• Des entreprises achètent ou co-développent des solutions ciblées de LLMs et explorent l’IA agentique. En automatisant des tâches simples, elles réalisent des économies mesurables en prenant le risque d’une dépendance accrue et d’une perte de compétences.
• L’usage des outils d’IA en entreprise peut mener soit à un immobilisme anxiogène, soit à une transition collective qui intègre tous les métiers et équilibre performance et bien-être.
L’adoption de l’IA générative (IAG) en entreprise est massive mais encore disparate, parce que les usages individuels devancent les stratégies des entreprises. Selon une étude réalisée par le MIT, 90% des entreprises voient leurs employés utiliser des outils GenAI sans cadre officiel, et seules 40% d’entre elles ont officiellement souscrit à un abonnement à un LLM. Chez Orange, l’adoption de la GenAI est d’abord portée par les salariés, et non par les directions. Selon l’Institut des métiers d’Orange (IMO), 64% des employés ont utilisé des IA génératives à la maison ou au travail fin 2023, avec une préférence marquée pour ChatGPT (2 salariés sur 3). « Les outils génériques comme ChatGPT sont adoptés pour leur flexibilité, mais abandonnés pour les tâches critiques faute de fiabilité », note le rapport du MIT. « Nous comptons 18% de non-utilisateurs chez les moins de 30 ans contre 41% chez les plus de 50. Ce gap n’est pas irréductible, d’autant que les plus jeunes sont aussi ceux qui hésitent le moins à parler de leur pratique avec l’IAG au travail », indique l’Institut des métiers d’Orange.
Pour le MIT, les véritables économies pour les entreprises proviennent de l’automatisation de tâches répétitives (résumés, classification de contrats, etc.).
La recette gagnante
95% des projets IA en entreprise échouent à générer des revenus. Le MIT note que les sociétés qui réussissent à tirer profit de l’IA générative respectent plusieurs règles :
- Elles achètent ou codéveloppent des solutions plutôt qu’elles ne les construisent, avec un taux de succès deux fois supérieur (67% contre 33% pour les projets internes).
- Elles favorisent des outils spécifiques à des métiers, capables d’évoluer grâce aux retours utilisateurs.
- Elles ciblent des processus simples et mesurables, comme l’automatisation des résumés d’appels, la génération de contrats, plutôt que des projets ambitieux, plus risqués.
- Elles investissent dans l’IA agentique, c’est-à-dire des systèmes autonomes qui sont capables de négocier avec des fournisseurs ou de résoudre des requêtes clients sans intervention humaine.
Vers des économies substantielles ?
Selon l’institut de recherche américain, les véritables économies pour les entreprises proviennent de l’automatisation de tâches répétitives (résumés, classification de contrats, etc.), avec des gains mesurables de l’ordre de 40% de temps gagnés sur la qualification des leads. Elles pourraient par ailleurs réaliser 2 à 10 milliards de dollars d’économies annuelles en réduisant les coûts externes (BPO, agences). Les agents autonomes pourraient, à terme, apporter des économies plus substantielles, mais il existe toutefois des effets indésirables quant à ces usages en entreprise. « Nous faisons le constat que les habitudes se mettent en place très vite. Elles entraînent une dépendance inconsciente à l’IA et un risque de perte de compétences à évaluer dans le temps », note l’IMO qui souligne que les applications générées par l’IA font fi des règles de sécurité du Groupe. « Si nous laissons les employés dans leur “pacte faustien”, ou “dans leur bulle autonome” ils pourront être individuellement plus productifs car plus rapides, mais dans les faits plus dépendants de l’IA, plus passifs et en perte de compétence. »
Deux scénarios pour l’avenir
Selon l’Institut des métiers d’Orange, on peut craindre dans un premier cas une forme d’immobilisme anxiogène. En somme, sans action forte, les craintes persisteront et les usages resteront cloisonnés. Les conséquences d’un tel scénario sont problématiques : des équipes en retrait, des contradictions non résolues, et une IA perçue comme une menace plutôt qu’un levier. Toutefois, une transition ambitieuse et collective est possible, à travers un projet fédérateur dans lequel chaque métier définit son équilibre entre efficacité et qualité de travail. Grâce à une concertation active, les non-utilisateurs sont embarqués, les compétences montent en puissance, et l’IA est mise au service à la fois de la performance et du bien-être. L’enjeu ? Redonner du pouvoir d’agir à tous.
Sources :
The GenAI Divide – STATE OF AI IN BUSINESS 2025 (en anglais)