• Si la GenAI permet d’accélérer le travail, elle soulève aussi des défis, comme l’homogénéisation du code et le risque d’isolement.
• Dans un scénario idéal, la GenAI libérerait du temps pour des tâches créatives, mais les équipes devront rester engagées et conscientes de leur rôle dans l’évolution des projets.
Maintenir la motivation des équipes techniques est un véritable casse-tête pour les CTO et les DSI, qui doivent sans cesse innover pour fidéliser leurs talents à une période où la compétitivité sur les sujets IA est de plus en plus importante. Pour eux, innover se traduit également par d’importants enjeux de créativité dans leurs équipes. Dans un article intitulé « Creativity, Generative AI, and Sofware Development: A Research Agenda », une équipe de recherche explique que l’IA générative, ou GenAI, risque de perturber la manière dont les développeurs travaillent et le développement de logiciels à grande échelle. L’enjeu pour les chercheurs est que les développeurs puissent voire leur créativité au service de l’innovation favorisée par la GenAI, sans pour autant dévaloriser leurs compétences humaines. Pour les managers, il faut aider les équipes à trouver un équilibre entre ce que le développeur produit, et la manière dont il l’a produit. De fait, beaucoup de développeurs se perçoivent comme des artisans du code. « Et comme tout artisan, un développeur a besoin d’être fier de ce qu’il produit », note Thibaud Courtoison, CTO de la start-up Prolong, qui fournit un outil de gestion d’économie circulaire pour les services après-vente. « On ne fait pas de la tech pour faire de la tech. Il est important de promouvoir l’excellence technique dans une équipe, que ce soit en termes de qualité du code, de l’utilisation de solutions non conventionnelles, mais efficaces, etc. », ajoute-t-il.
L’IA générative risque d’exacerber certaines problématiques
Or si l’IA générative permet aux développeurs de travailler plus vite, elle pose de nouvelles questions, à commencer par le risque de voir les prochaines générations de logiciels plus homogénéisés, et donc moins originaux. Pour contrebalancer cela, les chercheurs estiment qu’il faudra prendre en compte l’impact de l’usage de l’IA dans le développement sur l’expérience. La GenAI peut également exacerber des problématiques déjà bien connues chez les développeurs, « par exemple, un sentiment accru d’isolement pour les travailleurs à distance, car la collaboration virtuelle n’est plus nécessaire lorsque l’on peut faire du brainstorming avec la GenAI ». Ainsi, il devient crucial de bien connaître les motivations des développeurs. « Chaque développeur a des leviers de motivation différents », ajoute Laurent Michelet, CTO de Shopopop, un éditeur de solution spécialisé dans le co-transportage. « Pour mieux les comprendre, on organise des ateliers avec eux pour appréhender leurs priorités et motivations intrinsèques en se basant sur les , afin de savoir par exemple si certains ont plus d’appétence pour le management ou pour des expertises techniques ou encore d’autres aspects comme le niveau de liberté. »
L’expertise technique en question
L’IA générative rebat également les cartes en matière d’expertise technique. Dans le scénario pessimiste évalué par les chercheurs, « la GenAI progresse au point de pouvoir faire presque tout le travail des développeurs de logiciels et que le rôle des humains dans le travail de développement soit considérablement réduit. Les humains n’ont plus besoin de faire preuve de créativité ; c’est la GenAI qui est la force créatrice ». C’est la raison pour laquelle les DSI et CTO ont tout intérêt de miser sur l’excellence technologique. « En tant que CTO, je dois être à jour et avoir des plans de transformation et projeter une vision technique sur deux à trois ans pour continuer de proposer des technologies attractives à mes équipes », explique Laurent Michelet.
Des développeurs plus libres de leur temps
. Il ne faut de toute évidence pas négliger la responsabilisation des collaborateurs. « ChatGPT ne va pas les remplacer et il ne faut pas les prendre comme des exécutants. Ils doivent avoir conscience que le travail ne s’arrête pas à la mise en production. Ils doivent appréhender l’évolution des applications, leur monitoring, etc. » souligne Thibaud Courtoison. Les DSI peuvent également créer des passerelles entre les différents métiers d’un grand groupe. « Chez un client transporteur mondialement connu, l’idée était de migrer une application vers le cloud et d’en profiter pour créer de la proximité entre les développeurs et les métiers qui vont utiliser cette application au quotidien », raconte Stéphane Decaudin, Directeur Practice Technologies de l’activité Executive Search chez Grant Alexander. Une opportunité pour amener de la diversité dans les équipes projet et offrir aux développeurs la possibilité de voir comment leurs outils sont appréhendés et utilisés.
10 degrés de motivation de Jurgen Appelo
Jurgen Appelo, auteur et spécialiste du « management 3.0 » détaille 10 « motivateurs » dans le monde du travail : la curiosité, le lien social, l’honneur, le but, le statut, la maîtrise, la liberté, la validation, l’ordre, et l’influence.