Orange prend en compte les impacts environnementaux de la conception au recyclage

De l’éco conception jusqu’au recyclage, sans oublier le design, les questions environnementales sont pleinement intégrées chez Orange. L’opérateur réalise ce travail avec ses partenaires depuis une quinzaine d’années.
Par exemple, de sa conception jusqu’à son recyclage, la Livebox 5 fait l’objet d’une attention particulière en termes environnementaux : récupération des métaux rares, coque en plastique recyclé, architectures électroniques simplifiées. Orange s’assure aussi que les éléments à recycler soient bien récupérés dans les bonnes filières et mène des études régulières pour mesurer la consommation énergétique des équipements, leur durabilité, et leur réparabilité. Orange travaille également sur la connaissance des composants pour qu’ils soient plus robustes et qu’ils consomment moins d’énergie.
Résultats : sur la Livebox 5 par exemple, les études montrent que 30 % en moins de CO2 ont été émis sur l’ensemble de son cycle de vie.

Jérôme Colombain : Bonjour Jean-Noël Stehly.

Jean-Noël Stehly : Bonjour.

JC : Vous êtes responsable de projets sur les sujets environnementaux à la direction Home – Home comme maison -, chez Orange. Alors, la question environnementale, le recyclage, l’éco conception ; on sait que c’est un sujet qui n’est pas nouveau. Depuis plusieurs années, déjà, tous les opérateurs planchent là-dessus. Où en sommes-nous chez Orange ?

JNS : Chez Orange, ça fait déjà une quinzaine d’années qu’on travaille sur ces questions. On a progressivement développé des compétences et acquis un certain nombre de connaissances sur ces sujets ; travaillé avec nos fournisseurs, travaillé avec un ensemble de partenaires, pour travailler à la fois sur les matériaux, sur la consommation des équipements, sur leur durabilité, notamment tout ce qui est lié au reconditionnement qui permet de réutiliser les produits pendant plus longtemps, quand les clients nous les ramènent, ou pour les réparer. Et puis optimiser ce que les équipements deviennent en fin de vie avec le recyclage et les partenaires des différents pays dans lesquels on opère.

JC : Si je rapporte une Livebox Orange, qu’est ce qui se passe après ? Qu’est-ce qui lui arrive ?

JNS : Aujourd’hui, chez Orange, la Livebox est emmenée chez un de nos prestataires qui va la tester, qui va vérifier si elle est encore fonctionnelle ou pas. Si tout fonctionne bien, elle va juste être remise dans un packaging d’origine pour être remise dans le circuit. Et si une réparation est nécessaire, elle va être remise à neuf, avec les pièces, la coque, tout ce qui est nécessaire pour son bon fonctionnement et également remise dans le circuit.

JC : À condition qu’elle ne soit pas trop ancienne ?

JNS : À condition qu’elle ne soit pas trop ancienne, auquel cas elle est sortie du marché. Mais malgré tout, c’est en moyenne plus de sept ans qu’on garde les box dans le parc aujourd’hui et c’est un volume d’activité important. C’est à peu près 5 millions de produits qui sont testés chaque année, qui sont envoyés par les clients, qu’on teste et l’immense majorité est remise sur le circuit.

JC : Et celles qui ne sont pas remises dans le circuit, qu’est-ce qu’elles deviennent ?

JNS : Elles partent chez des prestataires qui gèrent derrière le recyclage, le démontage, la récupération des matériaux.

JC : Lorsqu’elles sont démontées, on récupère quoi ? Les métaux rares, le plastique, etc. ?

JNS : C’est ça. Donc le plastique va partir dans des filières de recyclage de plastique. Pour les métaux, on va essayer, avec différents systèmes de fonderie, d’en extraire les matières les plus intéressantes pour les réutiliser dans d’autres produits, plus tard. Mais ça, ce n’est pas, nous Orange, qui le faisons. En revanche on s’assure que nos produits sont bien récupérés dans les bonnes filières.

JC : Alors avant d’en arriver au recyclage, il y a la partie conception et éco-conception. La dernière Livebox, qui est encore en circulation, en attendant la prochaine. La dernière Livebox, elle était déjà très respectueuse de l’environnement. Elle avait vraiment été éco-conçue, avec un très haut niveau de réparabilité, de recyclage. Vous pouvez nous en parler un petit peu ?

JNS : Oui, le dernier modèle de Livebox, donc la Livebox 5 qui est actuellement en parc, en France. Il y avait eu un travail important d’optimisation sur les matières, comme vous l’avez dit, avec une coque en plastique 100% recyclé. Un travail aussi de simplification par rapport au modèle précédent. C’était un modèle exclusivement en fibre, donc simplifié d’un point de vue de l’architecture électronique pour gérer uniquement une connectivité réseau.

JC : On n’avait pas besoin de mettre un deuxième appareil à côté.

JNS : C’est ça. Et puis, contrairement à la box d’avant, qui à la fois permettait de fonctionner sur un accès fibre et un accès ADSL, celle-là elle était uniquement en fibre. Donc moins de matériel, moins de connecteurs, etc. Donc à la fin, c’était globalement 30% d’émissions de CO2 en moins sur l’ensemble de son cycle de vie, de ce qu’on avait pu mesurer. Donc oui, un gain, un gain significatif des différents choix qui avaient été faits, des différentes étapes de conception sur ce produit.

JC : Et ça, c’est l’aboutissement d’une histoire, c’est-à-dire qu’il y a eu toute une progression au fil des années.

JNS : Oui, c’est l’aboutissement. On n’y est pas encore, mais en tout cas, c’est une étape. Maintenant, ça fait une quinzaine d’années à peu près qu’il y a des travaux importants qui sont menés par tout un tas d’experts dans la maison sur le sujet de l’éco-conception, pour travailler sur les matières, sur la connaissance des composants – des composants robustes, des composants qui consomment moins –, travailler sur les emballages, travailler sur les transports, travailler sur les sélections des fournisseurs, sur le bon suivi des réglementations et des critères RSE, qu’on demande à nos fournisseurs, donc avec des acheteurs, etc. Il y a des analyses tech éco qu’on peut faire sur l’ensemble des composants pour s’assurer de trouver les meilleures pistes et les meilleures options. C’est un travail de design autour, pour assembler tout ça dans un produit qui va être plaisant pour le client et facile à ouvrir, à démonter, à réparer. Donc ça rassemble un pool de compétences très vaste qui travaille sur le hardware, sur le software. C’est un produit complexe.

JC : J’imagine que c’est une question de compromis tout ça. Parce qu’il faut une box qui ne consomme pas trop et qui ait toutes les qualités que vous venez d’exprimer. Mais en même temps, il faut qu’elle soit jolie, il faut qu’elle remplisse son rôle, il faut qu’elle soit facile à utiliser, etc.

JNS : Oui, l’éco-conception, c’est un compromis. C’est chercher à réduire l’impact environnemental. C’est protéiforme, un impact environnemental. Déjà, on peut le mesurer sur différents axes. On pense aux émissions de CO2 évidemment. Mais c’est aussi la consommation d’un ensemble de matières, de matières non renouvelables, de consommations d’énergie pour produire les différents composants et puis faire fonctionner le produit quand il est branché derrière.

Donc un choix de réduction d’impact a forcément plus de valeur sur tel axe que sur un autre. Et donc il faut réfléchir en fonction des options possibles sur le projet. Qu’est ce qui fait le plus de sens à un instant donné ? Et pour ça, il y a un outil de mesure qu’on appelle « l’analyse de cycle de vie », qui permet vraiment de prendre en compte l’ensemble des externalités sur l’environnement du produit et qui permet de mesurer entre sa fabrication, son usage, son transport sur l’axe « prélèvement de ressources » ou « émission de CO2 » ou d’autres types de pollution, où sont les impacts principaux. Et donc, quelles sont les actions qui ont le plus de valeur.

Par exemple, quand on parle de compromis, aujourd’hui, un produit électronique, il faut le refroidir. Il ne faut pas qu’il chauffe trop. Mettre un ventilateur, il y a le risque que ça fasse un peu de bruit, que peut-être ce soit une faille de robustesse dans le produit, c’est quelque chose qui peut casser plus facilement. Cependant fonctionner sans ventilateur, ça demandera de mettre un radiateur plus gros, avec donc plus de matières, plus de métaux, donc peut-être moins de consommation électrique, mais plus d’utilisation de différents métaux, pour faire un radiateur plus important. Donc trouver ce qui a le plus de sens d’un point de vue réduction de l’impact, ça fait partie des axes de réflexion. Et sur un produit comme le décodeur télé par exemple, aujourd’hui, on atteint des performances très importantes, en termes de consommation électrique, grâce à des modes de veille très efficaces. Plus le mode de veille est efficace, plus le produit risque d’avoir un délai un peu plus long de remise en route pour se rallumer et donc ça a un impact sur l’expérience utilisateur, pour avoir son émission instantanément quand on appuie sur la télécommande. Donc, trouver le meilleur compromis entre la meilleure performance environnementale, en termes de consommation électrique, et l’acceptabilité par les clients, d’un point de vue réactivité du produit.

JC : Jean-Noël Stehly, comment ça se fait que ma Livebox, moi, quand j’éteins mon téléviseur simplement avec la télécommande du téléviseur, elle ne s’éteint pas.

JNS : Oui, aujourd’hui, le décodeur télé n’est pas piloté par la connexion avec la télé.

JC : Sauf sur certains appareils non ?

JNS : Non, ce n’est pas une fonction. Et puis selon les générations, après, il y a toute une hétérogénéité de connexions décodeurs/téléviseurs à gérer. Et aujourd’hui, c’est un comportement qu’on voit, dans nos statistiques de collecte d’usages de nos produits, de voir qu’on a un stock de décodeurs qui semble allumés plus que de raison par rapport à l’utilisation habituelle de clients, qui sont le signe que les clients ont l’habitude d’éteindre le téléviseur et puis, derrière, le décodeur reste allumé.

JC : Donc c’est un problème que vous avez identifié.

JNS : C’est un problème qui est identifié, donc c’est un axe de travail de dire qu’aujourd’hui, on a fait plein de choses pour que le produit soit éco-conçu et qu’il consomme moins s’il est mis en veille. Mais si l’utilisateur n’a pas le réflexe de mettre son produit en veille, en le laissant allumé, en éteignant uniquement le téléviseur, finalement, on est passé à côté du bon levier d’action pour réduire l’impact globalement du service télé. Et donc, il y a une piste d’amélioration possible encore, pour nos prochaines générations de produits.

JC : Alors, on imagine quand même que vous devez faire des compromis ? On a dit des arbitrages. Est ce qu’il vous arrive d’être déçu parfois ? De dire « ça il faudrait le faire, mais in fine, on ne peut pas » ?

JNS : Pour tous les acteurs qui travaillent sur le sujet de l’environnement, c’est à la fois excitant parce qu’il y a un champ de possibles important et c’est toujours frustrant parce qu’on voudrait toujours aller plus loin. Il y a toujours des idées, des pistes et des options pour en faire plus. Après, c’est une question de temps, c’est une question de coût, c’est une question d’impacts utilisateurs qui ne sont pas tous activables en même temps. Aujourd’hui, on le voit sur l’ensemble du cycle de vie d’un produit, quand on considère, d’un point de vue modélisation, qui va être actif en parc pendant un an, pendant sept ans ou plus. Une Livebox, les deux tiers de son impact, d’un point de vue émissions de CO2, c’est pendant l’utilisation : c’est sa consommation électrique.

Donc aujourd’hui, on voit qu’on a des leviers de travail et d’optimisation encore importants dans les contraintes, du fait que la Livebox est un outil qui est au cœur de la vie numérique du foyer, et qu’on ne peut pas le mettre en veille à n’importe quel moment. Mais arriver à toujours améliorer et donc réduire sa consommation électrique, au global, pour réduire ses impacts, c’est encore tout un champ de sujets à explorer et à améliorer dans les futurs produits.

JC : Merci, Jean-Noël Stehly, responsable de projets sur les sujets environnementaux chez Orange.

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