• Cette approche s’inscrit dans une logique globale de durabilité.
• La responsable de programme de Recherche Marie-Hélène Hamon évoque notamment la dynamique de l’innovation dans les technologies de réseaux mobiles, l’importance du dialogue sociétal et certaines des évolutions techniques attendues.
Les ruptures technologiques majeures du logiciel, du cloud et de l’intelligence artificielle, entre autres, vont considérablement accélérer l’innovation en télécommunications dans les années à venir. Orange et ses partenaires travaillent activement à façonner le futur des télécommunications en recherche, en normalisation et dans les communautés open-source, pour que les réseaux soient vecteurs d’une valeur durable pour nos clients et plus généralement la société.
Les réseaux pour la période 2030-2040 doivent être conçus pour apporter une valeur durable à la société.
Tandis que la 5G continue d’évoluer, l’écosystème des télécommunications prépare la normalisation de la technologie des réseaux mobiles pour l’horizon 2030-2040, généralement connue sous le nom de 6G. La phase de normalisation imminente est cruciale pour définir une technologie commune au niveau mondial, et interopérable entre différents équipements de différents fournisseurs. Le premier workshop (atelier) du 3GPP sur les cas d’usages au-delà de 2030, en mai 2024, inaugure cette période de discussions intenses. A cette occasion, Orange présente dans un livre blanc sur les technologies des réseaux mobiles à l’horizon 2030 et au-delà la vision du groupe pour les réseaux mobiles de demain. Le document met l’accent sur l’objectif de valeur et de durabilité et remet en question la pertinence de la dénomination « 6G ».
Changement de paradigme
Depuis le déploiement de la 2G, en 1991, les acteurs de l’écosystème des réseaux mobiles ont pris pour habitude de parler de nouvelle « génération » à chaque évolution majeure de la technologie, tous les dix ans en moyenne. Mais la 5G a changé la donne. « Nous ne préférons pas utiliser cette nomenclature, car nous anticipons plus une évolution progressive et continue dans le futur qu’une profonde rupture technologique tous les dix ans, explique Marie-Hélène Hamon, responsable de programme de recherche chez Orange. De plus, jusqu’à la 4G incluse, les nouvelles générations de réseaux mobiles étaient accompagnées par l’apparition de nouveaux types de services : généralisation de l’accès à Internet sur les mobiles avec la 3G, de l’usage de la vidéo pour la 4G… La 5G a introduit des avancées majeures, permettant notamment d’accompagner la croissance du trafic tout en améliorant son efficacité énergétique, et évidemment de plus hauts débits. Et la 5G Stand-Alone en cours de déploiement va apporter des fonctionnalités de contrôle de la latence et de la qualité de service en général, ce qui va être très utile pour des usages industriels par exemple. Néanmoins, ces améliorations ne sont pas toujours visibles pour les utilisateurs grand public qui pratiquent majoritairement le streaming vidéo et les réseaux sociaux, ce qui peut générer des incompréhensions sur le bien-fondé d’une nouvelle génération. »
Une innovation technologique continue
Si la tentation est grande de conserver une terminologie bien installée, la réalité est que celle-ci n’est plus cohérente avec la manière dont évoluent les réseaux. « La dénomination actuelle laisse à penser qu’entre deux évolutions majeures, il ne se passe rien ou presque. Or, ce n’est pas le cas, poursuit Marie-Hélène Hamon. Le 3GPP fonctionne avec des mises à jour et des nouvelles versions qui sont définies selon des cycles de 18 à 21 mois. Il s’agit donc bien d’une évolution graduelle et continue, et non pas d’un saut brutal tous les 10 ans vers une technologie totalement différente. » Cette évolution continue doit se concentrer sur les innovations permettant d’améliorer la durabilité des réseaux et sur les nouveaux services qui apporteront de la valeur pour les utilisateurs.
Dialogue sociétal
Afin d’identifier les attentes et besoins des utilisateurs, un dialogue est à établir avec les parties prenantes de la société. Cette démarche constitue une évolution très marquée, et est à généraliser dans l’écosystème des télécoms. Jusqu’à présent, les technologies de réseaux mobiles ont été conçues par les acteurs des télécoms, et « doivent évoluer vers une transformation guidée par les besoins et attentes des clients à l’horizon 2030-2040 ». Comment ? En les impliquant directement dans la phase d’étude. « Cette méthode est déjà mise en application chez Orange Innovation, via des workshops organisés dans différentes villes, afin d’identifier les attentes et contraintes des utilisateurs, qu’il s’agisse d’entreprises ou du grand public. » Orange développe également cette approche avec les partenaires du projet européen Hexa-X-II.
Durabilité environnementale, sociale et économique
Cette réflexion relative au dialogue sociétal participe au travail sur la durabilité des futures technologies de réseaux. Cette durabilité, plaide le livre blanc, est un des objectifs principaux devant présider à leur conception. Elle doit se décliner dans les dimensions environnementale, sociale et économique.
Le livre blanc insiste pour que l’écosystème prenne bien en compte les enjeux environnementaux dans le cadre de la normalisation à venir. A l’avenir, il s’agira de tenter de faire mieux avec moins. « La 5G est très évolutive. Nous avons donc la possibilité d’y intégrer des innovations tout en conservant ses fondations techniques, tandis que le développement de fonctions réseaux logicielles permet des évolutions pérennisant les équipements », estime Marie-Hélène Hamon. Concrètement, cela signifie recourir à des mises à jour logicielles plutôt qu’au changement d’équipement matériel, ce dernier devant être conditionné au fait que les bénéfices apportés justifient l’impact de ces changements, notamment sur le plan environnemental. « Pour atteindre nos objectifs d’un point de vue environnemental, il faut à la fois viser des économies d’énergie à tous les niveaux et réduire le bilan carbone, notamment en limitant le recours à de nouveaux équipements. »
La durabilité sociale implique que les réseaux soient inclusifs, ou en d’autres termes qu’ils permettent l’accès aux services numériques pour tous, en garantissant la sécurité et la confidentialité des informations et en assurant leur capacité à être rétablis rapidement en cas de panne, cyber attaque ou catastrophe naturelle. La durabilité économique implique la viabilité économique de ces réseaux.
Indicateurs de valeur
La notion de valeur doit donc être centrale lors de la définition des évolutions des réseaux. « Au-delà des critères classiquement évalués lors de la spécification des technologies, tels que le débit ou la latence, il est nécessaire de définir de nouveaux mécanismes permettant de capturer cette notion de valeur. »
L’innovation technique au service de la durabilité
D’un point de vue technique, les architectures cloud-native et l’intelligence artificielle joueront un grand rôle dans les réseaux du futur, par exemple pour optimiser la consommation énergétique et pour une meilleure résilience avec la possibilité de relancer automatiquement le service sur un autre nœud du réseau en cas de panne. Avec leurs satellites et plates-formes de haute altitude, les réseaux non-terrestres (NTN) sont une des voies envisagées pour répondre aux problématiques d’inclusion territoriale.
De nouvelles bandes de fréquences sont également envisagées pour accompagner l’évolution des réseaux mobiles. « De nouvelles perspectives se sont également ouvertes sur des bandes entre 6 et 15 GHz, un peu plus hautes que les bandes actuelles, mais bien plus basses que certaines bandes initialement prévues pour la 5G. Elles sont intéressantes, car elles permettent de réutiliser les sites radio actuels, en améliorant leurs capacités. »
De nombreuses pistes sont à l’étude pour aider à l’avenir le secteur du mobile à accompagner l’évolution des usages, notamment l’accroissement du trafic, tout en émettant moins de gaz à effet de serre, ce qui pour Orange doit être l’un des principaux objectifs de la normalisation qui s’apprête à démarrer.
En savoir plus :
White Paper: Mobile Network Technology Evolutions Beyond 2030 (en anglais)