• La mesure du coût environnemental d’une IA est un exercice complexe, notamment du fait du manque de transparence des principaux fournisseurs de modèles.
• Orange développe l’outil « AI Carbon Value Navigator » pour orienter le processus décisionnel lié à l’introduction d’une IA.
La démocratisation de l’IA générative, mise entre les mains des entreprises et du grand public, à grande échelle depuis fin 2022 avec le lancement de ChatGPT, Gemini, Claude Sonnet, etc., a (re)mis en lumière le sujet de l’impact environnemental des IA. Les intelligences artificielles présentent un potentiel de réduction de l’empreinte carbone de nombreuses activités, tout en engendrant un coût énergétique et écologique.
Mettre en place un outil de pilotage dédié au carbone, pour orienter et simplifier la prise de décision s’agissant de l’introduction d’une IA dans nos produits et services
Les clés de la mesure
L’évaluation de ce coût est un enjeu d’entreprise. Nathalie Charbonniaud, experte et responsable de recherche IA responsable chez Orange : « Traditionnellement, les usages d’IA classique sont parmi les plus courants au sein des entreprises. Leur impact est raisonnable et relativement simple à calculer. Celui des IA génératives, en revanche, se révèle bien plus complexe à déterminer, et à maîtriser a fortiori, du fait du manque de transparence des grands fournisseurs de modèles. En l’absence de données précises, nous sommes donc limités à la réalisation d’estimations ou de projections, par rétro-ingénierie, sur les parties entraînement et inférence. » Orange mène en propre des activités de recherche et d’expertise sur les méthodologies de calcul et, de plus, s’associe à des initiatives multi-parties prenantes pour faire bouger les lignes. Le Groupe a par exemple contribué au développement du Référentiel pour l’IA frugale de l’AFNOR, et travaille avec Boavizta sur l’outil EcoLogits, qui fournit des mesures de l’impact d’une IA, par types de modèles et d’usages. L’engagement s’étend aussi au domaine de la standardisation, et se poursuit plus généralement au sein de plateformes visant à pousser à davantage de transparence. « Par ailleurs, nous travaillons en interne à la gouvernance de l’IA frugale, en mettant en place un outil de pilotage dédié, pour aiguiller la prise de décision s’agissant de l’introduction d’une IA dans nos produits et services. »
Évaluer le « delta » carbone/finance des IA
Baptisé AI Carbon Value Navigator, cet outil a été conçu pour accompagner les décideurs et acteurs opérationnels, pour déterminer si un projet intégrant de l’IA est opportun au vu des objectifs financiers et de réduction des émissions carbone de chaque BU ou division de l’entreprise. « L’objectif consiste à mettre en regard le potentiel économique de création de valeur (génération de revenus, économie de coûts) lié à la mise en œuvre du système d’IA, avec son impact sur l’empreinte carbone globale de la solution auquel il doit se greffer, explique Gilles Deflandre, data analyst au sein du Data Studio d’Orange. Autrement dit, il permet de répondre à la question suivante : L’évolution d’un service avec l’IA contribue-t-elle à créer une valeur financière compatible avec les ambitions de réduction des émissions carbone ? Pour cela, nous utilisons un référentiel d’intensités carbone, élaboré par les équipes de performance durable, à partir de plusieurs sources d’entrée internes et externes. Ceux-ci valorisent et mettent en relation les gains financiers et CO2 générés. Par exemple, une IA peut permettre d’économiser du temps d’utilisation de machines, et donc des ressources, mais occasionner en parallèle des activités de maintenance ou de développement supplémentaires. L’outil quantifie et met en balance ces aspects, et les restitue sur une boussole à deux axes, l’un correspondant au gain financier et l’autre au carbone généré ou évité. Il renseigne ainsi les équipes, pour savoir si un projet d’introduction d’une IA va dans la bonne direction. »
Une boussole complémentaire aux méthodologies de mesure
Cette approche originale dans le secteur des télécoms ne se substitue pas aux efforts menés par le Groupe en matière de méthodes de mesure stricto sensu. Au contraire, les deux démarches fonctionnent de pair. Le AI Carbon Value Navigator permet une première appréhension de la problématique carbone d’un projet. Dans les cas les plus épineux, elle sera complétée par une évaluation de l’empreinte carbone réalisée sur les bases physiques de fonctionnement du service.
Actuellement en phase d’expérimentation, l’outil a vocation à être généralisé à l’échelle du Groupe sous une forme automatisée, afin de rendre son usage rapide, simple et accessible. Il devrait également être élargi au-delà du carbone pour traiter embarquer d’autre dimensions durables. En parallèle, le Groupe poursuit un projet d’outil de pilotage carbone similaire, le Carbon Estimator, cette fois à destination des clients entreprises.
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