“Nos clients se constituent une base de données patrimoniales bien structurées, fiables et accessibles. Ils savent quel est l’état de vieillissement de leurs bâtiments et comment ils vieilliront à terme.”
Pour Pauline Koch, architecte de métier et dirigeante de Sitowie, l’une des six start-ups sélectionnées à l’occasion de la troisième saison du programme “ Women Start” organisé par Orange, il devenait difficile de concevoir des bâtiments, de les construire et même de les gérer sans savoir comment ils allaient vieillir. “En France, nous ne disposons pas d’informations nous permettant de savoir comment les bâtiments vieillissent, affirme-t-elle. De plus, la tendance est à la construction de bâtiments neufs qui sont de moins en moins durables alors que nous sommes dans un contexte mondial où les ressources se raréfient”, poursuit-t-elle.
Face à ces constats, Pauline Koch décide de suivre un master à l’école nationale des Ponts et Chaussées pour accroître ses compétences dans les nouvelles technologies et notamment travailler sur la durabilité des bâtiments. A cette occasion, elle a présenté un premier projet de recherche dont l’objectif était de simuler en 3D le vieillissement des façades en béton armé. Cette approche scientifique lui a permis, par la suite, grâce à une maquette 3D, de constater les effets du vent sur une façade ou encore les conséquences de l’irradiation du soleil sur les joints.
De la 2D à la 3D
Dans un secteur où le travail se fait encore bien souvent à partir de plans de coupe en 2D, la maquette baptisée “BIM” (“Building Information Model”) a permis d’introduire la 3D dans le monde de l’architecture. Nombreux sont les clients, essentiellement des gestionnaires de patrimoine, qui souhaitent simuler le vieillissement de leurs biens immobiliers. “La 3D permet de structurer une base de données patrimoniales, de simuler le vieillissement et ainsi d’optimiser les budgets de maintenance et d’investissements de leur parc immobilier. Grâce à cette nouvelle technologie, on passe d’une posture curative à une approche prédictive”, souligne cette entrepreneuse. “Les clients n’attendent plus qu’il y ait un problème pour y remédier. Les interventions se font bien en amont avec des résultats conséquents sur les budgets. Les économies réalisées peuvent aller jusqu’à 40%”, estime-telle.
Plateforme SaaS, IA, machine learning et expertise métier
Sitowie propose une plateforme SaaS (“Software as a Service”), appelée “Prédibat », accessible depuis un navigateur Internet. Elle combine une approche IA (Intelligence Artificielle) avec des expertises métiers et d’autres briques technologiques (science des matériaux, génie civil, analyse en cycle de vie…). Il n’y a pas de boite noire. Les phénomènes de dégradation sont expliqués.
Pour arriver à ce résultat, plusieurs types de données sont collectées : l’historique de la maintenance faite par les clients à travers leur comptabilité, qui donne accès aux détails des opérations réalisées, et d’autre part, les données en open source comme l’adresse, l’année de construction, les types de matériaux et la hauteur du bâtiment.
“Nos clients se constituent ainsi une base de données patrimoniales bien structurées, fiables et accessibles. Ils savent quel est l’état de vieillissement de leurs bâtiments, élément par élément, et comment ils vieilliront à terme”, indique Pauline Koch.
En outre, cette plateforme intègre certains paramètres comme, par exemple, l’empreinte carbone que représentent les travaux, pour ensuite adopter la meilleure stratégie de maintenance et d’investissements.
Ces innovations deviennent incontournables au regard d’une réglementation de plus en plus contraignante concernant les performances environnementales des bâtiments.
Aide à la décision
Enfin, Sitowie accompagne ses clients et leur offre des prestations allant jusqu’à la fourniture et l’optimisation des plans de travaux. “Notre approche ‘probabiliste’ indique à partir de quand un problème apparaîtra sur un immeuble”, explique Pauline Koch. Des informations indispensables quand on détient un parc immobilier de plusieurs milliers de mètres carrés nécessitant de justifier des dépenses (souvent en millions d’euros) et de convaincre les financiers d’allouer des budgets sur certains bâtiments ou parties du bâtiment plutôt que sur d’autres.