• Il estime que, pour réussir l’intégration des freelances, il faut lever les barrières de communication en interne et préparer un environnement technologique de travail stable pour l’accomplissement de leur mission
• Il est important pour l’entreprise de se préparer au départ d’un freelance afin de ne pas perdre de la connaissance technique et de devoir refaire appel à elle ou lui peu de temps plus tard.
Qu’est-ce qu’un DSI ou un CTO doit se poser comme question avant de faire appel à des développeurs indépendants ?
Avant de prendre des freelances, il faut être sûr d’avoir construit une culture technique forte en interne, prendre le temps de recruter des personnes qui restent et qui sont motivées. Prendre des développeurs freelances répond effectivement à un besoin de flexibilité et d’agilité et permet de répondre à des besoins temporaires, ou de s’offrir des compétences dont on ne dispose pas en interne pour raccourcir les cycles des projets. Néanmoins, pour les intégrer correctement dans un projet, il faut avoir des disciplines et routines importantes. Il arrive souvent que la communication soit limitée entre les développeurs freelances et ceux qui sont employés. Ces derniers peuvent se demander si les freelances vont les aider ou empiéter sur leur travail, et ne savent pas forcément combien de temps ils vont rester. Ce type de séparation affecte la culture technologique que les CTO et DSI souhaitent insuffler dans une entreprise.
Comment bien intégrer un freelance afin qu’il soit opérationnel au plus vite ?
Dans l’entreprise, il faut créer en amont « l’outillage » qui permet aux freelances de faire correctement leur métier. Chez Bodyguard, nous avons pris la décision de ne pas faire appel à des freelances tant qu’on n’avait pas mis en place les outils et l’infrastructure nécessaires pour garantir un environnement de travail optimal. Le dernier sujet dont je me suis occupé était autour des Large Language Models (LLM), ce qui était nouveau pour nous il y a encore un an. Nous avons décidé de nous occuper nous-mêmes de la mise en place de l’architecture du service et de l’infrastructure industrialisable (monitoring, observabilité, suivi de performance, etc.). Même si nous avions d’une part les compétences en interne, le but était de donner aux freelances tous les outils en clés en main. C’est essentiel, car un développeur freelance ne peut pas passer trois mois à s’acculturer à l’environnement ? Il doit être opérationnel en quelques jours !
L’un des points les plus cruciaux est de savoir comment gérer la connaissance dans une entreprise qui a fait appel à des freelances sur des projets
Si on se met à la place du freelance, quels sont ses besoins prioritaires pour la bonne exécution d’une mission ?
Il faut en effet que la seule friction soit pour lui la compréhension du produit et pas de l’outillage ni de l’environnement de travail. Il faut se mettre à sa place : il souhaite être rapidement opérationnel et ne souhaite pas voir les projets sur lesquels il travaille faire des allers-retours. En d’autres termes si le client décide de faire marche arrière, par exemple si certaines décisions en interne soient floues ou non actées, le freelance reste dans l’attente. Quand des sociétés font appel à des ESN [entreprises de services du numérique], il arrive trop souvent que le travail effectif ne représente qu’un sixième du temps. Dans le cadre d’un environnement ultra compétitif ou avec des contraintes de temps ou financières, une start-up qui accepte de prendre un freelance à un taux journalier de 700 euros va avoir des attentes importantes, et donc va responsabiliser davantage le freelance.
Qu’en est-il en interne quand le client termine sa mission ?
L’un des points les plus cruciaux est de savoir comment gérer la connaissance dans une entreprise qui a fait appel à des freelances sur des projets. Les développeurs indépendants apportent des compétences et des connaissances sur des projets, font grandir la base de connaissance de l’entreprise sur un sujet, voire apportent des expertises ou un réseau d’experts. L’entreprise risque de perdre cette connaissance si elle est mal organisée au moment où la mission d’un freelance se termine. Et, même si des modalités de transfert de connaissances ont été définies, l’entreprise doit trouver un moyen de s’approprier ces connaissances. Le but est d’éviter de devoir faire appel au même prestataire un mois plus tard, ou de ne pas pouvoir tirer parti de la contribution de ce freelance en raison du manque de connaissances internes.