• Ils prévoient l’importance que ces technologies pourront avoir pour la santé, l’éducation, la formation et le divertissement moyennant une démarche adaptée (accessibilité by design), de nouveaux mécanismes et une évolution du droit.
• Ils plaident pour une prise de recul concernant la complexe mesure de l’empreinte carbone, qui doit s’intégrer dans une démarche holistique englobant les autres impacts environnementaux.
• Le progrès potentiel le plus significatif cité : « Explorer la possibilité d’une auto-gouvernance non-territorialisée qui soit propre aux univers immersifs : une régulation « dans/par les métavers », avec des valeurs, des lois, une police, une justice. »
En octobre 2023, la Simplon Foundation, en coordination avec l’Agefiph, publie Pour des technologies, usages et expériences immersives plus responsables (pdf). Ce livre blanc synthétise les travaux d’une trentaine d’acteurs – dont Orange – engagés dans les domaines des , des technologies de réalité étendue (XR), de la RSE/ESG, etc., sur le thème des enjeux liés aux technologies immersives. Dans un contexte de reflux d’un battage médiatique, cette réflexion collaborative porte sur les opportunités ouvertes par le monde de l’immersion ainsi que sur sa soutenabilité. « En mettant un pied dans l’immersif, nous avons vite réalisé que les sujets de responsabilité et de soutenabilité liés à son développement étaient peu abordés, explique Frédéric Bardeau, président et cofondateur de Simplon.co. Ce projet de brainstorming collectif a fonctionné sur la base d’une logique horizontale et égalitaire : chaque contributeur avait le même poids en termes de voix, qu’il s’agisse d’un freelance expert, d’une structure moyenne spécialisée dans l’impact carbone du numérique, ou d’un grand groupe international comme Orange ou Meta. » L’objectif du groupe de travail à l’origine du document était de s’éloigner de toute vision manichéenne ou partisane et d’établir une vision honnête, transparente et prospective des manifestations immersives.
La nécessité d’une standardisation des méthodes d’évaluation de l’impact écologique des technologies immersives
L’enjeu d’anticipation d’une forte croissance des usages
L’état des investissements et des innovations indique que les univers immersifs deviendront à terme une brique majeure des usages numériques, avec des applications dans les secteurs de la santé, de l’éducation, du divertissement, etc. Meta prévoit que le chiffre d’affaires du secteur du métavers pourrait atteindre de 259 à 489 milliards d’euros annuels pour le PIB européen en 2035.
Orange expérimente et réfléchit depuis des années sur les univers immersifs, rappelle Morgan Bouchet, directeur de programme Métavers/XR : « Le Groupe est déjà très actif sur le sujet, avec notamment deux initiatives phares – Eternelle Notre-Dame et les Safe Zones. » – L’expérience de réalité virtuelle (VR) Eternelle Notre-Dame illustre la force de l’immersif pour découvrir un monument ou une œuvre autrement et entretenir la mémoire du patrimoine. Quant aux Safe Zones, ces espaces de protection contre le cyberharcèlement déployées par Orange au sein des plateformes de jeux Fortnite et Roblox incarnent l’effort de prévention contre les dérives des technologies immersives. Le Groupe Orange s’est donc joint à la démarche de son partenaire de longue date Simplon. « La démarche de confrontation des points de vue avec des acteurs ayant des niveaux de compréhension et d’appréhension du sujet différents a nourri notre propre réflexion et amené de nouveaux questionnements », relève Morgan Bouchet.
Que retenir du livre blanc issu de ces échanges ? Quatre dimensions clés y sont traitées : la diversité et l’inclusion, la santé, l’environnement, la gouvernance et la régulation. Les grands enjeux et des bonnes pratiques sont énoncés pour chacun de ces axes d’investigation. En matière de gouvernance et d’éthique, le document relève que des réglementations, telles que le règlement général européen sur la protection des données (RGPD), s’appliquent déjà aux univers immersifs, où se déploient aussi des initiatives comme les Safe Zones. En ce qui concerne l’impact environnemental, le livre blanc relève que les technologies immersives peuvent être un levier de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais que la mesure de leur empreinte est délicate, malgré l’émergence de projets comme CEPIR, qui se penche sur l’évaluation des impacts environnementaux de la XR.
Enseignements et recommandations
Le livre blanc propose quelques lignes de conduite et de prévention pour anticiper les impacts d’un recours accru à l’immersion, tout en élaborant une vision volontariste entre l’utopie et la dystopie, une « » de l’immersion. Même si le progrès le plus significatif serait une gouvernance propre des univers immersifs, plusieurs domaines d’innovation sont cités : question des identités, protection des données personnelles, adaptation du droit civil et pénal et protection intellectuelle et droits d’auteur.
Les recommandations portent notamment sur la nécessité d’une standardisation des méthodes d’évaluation de l’impact écologique des technologies immersives et sur l’appel à des démarches multi-parties prenantes et supranationales pour appréhender des enjeux qui transcendent les frontières. Le livre blanc exemplifie cette dernière idée à travers la fédération « d’acteurs différents ayant à cœur de partager leurs retours d’expérience et d’enrichir la vision des impacts sociaux, sociétaux et environnementaux qu’implique le développement de l’immersif, souligne Paula Acuna-Pig, directrice Grands Projets et Business Partner ESG chez Orange. Nous commençons à poser ces questions mais n’avons pas toutes les réponses, la réflexion doit désormais cheminer au cœur de l’écosystème de l’immersion. » Les journées, nationale ou mondiale, de lutte contre le harcèlement et le cyberharcèlement en novembre sont l’occasion de mettre en lumière ces sujets.
« Service en ligne donnant accès à des simulations d’espaces 3D temps réel, partagées et persistantes, dans lesquelles on peut vivre ensemble des expériences immersives », selon la définition énoncée dans le rapport interministériel de la mission française sur le développement des métavers d’octobre 2022.
Concept théorisé par l’auteur et futurologue Kevin Kelly en 2010, désignant une société en progrès sur le temps long, grâce aux avancées technologiques (à mi-chemin entre dystopie et utopie).