions d’avenir : un numérique au service du bien commun
Interrogés sur leurs attentes futures, les participants opèrent un changement de perspective significatif. Alors qu’aujourd’hui ils privilégient la couverture et la qualité de service, leurs priorités pour 2035-2040 se concentrent sur l’optimisation de l’empreinte carbone, la cybersécurité et la résilience des infrastructures. Cette évolution reflète une prise de conscience collective des enjeux environnementaux et sécuritaires qui modèleront notre société future.
Comme l’exprime un participant société civile : « Si cela peut servir l’agriculture moderne en réduisant l’usage de pesticides ou la consommation d’eau, tout en optimisant la production, c’est une avancée positive. »
Les cas d’usage plébiscités révèlent une aspiration forte vers un numérique orienté « bien commun ». Le ratio entre impacts positifs et négatifs générés par les innovations technologiques devrait être évalué et ainsi arbitrer de leur implémentation. La couverture garantie pour les services publics, la santé numérique, le monitoring environnemental et les villes connectées pour optimiser les ressources émergent ainsi comme cas d’usages prioritaires. Ces choix témoignent d’une volonté collective de voir la technologie servir l’intérêt général plutôt que la seule croissance économique.
Le numérique au service de la régénération du vivant
Les participants expriment une vision claire du numérique comme levier de transformation positive pour l’environnement. Cette approche dépasse largement la simple réduction d’impact pour envisager un numérique régénérateur, capable de contribuer activement à la restauration des écosystèmes. Les technologies de demain doivent servir la biodiversité, optimiser l’usage des ressources naturelles et accompagner les secteurs économiques dans leur transition vers des modèles durables.
Une société plus sobre et résiliente
Les scénarios « Transition(s) 2050 de l’ADEME[1] ont été présentés aux personnes consultées. Le scénario « Génération Frugale » de l’ADEME recueille l’adhésion massive des participants. Cette vision d’une société sobre et responsable, privilégiant les services essentiels et limitant les usages superflus, répond à leurs aspirations d’un modèle de développement durable. Les participants rejettent massivement les scénarios basés sur une croissance technologique effrénée, préférant une approche équilibrée alliant sobriété, innovation responsable et justice environnementale.
Sécurité et souveraineté comme fondements
Face aux incertitudes géopolitiques et climatiques, les participants placent la sécurité au cœur de leurs attentes. Cette sécurité englobe la cybersécurité des infrastructures, la souveraineté numérique européenne et la protection des données personnelles. Ils aspirent à une véritable stratégie européenne d’autonomie numérique, réduisant la dépendance aux acteurs extra-européens et garantissant le maintien des services essentiels en toutes circonstances.
Ainsi l’exprime un participant d’un atelier à Strasbourg : « Le cyber c’est une vraie guerre… les pouvoirs publics doivent pouvoir protéger leurs citoyens sur Internet comme dans la rue. »
Quels leviers d’action pour reprendre le contrôle ?
- Éducation et responsabilisation citoyenne
Les participants identifient l’éducation comme levier fondamental pour maîtriser collectivement notre avenir numérique. Cette éducation dépasse la simple acquisition d’outils pour inclure une compréhension approfondie des enjeux sociaux, environnementaux et éthiques liés aux technologies. La formation à l’esprit critique, à la vérification des sources et un usage modéré et à bon escient doit commencer dès l’enfance pour éviter la surexposition et favoriser l’autonomie numérique des futures générations. Le développement des techniques d’IA doit également s’accompagner de dispositifs de formation en continu, afin de ne pas accentuer la fracture numérique.
- Gouvernance démocratique et régulation forte
Pour que le numérique serve véritablement le bien commun, un grand nombre de participants appellent à une gouvernance démocratique renforcée. Ils souhaitent une implication accrue de la société civile dans les décisions technologiques, notamment par des conventions citoyennes sur l’avenir du numérique. La régulation doit équilibrer liberté et contrôle, encadrant les usages par des normes internationales tout en préservant les libertés fondamentales et en responsabilisant tous les acteurs de l’écosystème numérique.
- L’Europe comme rempart éthique
Les participants placent leurs espoirs dans une Europe forte et protectrice, capable de défendre ses valeurs face aux géants technologiques mondiaux. Cette Europe doit se positionner comme leader de l’innovation responsable, développant ses propres standards éthiques et technologiques. La mutualisation des infrastructures, la création de communs numériques et la garantie d’un service minimum accessible à tous constituent les piliers de cette vision européenne du numérique de demain.
Un participant de l’atelier de Strasbourg exprime ainsi son souhait d’« une Europe forte face à l’Asie et aux États-Unis »
Vers un numérique régénérateur et un lien au numérique réinventé
Selon un participant de l’atelier de Lyon, « l’enjeu c’est de toujours arriver à nourrir la vie plutôt que de nourrir le capital ».
La vision qui émerge de cette consultation citoyenne dessine ainsi un numérique régénérateur, au service de la société et de la planète. Les participants appellent à dépasser la logique de croissance pour privilégier la régénération du vivant et le renforcement du lien social. Cette transformation nécessite l’engagement de tous : citoyens éduqués et responsables, entreprises exemplaires dans leur démarche de sobriété, et pouvoirs publics garants d’une régulation équitable et démocratique.
Perspectives – Que retenir de cette expérience inédite ?
Les attentes exprimées de façon spontanée confortent l’engagement d’Orange sur les enjeux de résilience et de cybersécurité : plus que jamais Orange doit être l’opérateur de confiance.
Quant à l’expérience engagée par la Recherche d’Orange elle impulse une nouvelle dynamique dans la façon d’envisager les évolutions technologiques : une posture d’écoute et de proximité très en amont pour mieux préparer les services de demain, et ainsi développer une valeur durable pour et avec les parties prenantes.
[1] L’ADEME (agence française pour la transition écologique) a imaginé quatre scénarios prospectifs qui pourraient conduire l’ensemble de l’économie française vers la neutralité carbone à l’horizon 2050 : « Transition(s) 2050.
Au total 513 personnes ont été consultées en France :
- 154 personnes issues de la société civile
- 3 ateliers collectifs, octobre/novembre 2023, Lannion, Rennes, Chatillon
- 1 exposition animée, janvier 2024, Grenoble
- 2 hackathons étudiants, février 2024, Grenoble
- 1 enquête en ligne, juin 2024, Isère
- 103 personnes issues du monde économique
- 2 enquêtes en ligne, septembre/octobre 2024, France
- 1 micro-trottoir Open Tech Days, novembre 2024, Chatillon
- 3 ateliers collectifs, novembre/décembre 2024, Lyon, Strasbourg
- 256 personnes collaboratrices d’Orange Innovation
- 1 enquête en ligne, novembre 2024, France


