• Les start-up WeWaLK et .lumen ont respectivement inventé une canne intelligente et un casque, qui offrent un guidage de précision afin de favoriser l’inclusion de cette population.
• Ces objets connectés, nouveaux et relativement chers, ne sont pas encore remboursés par les différents systèmes de sécurité sociale dans les pays où ils sont distribués.
Lors du CES 2025 à Las Vegas, deux start-up se sont distinguées par leurs innovations à destination des non-voyants. WeWaLK a développé la première canne intelligente. Cette dernière conserve la forme d’une canne blanche traditionnelle tout en incorporant une technologie d’IA pour mieux guider les utilisateurs. De son côté .lumen (prononcer dot lumen) a présenté un casque qui guide les non-voyants avec des retours haptiques et une technologie d’IA avancée. « En améliorant la mobilité des non-voyants, les gens peuvent accéder à davantage d’opportunités d’emploi grâce à leur gain d’autonomie et d’indépendance », note Gökhan Meriçliler, le fondateur de la société britannique WeWaLK.
Avec WeWaLK, les utilisateurs peuvent bénéficier d’une navigation dans 3000 villes grâce à des partenariats noués avec Microsoft et Moovit
Une canne qui parle à ses utilisateurs
« Grâce au text-to-speech, la canne intelligente peut vous parler et vous pouvez lui parler. Elle vous indiquera les bus et trains à proximité » souligne Jean-Marc Feghali, le Chief Innovation Officer de WeWaLK, lui-même malvoyant. L’appareil est doté d’une navigation assistée par l’IA, d’une détection des obstacles, d’un retour haptique et de capacités d’interaction vocale. Les utilisateurs peuvent le connecter à leur smartphone pour activer, via des boutons sur la canne, des fonctionnalités de l’application. Ainsi, les utilisateurs peuvent bénéficier d’une navigation dans 3000 villes grâce à des partenariats noués avec Microsoft et Moovit. « Nous avons un capteur de mesure inertielle qui comprend un gyroscope, une boussole, un capteur ultrasonique pour détecter les obstacles et un accéléromètre. Nous avons même un baromètre dans la version 2 de la canne », ajoute Jean-Marc Feghali. « Nous utilisons la technologie ultrasonique pour détecter les obstacles ; à l’avenir, nous voudrions pouvoir identifier directement des objets et donner une conscience spatiale à nos utilisateurs », souligne Gökhan Meriçliler. Le calcul des résultats est effectué sur le cloud, tandis que les fonctionnalités critiques de sécurité comme la détection d’obstacles sont intégrées directement dans la canne.
Un casque qui oriente la tête pour remplacer le chien-guide
En Roumanie, l’entrepreneur Cornel Amariei a quant à lui opté pour une approche différente en créant un objet connecté qui remplace les fonctions d’un chien guide — dont le nombre et rare et le coût d’entretien important — sous la forme d’un casque qui se pose sur le front. Ce dernier est capable d’analyser l’environnement et de proposer un guidage vocal grâce à six caméras et une puce Nvidia. De plus, ce casque tire la tête de son utilisateur grâce à des retours haptiques pour lui indiquer la direction à prendre. « Nos lunettes utilisent des algorithmes pour planifier en temps réel et guider les utilisateurs tout en évitant les obstacles. » La technologie développée fonctionne selon lui comme une voiture autonome pour les piétons : « Elle détecte trottoirs, routes, intersections et même des surfaces spécifiques comme l’eau ou la glace. » L’objet intègre entre 8 à 11 modèles d’IA et les algorithmes ont été entraînés avec des millions d’images provenant de plus de 40 pays. La société a testé la technologie dans des conditions extrêmes et est capable de détecter des trottoirs dans différents pays, où leur forme et démarcation sont différentes. « Chaque composant du casque est conçu pour optimiser l’expérience utilisateur : haptique pour diriger, audio pour informer, tout en fonctionnant avec une autonomie d’une journée complète. » Un utilisateur peut ainsi suivre un chemin, être informé des magasins environnants ou même être guidé vers une destination via Google Maps.
L’enjeu de l’accès au remboursement des dispositifs
Si le prix de la canne WeWaLK est moins important que le casque .lumen, les start-up travaillent avec les principaux organismes de sécurité sociale dans différents pays, aux États-Unis avec des associations de vétérans, pour que le terminal puisse être remboursé. « Cela reste dans tous les cas moins cher qu’un smartphone haut de gamme. » Le casque .lumen coûtera quant à lui entre 5.000 et 10.000 euros. « Notre objectif est que cette technologie soit gratuite grâce au remboursement des organismes de sécurité sociale », plaide Cornel Amariei. L’entrepreneur reconnaît qu’il s’agit là d’un défi pour un produit positionné comme un véritable dispositif médical mais pionnier sur le marché visé – le marché européen dans un premier temps.
Image: test du casque .lumen.
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TDK Lends New Sensors to WeWalk for AI-Integrated Smart Cane (en anglais)


