La réalité virtuelle au service de la recherche thérapeutique

La réalité virtuelle au service de la recherche thérapeutique
Prise en charge de la douleur, gestion des phobies, traitement des troubles mentaux et même accouchement… la réalité virtuelle s’avère un allié innovant pour la prise en charge thérapeutique des patients.

Principalement connue du grand public par le prisme de l’industrie du jeu vidéo, la réalité virtuelle (VR en anglais) s’est très tôt trouvée un public de choix auprès de la communauté scientifique et du monde médical. Et pour cause : selon plusieurs études scientifiques, la frontière ténue entre les mondes réels et virtuels permettrait d’atténuer les douleurs ressenties par les patients amputés, de réduire le stress ou encore de combattre certaines phobies. Quand la VR se mêle à la science, les résultats se révèlent spectaculaires.

Douleurs fantômes

Bien connues des neurologues, les douleurs fantômes interviennent chez deux tiers des patients ayant récemment subi une amputation, et persiste chez un tiers d’entre-eux un an plus tard. Depuis plusieurs décennies déjà, les chercheurs ont démontré que ces symptômes sont causés par une mauvaise perception du cerveau qui attend des signaux d’un ou de plusieurs membres absents. Pour atténuer ces douleurs, il suffirait de simuler l’existence des membres concernés pour tromper le cerveau.

Si depuis les années 1990 les médecins ont recours à l’utilisation de simples miroirs habilement positionnés pour commencer une thérapie de long terme, une étude de l’Université de technologie de Chalmers en Suède, publiée par The Lancet en décembre 2016, tend à démontrer que la réalité virtuelle permettrait d’obtenir des résultats bien plus efficaces.

Quatorze adultes volontaires ont ainsi suivi sur un an plusieurs séances pendant lesquelles une expérience en VR les réincarnait dans un avatar à taille réelle. Le constat est sans appel : le simple fait de voir un membre reconstitué à travers l’appareil déjoue la perception cognitive et envoie un signal simple au cerveau : « tout va bien ». Les sujets ayant participé à cette étude rapportent que l’intensité des douleurs a diminué de 32 % et leur fréquence entre 43 et 61 %. Ces effets positifs ont été ressentis jusqu’à 6 mois après les expérimentations, certains patients ayant même ensuite réduit la dose de leur traitement antidouleur.

Naissances sous VR et phobies éphémères

La distraction cognitive offerte par la réalité virtuelle semble également porter ses fruits dans d’autres situations précises, comme en attestent les recherches effectuées aux Etats-Unis par des gynécologues auprès de femmes en phase d’accouchement. Casque vissé sur la tête, à l’écoute des instructions, les patientes se contentent de plonger à corps perdu dans cette réalité alternative…

« Maintenant, respirez profondément », « concentrez-vous sur ces oiseaux », « observez la cascade »… Par de simples situations relaxantes, les sujets parviennent à entamer inconsciemment le « travail » sans anxiété. « Je ne me suis pas rendu compte que la machine était sur ma tête depuis si longtemps. Cela m’a vraiment aidé à respirer et à me concentrer. », confie Erin Martucci, première femme à avoir accouché en partie grâce à la réalité virtuelle.

« Comme le patient sait que ce qu’il vit dans le casque n’est pas réel, il a plus de courage pour affronter la situation qu’il évite dans la réalité ». Le docteur Eric Malbos n’a pas attendu que la pratique se généralise pour solliciter cette technologie dans le traitement des phobies de ses patients. Bien que complexe à manipuler, la réalité virtuelle offre une variété infinie de situations, ce qui est idéal pour s’adapter aux angoisses de chaque individu. Parmi elles, on compte déjà un simulateur de conduite pour les accidentés de la route, traumatisés par leur accident.

De nouvelles études estiment que les symptômes liés à la dépression et aux troubles mentaux pourraient aussi bénéficier des effets positifs des dispositifs de réalité virtuelle sur notre organisme. Ces recherches, encore embryonnaires, nécessitent maintenant des tests cliniques plus importants avant d’être, un jour peut-être, déployées à plus grande échelle.

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