● De nouvelles technologies comme iDEAR promettent un recyclage plus précis, plus propre grâce à l’intelligence artificielle et la robotique.
● Orange s’est engagé sur une stratégie rigoureuse de gestion des équipements en fin de vie. Objectif : maximiser la seconde vie des appareils et construire un modèle plus sobre et durable.
En 2022, 62 millions de tonnes de déchets électroniques ont été produites à l’échelle mondiale, un chiffre qui devrait atteindre les 82 millions de tonnes en 2030, selon les Nations Unies. Si 22% sont recyclées, « le reste finit en grande partie sur le continent africain et empoisonne les habitants, les sols, l’air, et l’eau », indique RFI. En Allemagne, le projet iDEAR du Fraunhofer Institute for Factory Operation and Automation (IFF) développe des solutions pour le démontage automatisé et non destructif des équipements électroniques, afin d’en faciliter le recyclage. L’objectif est de concevoir un système de gestion des déchets certifiable en boucle fermée, grâce à la robotique, à l’IA et à la métrologie. Ce système utilise des capteurs optiques et des caméras 3D pour identifier et analyser les composants des appareils électroniques et les désassembler plus efficacement. L’objectif in fine est d’optimiser l’exploitation des ressources en réduisant la nécessité de produire ou d’extraire de nouveaux matériaux.
Cette initiative rappelle ReconCycle, un projet financé par l’Union européenne qui vise à faire « progresser la robotique et l’IA pour répondre à la complexité du recyclage des e-déchets et promouvoir la durabilité et l’innovation dans l’économie circulaire ». L’objectif en est d’introduire du matériel et des logiciels autoreconfigurables pour le désassemblage de dispositifs électroniques, sur la base d’une cellule robotique reconfigurable. Cette dernière utilise des techniques d’apprentissage sensorimoteur – une approche de l’intelligence artificielle qui permet à un robot d’apprendre en agissant et en observant les effets de ses actions, – et des modèles d’intelligence artificielle.
Il est également important pour nous de mettre en place des stratégies de décarbonation avec les fabricants de smartphones neufs
Une vision à long terme chez Orange
En 2023, Orange a généré 4205 tonnes de déchets électroniques, toutes catégories confondues. « Tous les équipements électriques et électroniques usagés (DEEE) sont orientés vers des filières certifiées, principalement via des éco-organismes en Europe », indique Julie Allagnat, Circular Economy Manager chez Orange. Si Orange n’intervient pas directement dans le processus de recyclage (confié à ses prestataires), Orange assure la traçabilité et le respect des normes environnementales. « Notre but est de s’assurer que les équipements en fin de vie soient transférés à des organismes spécialisés afin de maîtriser les risques et assurer la conformité des réglementations en vigueur tout en optimisant la performance de collecte et traitement de nos déchets. » Aujourd’hui, Orange se concentre principalement sur l’optimisation de la collecte et le traitement des déchets au cœur de son activité d’opérateur, soit les déchets d’infrastructures réseau et les DEEE, avec une priorité sur les déchets dangereux matérialisée par la mise en place d’une politique DEEE/Batteries et le programme WEEE Clean.
Du recyclage à l’économie circulaire
Au-delà de la simple collecte, Orange développe activement la reverse supply chain pour maximiser la seconde vie de ses équipements. « Grâce à des partenaires spécialisés comme Ingram Micro Services, jusqu’à 70% des Livebox retournées par les clients sont reconditionnées. Ce reconditionnement implique un effacement sécurisé des données, une rénovation matérielle et logicielle, et permet de réinjecter jusqu’à 4,5 millions de box par an dans le marché français » indique Pary Arpoudam, Head of reverse logistics domain chez Orange. Cette stratégie contribue aux efforts du groupe Orange qui a pour objectif d’être Net Zéro d’ici 2040 et baisser ses émissions de CO2 de 45% d’ici 2030.
Côté smartphone, le marché du reconditionné se développe deux fois plus que le neuf et connaît une croissance annuelle de 8% à 10% en Europe. « En France, le taux de pénétration du reconditionné est situé entre 15% et 20% des ventes de smartphones. Il est donc également important pour nous de mettre en place des stratégies de décarbonation avec les fabricants de smartphones neufs afin de les rendre solidaires de nos ambitions de réduction de notre empreinte carbone » explique Jean-Luc Vallejo, SVP Devices Circularity and Sustainability chez Orange. Aujourd’hui, on estime qu’un smartphone reconditionné est 80% moins émissif en CO2. « Les smartphones reconditionnés restent un marché encore difficile, car fragmenté et les processus sont peu automatisés. Pour l’heure, il est difficile de garantir des volumes suffisants », poursuit-il. L’économie circulaire concerne également les équipements réseau (ITN), bien que leur reconditionnement reste moins mature. Ces équipements ont une empreinte carbone importante à l’usage, ce qui en fait une priorité pour Orange pour les prochaines années.
Sources :
Intelligent Disassembly of Electronics for Remanufacturing and Recycling (iDEAR Project) (en anglais)
En savoir plus :
AI will add to the e-waste problem. Here’s what we can do about it. (en anglais)
AI-powered robots help tackle Europe’s growing e-waste problem (en anglais)


