• Il évoque les capteurs, dont le prix a largement baissé en dix ans, et l’optimisation des revenus des agriculteurs grâce à la technologie.
• Un hackathon sur l’IA générative avec la start-up française star de l’IA générative Mistral AI organisé lors du Salon vise à démontrer l’utilité de la technologie dans le secteur agricole et encourager l’adoption de solutions innovantes.
Quelles sont les tendances en matière d’innovation dans l’agriculture ?
Il y a des tendances fortes dans les biotechnologies, les biostimulants et les bioentrants [intrants biologiques, macro ou micro-organismes, NDLR], mais également le développement de nouveaux capteurs qui permettent d’être toujours plus précis dans le suivi des cultures. Par exemple, la start-up Vegetal Signals permet de mesurer les signaux électriques ressentis par la vigne lors d’épisodes de gel ou de stress hydrique, ou permet encore de suivre les risques de mildiou. Elle a développé une technologie qui extrait des signaux des plantes afin de produire des données utiles aux agriculteurs et viticulteur sur les risques encourus sur leurs cultures. Lors du Salon International de l’Agriculture 2024, ce sont 40 start-up qui sont présentes et près de 80 conférences qui sont données sur des thématiques comme l’énergie, la gestion des données, les données spatiales, etc. On voit de plus en plus d’outils pour mieux piloter son itinéraire cultural [les différentes interventions sur les récoltes, NDLR], améliorer la gestion de l’exploitation ou encore améliorer l’accès au foncier, avec des solutions comme Piloter Sa ferme, Feve (Fermes en vie), Agriconomie etc. Les innovations ont également vocation à créer de la valeur environnementale, principalement grâce à des solutions de stockage de carbone.
Pour les produits qui ont réussi à prouver leur modèle et leur retour sur investissement, comme les robots Naïo, le prix n’est plus le problème.
Dans un contexte difficile pour les agriculteurs, comment les aider à appréhender l’innovation ?
Aujourd’hui l’innovation doit être là pour relever différents défis, à commencer par l’augmentation des revenus de l’agriculture. Cela peut se faire en l’aidant à baisser ses charges, par exemple grâce à des solutions de partage de matériel comme le propose Votremachine.com. Les agriculteurs ont par ailleurs de plus en plus accès à des solutions numériques pour diversifier leurs activités, qu’il s’agisse du développement de circuits courts, de vente en direct voire la production de l’énergie comme l’illustre la solution agrivoltaïque Ombrea. Il faut avoir conscience que le prix de l’accès à la technologie en dix ans a considérablement baissé : un abonnement à notre solution Weenat aujourd’hui revient à 300 euros par an, un capteur c’est entre 600 et 2000 euros et il est rentabilisé en un an et demi. Pour les produits qui ont réussi à prouver leur modèle et leur retour sur investissement, comme les robots , le prix n’est plus le problème.
Vous organisez un hackathon autour de l’IA générative lors du Salon, pourquoi ?
A l’occasion du SIA’PRO, une rencontre de trois jours réservés aux professionnels, et avec la start-up française MISTRAL AI spécialisée dans l’IA générative, on organise un hackathon car on pense que le secteur agricole ne doit pas prendre de retard dans l’IA générative. On est en train d’entraîner Mistral sur des données agricoles et, sur la base de ce modèle, 8 équipes doivent proposer des solutions innovantes en réponse à des demandes d’agriculteurs qui leur seront communiquées sous la forme de vidéos. L’objectif est de montrer comment la technologie peut être utile au milieu agricole et comment il est possible de se saisir de ses innovations. L’idée est de réunir autour de ce projet différents acteurs publics et privés dans une logique d’intelligence collective.
Vous dirigez aussi la start-up Weenat qui est spécialisée dans les capteurs et les données météo pour les agriculteurs. Où en êtes-vous dans votre développement ?
Aujourd’hui Weenat c’est 20.000 capteurs installés, dont 10.000 sont des sondes pour le pilotage de l’irrigation dans huit pays en Europe. On s’est récemment spécialisé en rachetant la société spécialisée en météo de précision Weather Measures pour fournir des données précises au km², sans avoir besoin de capteurs. On a donc fusionné la brique capteur et la brique données à laquelle on ajoute des informations provenant de la Nasa, du CNES et d’autres sources pour fournir aux agriculteurs une donnée précise de la teneur en eau de leur sol. On travaille également sur des modèles de machine learning et de réseaux de neurones pour fournir des prévisions météorologiques précises à l’agriculteur directement sur son téléphone par anticipation. On peut déjà aider les agriculteurs à anticiper les irrigations sept jours à l’avance avec notre outil d’aide à la décision Weedriq.