• En France, Netri, primée au CES 2025, s’impose comme leader de cette révolution. La scale-up lyonnaise inaugure bientôt un nouveau site pour répondre à la demande croissante de cette technologie innovante.
• Son dirigeant Thibault Honegger détaille le fonctionnement de la technologie et explique comment elle peut faciliter les innovations dans la santé, la cosmétique et l’agroalimentaire.
La recherche biomédicale vit une petite révolution grâce aux organes sur puces, des dispositifs capables de simuler les fonctions biologiques humaines pour mieux comprendre et prévenir les échecs des médicaments. En France, la société lyonnaise Netri s’impose comme un acteur majeur et a été récompensée au CES 2025 pour ses innovations. Elle va inaugurer un nouveau site de production début février 2025 en présence de Bruno Bonnell (France 2030) pour répondre aux besoins d’un marché en quête d’innovations, et d’économies. « Un médicament met en moyenne dix ans et coûte en moyenne un milliard d’euros avant d’atteindre le marché. L’une des étapes clés de ce processus est la phase préclinique, qui détermine la toxicité et l’efficacité d’un produit », explique Thibault Honegger, l’un des cofondateurs et CEO de la scale-up. Les organes sur puce peuvent accélérer cette phase.
En digitalisant la biologie, nous ouvrons la voie à des essais beaucoup plus pertinents et proches de la réalité
Les organes sur puce permettent de reproduire des fonctions biologiques humaines à partir de cellules souches, directement dans des dispositifs microfluidiques (qui font circuler liquides dans des canaux de taille micrométrique) et qui sont également composés de circuits microélectroniques. Ces puces prennent la forme d’un petit boîtier. Elles reproduisent des organes tels que le cerveau, le foie ou les poumons et enregistrent les effets des composés chimiques grâce à des neurones qui servent de capteurs naturels. « Cette technologie permet d’éviter les tests sur animaux et fournit des données plus précises et proches de la biologie humaine. »
Des capteurs neuronaux en kit
En 2018, après six ans de recherche au CNRS à Grenoble, l’entrepreneur s’associe avec Florian Larramendy, un autre chercheur en microélectronique embarquée pour créer Netri. « Nous voulions sortir du cadre purement académique et apporter une contribution concrète à l’industrie de la santé », explique-t-il. « Toute la biologie humaine est innervée, et nous exploitons ce système nerveux naturel pour capturer des informations précises sur la toxicité ou l’efficacité d’un traitement », précise Thibault Honegger. Cette approche permet de décoder des « signatures numériques », c’est-à-dire des modèles précis d’activité électrique neuronale associés à un état physiologique. Ces signatures sont ensuite analysées par des algorithmes d’apprentissage automatique pour prédire l’impact des nouveaux composés.
« En digitalisant la biologie, nous ouvrons la voie à des essais beaucoup plus pertinents et proches de la réalité », affirme l’entrepreneur. C’est de cette manière que ces signatures numériques aident à automatiser les analyses en générant des données directement interprétables par des outils informatiques. En conséquence, les phases de tests précliniques sont considérablement accélérées, réduisant à la fois les délais et les coûts du développement de nouveaux traitements. « Il devient donc possible d’enregistrer la manière dont la moelle épinière communique avec les organes au sein des réseaux neuronaux biologiques, et de comparer les signatures digitales biologiques avec les signatures des composées que nos clients souhaitent mettre sur le marché. »
Des marchés variés et prometteurs
Netri offre ses solutions à deux autres secteurs, la dermatologie/cosmétique et l’agroalimentaire. Grâce à des analyses automatisées, les industriels peuvent réduire leur dépendance aux tests sur animaux tout en obtenant des résultats plus fiables et directement applicables. « Nous avons, entre autres, mis au point des modèles de peau innervée pour étudier des phénomènes comme les irritations, le grattage ou les inflammations liées à des pathologies telles que le psoriasis ou la dermatite atopique. » Les grands groupes de l’industrie agroalimentaire sont quant à eux intéressés par les solutions de la société, qui permettent de contrôler la toxicité des adjuvants et des substituts alimentaires, comme les alternatives à l’huile de palme, ou encore des pesticides et herbicides utilisés.
Légende de l’image: Boîtier intégrant les organes sur puce qui permettent de tester la réaction de certaines molécules sur le système nerveux.
En savoir plus :
NETRI Wins Prestigious Innovation Award From Consumer Electronic Show (CES) 2025 In The Food AgTech Category. (en anglais)