● Son dirigeant et cofondateur, Hugo Dinh, est convaincu que les diagnostics médicaux numériques répondent à des besoins médicaux pour faciliter la vie des médecins et optimiser la qualité des données.
● Comme le fait l’Apple Watch en mesurant l’activité cardiaque en continu, des outils mobiles et connectés, faciles d’utilisation, devront, à moyen et long terme, permettre de détecter des signes précoces de maladies complexes, comme Alzheimer.
Les investissements dans les outils numériques de diagnostic médical ont connu un véritable boom, pourquoi?
Avant la crise sanitaire, les médecins utilisaient des outils de diagnostic classiques. Le Covid a mis en évidence que, même avec des équipements développés, les dispositifs médicaux numériques ont toute leur place dans le parcours de soins si les hôpitaux se trouvent dans une situation d’affluence. Cette prise de conscience a été accélérée par des acteurs comme Apple, qui a été pionnier en intégrant des capteurs dédiés à la santé dans ses montres. Avec les usages de l’intelligence artificielle, on peut dire que nous ne sommes qu’au début des diagnostics médicaux numériques. Pour toutes les maladies, plus le diagnostic est précoce, plus le traitement sera efficace. C’est le cas, par exemple, pour la maladie d’Alzheimer. On peut également prendre l’exemple d’une personne qui souffre de troubles cardiaques comme l’arythmie ou la tachycardie : si elle porte une Apple Watch en permanence, cela donnera plus d’informations pertinentes à un cardiologue que des mesures prises sur quelques jours seulement.
Quel type d’outil numérique dédié au diagnostic médical avez-vous conçu ?
Chez NaoX Technologies, nous nous concentrons sur l’épilepsie, car c’est une pathologie qui concerne 600.000 personnes en France, et plus de 50 millions dans le monde. Pour réaliser une (EEG), il faut compter six mois à un an d’attente, et les neurologues sont des ressources rares. Notre dispositif médical, qui est portable et se présente sous la forme d’écouteurs sans fil (buds), répond à une demande des médecins et permet de réaliser des diagnostics hors les murs et sur des durées pertinentes. Les écouteurs envoient les données dans le smartphone et le médecin peut avoir accès à ces informations. S’ils le souhaitent, les utilisateurs ont la possibilité d’accepter de partager leurs données pour contribuer à la recherche. Aujourd’hui, nous nous focalisons dans un premier temps sur la relation entre les médecins et les patients. C’est un sujet sensible au regard de l’exploitation des données de santé.
Il fallait trouver une solution pour réaliser des diagnostics dans la vie de tous les jours et démocratiser la mesure de l’activité cérébrale
Comment en êtes-vous arrivé à une telle solution ?
En 2015, nous observions les signaux électriques du cerveau pour y appliquer des modèles mathématiques, afin de savoir s’il y avait chez un patient des signes avant-coureurs de crise d’épilepsie. Car à l’origine, mon ex-professeur et aujourd’hui associé, Michel Le Van Quyen, travaillait sur des approches statistiques pour la prédiction des crises d’épilepsie. C’est ce que l’on appelle aujourd’hui de l’intelligence artificielle. Jusqu’à présent, seule une EEG permettait de récolter des données, et cela devait se produire dans un contexte médical. La réalité est que l’algorithme qui permet de détecter les signes de pathologies neurologiques doit être alimenté en permanence par des données et, de fait, le contexte d’un examen n’est pas suffisant. Il fallait donc trouver une solution pour réaliser des diagnostics dans la vie de tous les jours et démocratiser la mesure de l’activité cérébrale.
Pourquoi avoir décidé de créer un dispositif médical sous la forme d’écouteurs ?
Pour le même type d’usage, on a vu des équipes qui ont conçu des bandeaux se plaçant sur la tête. Malheureusement, la qualité du signal n’était pas suffisante, et personne ne souhaitait porter ce type d’appareillage dans la vie de tous les jours. Quand Apple a sorti ses AirPods en 2017, cela a décloisonné un immense marché et nous savions alors que le canal auditif et les oreilles constituaient un bon support pour capter l’activité cérébrale. On a donc créé nos « buds » pour déguiser notre examen médical sous forme d’écouteurs, une sorte d’accessoire de mode dont tout le monde sait se servir.
Quelle est votre feuille de route ?
Nous souhaitons sortir un produit suffisamment robuste pour être utilisé dans un cadre médical et, pour cela, il doit être normalisé et obtenir des certifications. C’est un processus qui prend du temps, et nous pourrons alors commercialiser notre offre de services d’ici à 2024. Ensuite, nous travaillerons à faire en sorte que l’acte et l’utilisation du produit soient remboursables. Car nous ne vendons pas à proprement parler un produit, mais un service complet qui comprend le dispositif, la remontée et le traitement des données, ainsi que la consultation. On souhaite proposer cela à des tarifs proches de ceux de l’acte de l’EEG, entre 80 et 250 euros.
En savoir plus :
La Medtech, futur de la santé (podcast)
examen qui permet de détecter l'activité électrique dans le cerveau à l'aide de petits disques métalliques (électrodes) fixés sur le cuir chevelu (la tête)